Doru Braia, citoyen roumain, expulsé de force et non sans violence par la sécurité roumaine en avril dernier, devait participer à la première conférence sur les Droits de l'Homme, organisée par la Fondation Einrich Boll a Timisoara, du 25 au 28 octobre. Arrivé avec une cinquantaine d'autres invités au poste frontière de Nadlac (frontière Hongro-roumaine) il se vit refuser l'entrée en territoire roumain, alors qu'il était muni d'un titre de transport régulier de l'ONU (passeport Nansen). Précisons également que l'expulsion dont il avait fait l'objet n'avait été justifiée légalement.
Dès la signification de l'interdiction de pénétrer en territoire roumain, Doru Braia communiqua aux autorités son intention de rester dans la douane jusqu'au moment ou les autorités roumaines lui communiqueraient des documents légaux justifiant les mesures prises à son encontre. Il décida en outre d'entamer une grève de la faim.
A Timisoara la nouvelle arriva vers deux heures du matin. Imméditament deux membres de la Société Timisoara, une des organisations à l'origine de la Conférence Internationale sur les Droits de l'Homme, Vladimir Petrescu et Florian Mihacea (également membres du Parti radical) décidèrent de soutenir son action en entamant eux-aussi la grève de la faim et en le rejoignant au Poste frontière. Le lendemain matin, à l'oerture des travaux, le Président de la Societé Timisoara, Gheorghe Serban, bientot rejoints par deux membres du Parti radical (Eduardo Rozsa et Olivier Dupuis) et par trois autres membres de la Société Timisoara annoncérent qu'ils entamaient eux-aussi une grève de la faim.
A la cloture de ses travaux la Conference Internationale sur les Droits de l'Homme confia à une delegation composée de participants la mission de se rendre a Bucarest afin d'y rencontrer le Ministre de l'Interieur.
Entre temps, les radicaux, de retour a Budapest, rencontraient Doru Braia a Mako en Hongrie et lui communiquaient les initiatives prises, dont une lettre ouverte au Président du Parlement européen.
Mardi dans la soirée nous apprenions l'issue positive donnée à cette affaire.
La lettre ouverte au Président du Parlement européen:
LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT DU PARLEMENT EUROPEEN
A Monsieur Enrique Baron,
Président du Parlement européen
Timisoara, le 27 octobre 1990
Monsieur Le Président,
Citoyens d'Europe, de pays membres de la Communauté européenne et de pays qui souhaitent en devenir membres le plus rapidement possible, nous sentons de notre devoir de vous communiquer un fait grave et de solliciter une intervention ferme du Parlement européen.
Jeudi 25 octobre, un citoyen roumain, résident en Allemagne fédérale, Doru Braia, invité à la Première Conférence Internationale sur les Droits de l'Homme en Roumanie a été empêché d'entrer dans son pays. Par ce geste les autorités roumaines démontraient leur intention de confirmer l'attitude qu'il avait été la leur quelques mois auparavant, lorsqu'elles avaient violemment fait expulser Monsieur Braia suite à ses prises de positions critiques à leur égard.
Il va sans dire qu'une telle attitude des autorités roumaines était et est en flagrande contradiction avec les engagements européens et internationaux auxquels la Roumanie a souscrit.
Dès la signification de l'interdiction d'entrer en territoire roumain Monsieur Braia fit part de ses pleins droits d'entrer en Roumanie et de participer aux travaux de la conférence sur les Droits de l'Homme à Timisoara, les autorités roumaines ne lui ayant jamais, en aucune façon, signifié les mesures administratives ou condamnations eventuellement prises à son encontre.
Il decida en outre d'entamer une grève de la faim à laquelle, nous citoyens européens et participants à la Conférence, nous nous sommes immédiatement associés dans l'espoir que ce geste de dialogue puisse amener les autorités roumaines à reconsidérer toute leur attitude.
Nous avons donc rejoint Monsieur Braia à la frontière de Nadide et sommes restés avec lui jusqu'au samedi à I heure de matin, heure à laquelle il a été expulsé de force vers le territoire hongrois, non sans avoir parlé à plusieurs reprises avec le conseiller du Ministre de l'intérieur, Monsieur D. Ursu.
Il est inutile, croyons-nous, de nous étendre sur le caractère absolumment contraire aux droits de l'Homme de cet épisode.
Une condamnation ferme du Parlement européen de cet acte nous semble d'autant plus nécessaire que l'Institution que vous présidez vient de décider de faire un nouveau crédit de confiance aux autorités de Roumanie.
Surs que vous comprendrez l'importance de ce triste épisode, c'est avec espoir que nous nous adressons à vous, et à travers vous au Parlement européen tout entier, pour qu'il fasse tout ce qui est en son pouvoir pour ramener les autorités roumaines à la raison, à la légalité et aux engagements internationaux auxquels la Roumanie a souscrit.
Veuillez recevoir, Monsieur le Président, l'expression de toute notre considération,
GEORGE SERBAN
(Président de la Société TIMISOARA)
SUCHICI CODRICEL
(Membre de la Société TIMISOARA)
FLORIAN MIHALCEA
(Membre de la Société TIMISOARA)
VLADIMIR PETRESCU
(Membre de la Société TIMISOARA)
OLIVIER DUPUIS
(Membre du Conseil Fédéral du Parti Radical)
LUCIA ROBITU
(Membre de la Société TIMISOARA)
JORGE EDUARDO ROZSA
(Membre du Parti Radical)
LADISLAV GAGY
(Membre de la Société TIMISOARA)
Et pour information à Madame Adelaide Aglietta , Présidente de la Commission PARLEMENT EUROPEEN - ROUMANIE