M. Giorgio NAPOLITANO (GUE, I) a confirmé qu'il est inadmissible d'avoir recours à la force contre la Slovénie et la Croatie. Avant tout, l'armée yougoslave doit respecter l'autorité civile. La Yougoslavie actuelle ne doit être ni conservée à tout prix, ni nécessairement désagrégée. Afin d'établir les bases d'un nouveau pacte pour une Yougoslavie fédérale, peutêtre faudrait-il une réelle ouverture de la part de tout le monde. Et de souhaiter un appel direct de la Communauté européenne à l'opinion publique yougoslave pour que soit trouvée la voie d'une nouvelle coopération pacifique.
Le président du groupe RDE, M. Christian de la MALENE (F) a précisé qu'il tenait au respect des frontières, à tout le moins, qu'il n'en souhaitait pas la multiplication mais qu'il conviendrait également de rester fidèle au principe d'autodétermination que nous soutenions hier en faveur de l'Allemagne de l'Est ou des pays baltes. Il semble, dans ces conditions, difficile de la refuser aux peuples yougoslaves puisqu'il s'agit d'une revendication politique soutenue par une très large majorité de la population comme l'ont montrée les récents référendums. Nous approuvons les actions et les mesures économiques prises par le Conseil, tout en regrettant que la position de la troïka ait évolué au fil des jours au point d'apparaître parfois flottante. Et de conclure: "évitons le réflexe de la sainte alliance, l'Europe de demain nee doit pas être celle d'hier".
M. Yvan BLOT (DR, F) est intervenu pour rappeler que dès le résultat des élections législatives l'année dernière en Yougoslavie, la cassure était acquise entre les régions qui avaient exprimé leurs souhaits de conserver le système communiste et les régions qui désiraient une ouverture vers la démocratie et l'économie de marché. Il faut bien reconnaître depuis lors que la véritable volonté d'indépendance des deux peuples slovène et croate a été ignorée.
Les accords de Brioni restent somme toute équivoques; l'embargo sur les armes est arrivé bien tard et comment mettre en place une économie libérale avec le système monétaire d'un régime communiste?
M. Antonio MAZZONE (NI, I) a rappelé que "l'arrogance" serbe a pu renaître en raison de la position européenne sur le Kosovo et que c'est l'aveuglement des politiciens européens qui a autorisé en quelque sorte l'armée yougoslave à intervenir en Slovénie. Et de confirmer que les députés du PSDN demandent l'indépendance de la Slovénie et de la Croatie.
M. Otto HABSBURG (PPE, A) a résumé d'une phrase le bilan de la situation: "la Yougoslavie n'existe plus sous sa forme actuelle, cette forme d'état est révolue". Si nous sommes arrivés à cette situation c'est que la Communauté a fait preuve de faiblesse et n'a pas su trouver les termes qu'il fallait au moment opportun. Il faut constater encore une fois la disparité qui existe entre notre puissance effective (nous sommes la ppremière puissance économique du monde) et les moyens que nous avons pour l'appliquer. Si nous voulons étendre la démocratie au droit international, si nous voulons parler clairement (pas de langue de bois), il faut proclamer l'autodétermination des peuples, dire très haut que toute intervention militaire doit être bannie. Puisque les peuples de Slovénie et de Croatie se sont prononcés, il faut penser à entamer des négociations pour leur indépendance.
M. Claude CHEYSSON (Soc., F) constate qu'une fois brisés les carcans qui les maintenaient ensemble, les peuples de Yougoslavie ont retrouvé le cours de l'Histoire. Si nous ne devons pas nous substituer aux volontés des peuples, nous nous devons d'exiger une évolution pacifique; dans une période de détente, la guerre doit être interdite. Et de constater qu'il y a dans le monde entier une grande satisfaction à voir la Communauté agir dans ce sens. Il faudrait aussi se poser la question de savoir si nous avons bien par le passé donné à la Yougoslavie toute ses chances de succès économique, et à cet égard, je suis très inquiet lorsque j'entends parler de sanctions ééconomiques. Faut-il rappeler que c'est par le développement que nous pourrons donner aux peuples de Yougoslavie et d'autres parties du monde les moyens de vivre ensemble dans un ordre international pacifié où pourront alors s'exprimer dans un cadre plus serein les différences.
Le Président en exercice du Conseil, M. Hans van den BROEK, a raappelé que la Communauté suivait de très près le développement de la situation dans la Yougoslavie. Il a lancé un appel pour que celle-ci résolve ses problèmes pacifiquement. Une solution durable et pacifique ne sera trouvée que par le truchement de négociations et d'accords.