Selon M. Yvan BLOT (DR, F) il n'existe pas d'Etat dans le monde dans lequel coexistent deux régimes économiques et politiques différents: les deux Allemagne, les deux Corée, les deux Vietnam? Il faut donc admettre que l'indépendance de la Slovénie et de la Croatie était inévitable à partir du moment où sur place tous les partis politiques en présence étaient favorables à l'indépendance. Comment, d'autre part, Slovénie et Croatie peuvent-elles développer une économie de marché en étant coincées dans le carcan communiste et dans le système monétaire du Dinar yougoslave? Avec des pourcentages de l'ordre de 90% des voix le désir d'indépendance des Slovènes et des Croates est clair. Dans ces conditions, l'orateur propose d'expliquer au gouvernement yougoslave que l'aide économique de la Communauté ne peut continuer dans un tel contexte et qu'il est impossible de soutenir un gouvernement communiste qui se maintient par la force.
Pour M. Antoni GUTIERREZ DIAZ (GUE, E), la crise yougoslave est un problème grave et complexe. Dans ce contexte difficile, il pense que la Commission et le Conseil ont bien agi et il repousse au nom de son groupe la motion de censure.
M. Marco PANNELLA (NI, I) annonce d'entrée qu'il sera démagogue et qu'il votera cette motion de censure, "en fonction précisément de la considération qu'il a pour la Commission", M. DELORS et pour tous les hauts foonctionnaires de la Commission qui ont tant soigné les relations avec les Yougoslaves au cours des dix dernières années. Il condamne également l'attitude occidentale, "hypocrite et mensongère" du non alignement qui a une lourde responsabilité dans la crise actuelle. Il faut avoir le courage de dire que la Serbie est un Etat autoritaire pour ne pas dire totalitaire et que nous n'avons jamais dit franchement ce qu'il convenait de dire lors des problèmes du Kosovo.
Le Président de la Commission, M. Jacques DELORS a rappelé qu'il y a eu ce matin un long débat au cours duquel une majorité d'orateurs ont approuvé et compris l'attitude prise par la Communauté. Selon lui, cette motion de censure est une curiosité qui fera date dans l'histoire du Parlement. Il s'agit en quelque sorte d'essayer de faire "un bleu à une boule rouge au moyen d'une boule blanche" en censurant le Conseil européen par le biais d'une censure de la Commission. Pour revenir au fond du débat, il faut avoir l'honnêteté de reconnaître que la Communauté n'est en rien responsable des événements qui ont conduit, soit à des effusions de sang, soit à des morts. En étudiant la chronologie des événements, on peut même dire que la Communauté a empêché la guerre civile. Faut-il rappeler que les quatre principes auxquels se référent la Communauté: autodétermination, intégrité territoriale, respect des droits de l'homme et des minorités, processus de démocratisation, résultent directement de la CSCE et du récent T
raité de Paris. Le Président DELORS estime que le choix était "entre le droit, la force ou l'opportunisme", et choisir le droit n'excluait pas nécessairement certains risques. En conclusion, il rappelle que même si cela était difficile, la Communauté n'a pas à rougir de ce qu'elle a fait. Elle a lancé un appel à la paix et à la compréhension.
Vote jeudi 18 h 30