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Partito Radicale Centro Radicale - 11 dicembre 1997
Pr/Cora/Journées antiprohibitionnistes: intervention de Joao de Menezes

JOURNEES ANTIPROHIBITIONNISTES DE BRUXELLES: INTERVENTION DE JOAO DE MENEZES FERREIRA (*)

La situation portugaise

J'aimerais souligner certains aspects de la situation portugaise. Premièrement, comme dans tous les pays du Sud de l'Europe, les chiffres relatifs à la consommation de drogues dures sont assez terrifiants. Même si dans un cadre prohibitionniste les statistiques ne sont pas véritablement fiables, les programmes de réduction des risques (tels les échanges de seringues) et des indices (tel le pourcentage de personnes emprisonnées pour faits de drogue, c'est-à-dire pour consommation, petit trafic, et très peu, comme toujours, pour grand trafic) nous permettent de conclure que la situation réelle du point de vue de la santé publique est assez mauvaise. A partir de ces indices, on évalue à environ 100.000 le nombre de toxicomanes de drogues dures au Portugal. Or 100.000, pour une population de 10.000.000, c'est vraiment désastreux et les gouvernements qui se sont succédé ne nient même plus la lourdeur du bilan.

Ce qui nous laisse donc croire que la situation va changer, c'est qu'elle devient insoutenable d'un point de vue réel de santé publique.

Pour ce qui est de la situation politique, bien que l'on soit passé d'un gouvernement de centre droit, c'est-à-dire social-démocrate, à un gouvernement de centre-gauche, c'est-à-dire socialiste, le ton demeure cependant plus ou moins le même. A savoir: prévention primaire, traitement avec plus de moyens et répression tous azimuts. La seule différence, c'est qu'actuellement, le gouvernement privilégie la discussion. Les questions antiprohibitionnistes sont donc amenées à être traitées par le gouvernement même si notre premier Ministre, de par son appartenance au groupe catholique, éprouve quelques difficultés à se plonger dans une discussion antiprohibitionniste plus approfondie.

Cela dit, chaque fois que nous soulevons le problème des changements de lois, la discussion a lieu et la possibilité d'en venir au Référendum n'est plus exclue. Reste cependant un manque de courage pour changer rapidement la législation pour des raisons connues de tous, à savoir, notamment, l'existence des Conventions internationales, vieille thèse selon laquelle rien ne peut être fait à l'échelle d'un seul pays.

Bref, une situation réelle assez catastrophique, pas de changements politiques très évidents mais beucoup de signaux nous font croire que les choses bougent. Il y d'ailleurs eu, au début de cette année, le jour D (D pour drogue) convoqué par le gouvernement à l'occasion duquel tous les leaders politiques ont misé sur la lutte contre la drogue. Plusieurs ministres ont alors déclaré à la télévision qu'il fallait changer de politique voire essayer de nouvelles lois et ce en dépit des positions du premier Ministre et du gouvernement qui ne représentent pas vraiment un cabinet antiprohibitionniste.

Pour le moment, trois projets de lois antiprohibitionnistes ont été déposés au Parlement. L'un deux provient des Jeunesses socialistes et demande la dépénalisation de la consommation de drogues en privé. Un deuxième émane des Jeunesses social-démocrates et porte sur la distribution sous contrôle médical de l'héroïne. Ceux-ci proposent une expérience de réduction des risques qui soit systématique. Quant au troisième, il revient à Eurico de Figueireido. Il se base sur son expérience et sur des considérations culturelles, philosophiques ainsi que sur l'échec des politiques prohibitionnistes. Ce dernier projet est plus général et voudrait aboutir à un référendum.

Je tiens par ailleurs à signaler que la SOMA, l'association antiprohibitionniste portugaise, appuie ces 3 projets. Nous pensons qu'il faut entretenir le débat et ce même si certains de ces 3 projets nous paraissent plus appropriés que d'autres à la situation portugaise.

Comme Hedy d'Ancona, nous ne connaissons pas la décision finale, personne ne sait si cette résolution du Parlement européen aboutira maintenant, dans deux, trois ou cinq ans. Cependant, je pense qu'il est important de discuter pour faire avancer les choses.

Je mentionnerais un dernier signal important au Portugal. De plus en plus, un certain nombre de personnes importantes au Portugal se disent très clairement et publiquement antiprohibitionnistes et font avancer les choses. Tout d'abord, le Président de la République, socialiste, un de mes amis d'ailleurs, et qui a organisé cette année, à un niveau politique, une conférence avec des personnes de différentes tendances afin de faire le point sur la question des drogues. Le mois dernier, lors du dernier sommet des pays ibéro-américains, il a proposé et réussi à obtenir pour l'année 1998, un sommet exclusivement réservé aux questions de la drogue et des changements possibles en matière de drogue. Ce dernier se dit clairement antiprohibitionniste et veut que la discussion ait lieu.

Quant au Président de l'Assemblée nationale, il partage les mêmes vues. C'est un cas assez extraordinaire puisque c'est un homme qui a connu un drame familial lié à la drogue (en l'occurrence l'héroïne) et qui, plutôt que de se renfermer et de devenir réfractaire, a entamé une campagne assez radicale il faut le dire, et d'autant plus sigulière pour son âge avancé, en faveur du changement des politiques en matière de drogues.

Des déclarations en ce sens ont également été faites par le Duc de Bragance. Nous faisons partie d'une République mais ce dernier représente le candidat potentiel au trône. Cependant bien que relativement traditonnaliste et conservateur, il prône depuis des années un changement assez fondamental des politiques en matière de drogue.

Pour ce qui est de l'Ombudsman, membre du parti de l'opposition, il a récemment déclaré qu'un changement radical était nécessaire. Enfin, comme je vous l'ai déjà dit, plusieurs ministres du cabinet qui se dit encore prohibitionniste, n'ont aucune réticence à déclarer en public, à la télévision, qu'ils seraient favorables à un changement de législation.

Dès lors, puisque la situation est mauvaise et qu'il y a tous ces signes, peut-être que les choses, avec un certain effort combiné, pourront bouger. Et il s'agit là d'un des paris de la SOMA, à savoir: tenter dès l'année prochaine de provoquer le changement. Car bien qu'il ne s'agisse peut-être pas de désobéissance, il s'agit en tout cas de provocation pour faire véritablement avancer les choses dans ce domaine.

Par ailleurs, je crois qu'au Portugal, on ne retrouve pas ce blocage psychologique que l'on ressent un peu en France et en Grande-Bretagne. Nous savons, qu'une fois au pouvoir, les partis qui étaient pour un changement de politique en matière de drogue adoptent des positions pour le moins ambigües, qu'ils soient travaillistes ou socialistes pour les français. Il semble qu'être antiprohibitionniste dans l'opposition ou comme citoyen ne soit pas similaire au fait d'être antiprohibitionniste au pouvoir. Cependant, il faut le dire, nous trouvons franchement contradictoires les interventions de certains de nos camarades étrangers une fois au gouvernement.

Pour ce qui est des priorités de la SOMA pour 1998, en résumé: nous appuierons le débat sur les trois projets déposés au Parlement. Nous allons également tenter de mener des agit-prop et je dirais par la suite quelques mots sur l'expérience italienne en cours depuis deux ou trois ans, à savoir, les actions de désobéissance civile de distribution de haschisch.

En ce qui nous concerne, nous nous focaliserons, entre autres, sur le cas de l'échange de seringues en prison qui, d'un point de vue médiatique, peut avoir des répercussions assez importantes. Il faut savoir qu'au Portugal, un programme d'échange de seringues dans les pharmacies existe et qu'il porte ses fruits. Cependant, dans les prisons, ce type d'échange est interdit. Etant donné qu'environ 60 pour 100 de la population carcérale est constituée, comme je vous l'ai déjà dit, de toxicomanes, cette interdiction est absolument stupide. Un cas similaire a été jugé en Espagne et il a permis de faire reconnaître que le droit à la santé des personnes incarcérées était un droit constitutionnel et que par conséquent les détenus avaient le droit de se faire soigner ou de consommer dans les prisons. Nous trouverons donc, très certainement, une victime providentielle au Portugal qui serait prête à mener un combat médiatique agit-prop contre cette situation que nous jugeons insoutenable.

Pour en venir à la distribution de haschisch ou d'autres drogues légères, nous n'avons pas encore songé à cette forme d'agit-prop dans la mesure où, il faut le dire, nous sommes beaucoup plus concernés par la question des drogues dures. En effet, nous croyons que cette question constitue véritablement le noeud du débat et du problème notamment du point de vue de la santé et plus spécifiquement du point de vue du drame que représente le Sida. Je ne sais pas si, ne nous occupant pas beaucoup des drogues légères, nous avons raison ou tort. Cela dit, nous pensons que même si nous ne progressons que par petits pas, il est important d'aller directement au coeur du débat le plus pesant. Nous voulons que des expériences systématiques de réduction des risques, même si elles ne se produisent qu'avec des groupes bien déterminés de citoyens, soient promues. Les difficultés rencontrées pour changer les Conventions internationales et la législation ne doivent pas nous empêcher d'être pragmatiques. Je crois que mener des e

xpériences à la fois quantifiables et gérées scientifiquement, semblables à celles menées dans d'autres pays comme les Pays-Bas, la Suisse, l'Espagne et l'Allemagne est une bonne voie pour provoquer le changement des lois.

Pour terminer, et sur ce point Eurico de Figueireido vous en reparlera cet après-midi, la SOMA veut organiser pour juin 1998 un Congrès international avec, notamment, des scientifiques voire avec des parlementaires européens portugais, sur les questions des drogues et d'un changement possible des politiques en matière de drogue. Juin sera le mois spécial pour la problématique drogue puisque c'est à ce moment là que se déroulera la séance extraordinaire des Nations Unies sur la question, entre autres, des Conventions internationales. Nous voudrions grâce à ce Congrès qui se tiendra au Portugal tenter de réduire, tant au Portugal qu'à l'étranger, les résistances des professionnels de la santé sur le plan des traitements. Au seul niveau de la magistrature, deux réunions ont déjà eu lieu afin de discuter les lois. Par ailleurs beaucoup de magistrats portugais se sont déclarés publiquement antiprohibitionnistes. Des réunions plus politiques ont également eu lieu. Cependant nous croyons qu'un congrès est utile pou

r tenter de diminuer, comme je vous le disais, les résistances de toutes les personnes qui oeuvrent dans le cadre de la santé publique.

Plutôt que d'intervenir en tant que juriste, j'ai donc préféré vous exposer la situation portugaise qui pourra peut-être devenir, dans un futur assez immédiat, un exemple intéressant.

(*) juriste, président Soma (Association Antiprohibitionniste portugaise)

 
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