PROCEDURE BUDGETAIRE POUR 1980: LE VOTE DU PARLEMENT EUROPEEN
par Altiero Spinelli
SOMMAIRE: Le Parlement européen est pratiquement contraint de prendre acte des décisions du Conseil sur le budget 1980, même si une partie de l'Assemblée semble céder à une présumée disponibilité du Conseil.
Après avoir prononcé ce discours et mis le point final à cet épisode, financier Spinelli rencontre - dans une salle du restaurant "Au Crocodile" de Strasbourg - huit collègues qui, avec quelques autres, ont répondu à son appel du 21 mai 1980, et décide de fonder avec eux un Club auquel sera donné le nom du restaurant où se déroule la réunion.
Les péripéties politiques de l'initiative du Crocodile sont analysées par Spinelli et Ippolito - à partir d'octobre et jusqu'en juin 1983 - dans une "lettre aux membres du Parlement européen", intitulée également "Crocodile", publiée en français, anglais, allemand et italien et classée dans les archives politiques de Spinelli.
L'histoire du Club du Crocodile et de la commission institutionnelle est décrite dans l'ouvrage intitulé: "Verso una Costituzione democratica per l'Europa: guida al Trattato d'Unione europea" par Pier Virgilio Dastoli et Andrea Pierrucci (Marietti, 1984). In "Discours au Parlement européen 1976-1986", éditeur Pier Virgilio Dastoli. (PE, le 9 juillet 1980)
Monsieur le Président, le budget que le Conseil nous présent aujourd'hui en seconde lecture est une édition légèrement plus mauvaise que celle qu'il nous avait présentée il y a un mois. Il y a un mois, nous, membres italiens du groupe des communistes et apparentés, nous sommes très clairement prononcés contre ce budget en nous expliquant; il est donc inutile que je rappelle ces raisons dans le détail.
Je me contenterai de dire que le budget actuel, tel que le Conseil nous le présente, ne correspond ni aux intérêts de la Communauté, ni à la dignité de ce Parlement qui, par sa motion de décembre dernier, avait demandé que des modifications profondes soient apportées à la structure du budget et à la structure des politiques communautaires. Pour toute réponse du Conseil, nous avons dû nous contenter d'un »non , et de quelques miettes tombées de la table. Je dois dire que je suis très peiné d'entendre mes collègues, M. Lange et Mme Scrivener, remercier, presque sans pudeur, pour ces quelques miettes, alors qu'ils ont combattu à nos côtés pour obtenir un autre budget. Au moins M. Scott-Hopkins a-t-il eu le courage de dire que, même s'il vote contre le budget, il le fera »with uneasiness . Et vous dites que vous êtes satisfaits! Comment est-ce possible? Et demain, le commissaire Tugendhat, en vous présentant le budget pour 1981, vous dira comment vous mettre au diapason du Conseil; ce budget sera encore pire par
ce que rien n'aura été changé.
Dès lors, nous ne voulons pas déprécier l'arme du rejet, qui est un peu difficile à manier ainsi à la légère; en conséquence, comme nos collègues socialistes, nous ne participerons pas au vote. Mais que l'on ne s'y trompe pas, nous n'approuvons pas ce budget!