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Spinelli Altiero - 12 aprile 1978
Résultats du conseil européen de Copenhague des 7-8 avril 1978

RESULTATS DU CONSEIL EUROPEEN DE COPENHAGUE DES 7-8 AVRIL 1978

par Altiero Spinelli

SOMMAIRE: Le Parlement européen examine les résultats du Conseil européen de Copenhague qui s'est réuni quelques semaines après l'enlèvement d'Aldo Moro (16 mars 1978) et l'assassinat de son escorte.

Au cours des semaines précédentes (16 mars et 4 avril 1978), Spinelli avait prononcé devant la Chambre des députés deux discours au nom du groupe de la gauche indépendance sur l'enlèvement de M. Moro. In "Discours au Parlement européen 1976-1986", éditeur Pier Virgilio Dastoli. (PE, 12 avril 1978)

Monsieur le Président, étant le premier Italien à prendre le parole dam ce débat, j'estime qu'il est de mon devoir de faire une déclaration que ferait, j'en suis sûr, tout autre membre italien de l'Assemblée, de quelque parti qu'il soit, et à peu près dans les mêmes termes que moi. Nous apprécions dans toute sa valeur la solidarité exprimée tant à Copenhague que dans le présent Parlement au peuple italien dans cette situation difficile, et nous voulons assurer que toutes les forces politiques et toutes les forces syndicales italiennes - qu'elles appartiennent à la majorité gouvernementale ou à l'opposition - c'est-à-dire toutes les forces démocratiques, sont regroupées autour du gouvernement et comprennent la nécessité de ne pas céder à des chantages et de défendre la démocratie italienne sans hystérie, sans avoir recours à des lois d'exception, mais en appliquant fermement les lois démocratiques du pays.

Je serai bref, pour permettre aussi à M. Bordu de disposer de la moitié du temps qui nous est réservé; je commenterai, au nom de la partie italienne du groupe des communistes et apparentés, les deux rapports du président du Conseil et du président de la Commission...

Le Conseil européen de Copenhague a montré la nécessité d'une riposte européenne dans les moments graves, lorsque s'accumulent des drames de politique intérieure et des problèmes d'ordre public, des questions économiques et des problèmes politiques internationaux. En définitive, le Conseil de Copenhague a souligné la nécessité de cette riposte européenne.

Qui pourrait ne pas être d'accord avec tout la liste des choses importantes à faire, tant en matière économique que dans les autres domaines? Il est indispensable d'entreprendre des actions communes contre le terrorisme, contre la pollution, contre le chômage. Qui pourrait ne pas être d'accord? On pourrait peut-être entrer dans le détail et examiner l'opportunité de modifier quelques formulations, mais cela ressemblerait précisément à ce que les Allemands appellent une Wunschliste, la »liste de desiderata , cela ne signifierait pas un engagement à mener une action politique. En vue d'une action politique, il faut passer des paroles aux actes, et, pour l'instant, à Copenhague, on en est resté au stade des paroles.

A mon avis, les discussions qui ont eu lieu à Copenhague devraient inciter toutes les institutions de la Communauté, et en particulier le conseil des ministres et les chefs d'Etat et de gouvernement, à comprendre que, si l'on prétend affronter les problèmes actuels en multipliant le nombre des réunions des ministres et de leurs experts - chacun restant sur ses positions nationales au lieu de renforcer les structures communes, les structures supranationales, nous continuerons à discuter des problèmes de l'unité européenne, sans pour autant parvenir à les résoudre. Trop d'autres »sommets on fait de grandes promesses: qui ne se rappelle les engagement pris par le sommet de Paris à la fin de 1972, avec un programme quadriennal complexe? Qu'en est-il advenu? Rien, ou presque rien. Quelques petites actions ont été menées, il est vrai, mais si l'on pense que tous ces problèmes doivent être abordés avec une continuité d'action politique, législative, exécutive, nous devons reconnaître que ce n'est pas en multiplian

t les réunions de ministres - tantôt de l'Intérieur, tantôt de la Justice, tantôt de l'Economie - que les actes font suite aux paroles. Or, il est important que les actes suivent.

C'est pourquoi il faut dire que la décisions la plus importante pris à Copenhague a peut-être été de fixer enfin à l'an prochain la date des élections. Il y a déjà eu une année de retard et il n'y a donc pas lieu de sonner du clairon: nous sommes sûr que dès aujourd'hui, partout, dans chacun de nos pays, de forces retardatrices, des forces de diversion sont en mouvement et que des tentatives ont lieu pour différer encore les élections. Il faudra être vigilant et il faudra faire en sorte que, cette fois, l'occasion n'en soit pas manquée parce que, si nous parvenons à avoir un Parlement européen élu au suffrage direct, nous renforcerons notre institution, qui prouve actuellement qu'elle est la plus consciente des nécessités de construire une Europe authentique, dotée de structures européennes. Et le débat d'hier soir a montré que le Parlement est conscient que pour commencer à donner une suite à tous les engagements pris à Copenhague, il est indispensable que la Commission assume beaucoup plus de pouvoirs que

ceux dont elle prétend elle-même disposer. Je crois que, si nous tenons cet engagement, nous aurons contribué à créer une situation plus favorable au développement de la Communauté. Autrement, nous risquerons d'avoir, une nouvelle fois, écouté une série de belles déclarations, sans que ces paroles soient suivies d'actes, mai seulement d'autres Conseil stériles, dont chacun se terminera par une nouvelle manifestation de paralysie.

 
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