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Savater Fernando - 1 febbraio 1988
RADICALEMENT INTERNATIONAUX
de Fernando Savater

(El Pais - 2 décembre 1987)

SOMMAIRE: L'auteur analyse l'échec des pensées nationalistes et la nécessité de créer une Europe des droits de l'Homme et des partis politiques différents de ceux qui existent. Il parle de l'idée de transformer le Pr en parti transnational, une idée dont on discutera au Congrès de Bologne. (Nouvelles Radicales - Février 1988)

Parmi les idées révolutionnaires du siècle passé condamnées sans pitié durant le nôtre par la brutalité des deux grandes guerres, l'internationalisme est la plus émouvante et celle qui mérite d'être récupérée le plus rapidement possible. Internationalisme signifie avant tout, il ne faut pas l'oublier, antinationalisme. Il se passe avec les sentiments d'exaltation et d'auto-affirmation nationaliste la même chose qu'avec les blue jeans: aujourd'hui tout le monde en porte et ils nous semblent aussi imprescriptibles qu'éternels, et pourtant l'on sait historiquement qu'ils apparaissent à un certain moment et qu'ils pourraient tomber en désuétude un jour ou l'autre. On peut penser que cela arrivera dans pas très longtemps (je parle bien sûr maintenant des nationalismes et non des blue jeans) et qui sait peut-être si le siècle à venir ne les considèrera pas avec la même hostilité liquidatrice employée par le nôtre envers les colonialismes qui caractérisèrent les siècles précédents. En Espagne, par exemple, l'expér

ience des dernières années a déjà fait que chacun déteste de façon justifiée le nationalisme du voisin: il ne reste plus maintenant qu'à détester le nôtre pour nous mettre sur le bon chemin.

Il ne s'agit évidemment pas d'abolir d'un coup de plume les identités collectives mais de les illustrer et de les faire mûrir. Les patriotismes fondés sur les drapeaux (qui sont, comme l'a très bien dit Gesualdo Bufalino, "des langes pour les peuples infantiles qui font pipi dans leur berceau") devront céder le pas à ceux qu'Habermas a appelé les patriotismes constitutionnels, non pas fondés sur des manies passées et sur l'oubli intéressé de la barbarie toujours présente mais sur l'intérêt rationnel pour les principes universels de la société libre. Solidarité non pas face à l'ennemi mais aux côtés du semblable, fondée sur la réflexion plutôt que la mémoire mythique auto-complaisante. Quand aujourd'hui on lance des diatribes contre l'avancement théorique de l'individualisme et qu'on le taxe d'égoïste, on oublie que le véritable égoïsme ravageur est celui des nations - qu'elles soient déjà étatiquement existantes ou seulement projetées - qui se comportent entre elles de manière moins scrupuleuse que ce qui se

passe d'habitude entre les individus les plus cruels. Ce qui correspond à l'individualisme démocratique moderne ce n'est pas la rapine féroce et "égolâtre" - propre de l'orgueil national et de ses applications effectives - mais la perception politique de l'universellement valable. Si cela vaut la peine de faire des efforts pour une Europe, ce ne sera pas pour celle des nations ni pour celle des peuples mais pour l'Europe des droits de l'homme universels, que les individus associés arracheront constitutionnellement aux Etats patriotiquement toujours prêts à les violer derrière l'alibi belliqueux de l'intérêt national.

Il y a par conséquent deux raisons pour tenter de recouvrer l'idéal internationaliste: la première, l'existence de problèmes non encore résolus qui ne peuvent être posés qu'au plan international; la deuxième, parce que les nations elles-mêmes en tant que mécanismes de pouvoir sont un des problèmes politiques majeurs qui se posent à nous aujourd'hui. Bien sûr les débuts d'une quelconque expérience internationaliste exigent une certaine homogénéité culturelle, sociale et économique dans la zone où elle va être appliquée, tout comme ils exigent que l'initiative parte de citoyens et non - les raisons en sont évidentes - de Gouvernements nationaux ou de nationalismes sans gouvernement. Il semble évident que l'Europe, autant pour ses harmonies que pour ses discordes, en somme pour sa richesse, constitue le banc d'essai le plus tentant.

Au cours du congrès qui se tiendra au début de l'an prochain à Bologne, le Parti radical va analyser l'opportunité et fixer les objectifs de sa transnationalisation effective. Je dis effective parce que ses statuts ont toujours contemplé cette possibilité, de par le fait que jamais le parti radical ne s'appella parti radical italien et que les radicaux eurent même un secrétaire général de nationalité française. Les radicaux ne constituent pas un parti de masse, sans aucun doute, mais en tant que groupe d'intervention politique ils ont inscrit à leur actif le plus grand nombre de réussites (pas de promesses) dans l'Europe démocratique. En Espagne ils peuvent aujourd'hui s'enorgueillir surtout des coups de génie plus ou moins opportuns de Cicciolina, mais qu'ils considèrent plus obscène un sein décoré qu'un sein dénudé ne devrait point nous scandaliser. Il serait néanmoins lamentable d'oublier que c'est avant tout le parti du divorce et de l'avortement en Italie, batailles que personne ne voulait mener et qu'e

ux remportèrent, ou de l'initiative des référendums comme les cinq récemment tenus qui ont remporté des succès aussi peu communs que le frein à l'expansion de l'énergie nucléaire et une remise en question rigoureuse de la situation de la justice. A ce sujet il est pour le moins curieux que la Presse ait insisté d'avantage sur la confusion des questions posées lors de ces consultations que sur la clarté des résultats. Et ce d'autant plus que l'Espagne est également concernée par ces questions brûlantes. Comme ils permettent la double militance et qu'ils ne se présentent pas comme aspirants directs au Gouvernement dans aucun Etat, les radicaux sont dans la situation la plus favorable pour inventer l'aventure internationaliste. Leur rôle pourra être celui de laboratoire d'idées pratiques - pas de théories salvatrices s'il vous plaît - fonctionnant au moyen de référendums, d'appels à l'opinion publique ou en proposant des initiatives à des partis de masse ou à des groupes de pression qui voudraient se joindre à

celles-ci.

On peut imaginer trois niveaux à cette activité politique internationaliste. Le premier, lutter grâce à un appui transnational contre les situations intolérables régnant dans quelques pays d'Europe et résolues dans d'autres (ce qui automatiquement permettrait de démythifier le dogme de la non-ingérence, pacte de complicité entre les Etats): par exemple, le cas de l'avortement et de l'objection de conscience en Espagne. Deuxièmement, les problèmes inter-européens qui pourraient se poser de façon critique à des organismes comme le Parlement de Strasbourg: par exemple, les travailleurs immigrés, les réfugiés politiques, la démilitarisation nucléaire, le chômage, la situation carcérale, etc.... Troisièmement, des campagnes à l'échelle intercontinentale ou même mondiale, comme le combat contre la faim ou contre la prohibition criminogène des drogues. Mais, surtout, la simple existence d'un parti authentiquement transnational serait déjà une réussite politique en elle-même.

Il ne s'agit certes pas d'objectifs suffisamment ambitieux que pour mobiliser les partisans fanatiques du tout ou rien. Ce n'est pas un projet pour changer le monde - abolissant le règne sinistre de Monsieur Capital, etc. - mais pour modifier certaines choses dans le monde. Mais à ce niveau qui peut ignorer encore que le fondamentalisme politique ne soit rien de plus que le masque de la paresse ou de la complicité grognonne?

 
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