de Victor CiuffaIl Corriere della Sera - Milan - 3 mai 1988
SOMMAIRE: On parle de la Déclaration Solennelle approuvée par le Parlement Européen à la majorité absolue de ses membres. Cette déclaration engage les plus hautes autorités de la Communauté de charger le PE élu en 1989 de rédiger un nouveau Traité d'union et en plus de constituer les Etats-Généraux européens, afin de les convoquer en juillet '89 pour élire les présidents du Conseil européen et de la Commission européenne. (Nouvelles Radicales N.2 - 1 mai 1988)
Un pas décisif vers l'intégration politique des douze pays de la CEE a été accompli hier par le Parlement européen à travers l'approbation, à la majorité absolue de ses membres (278, autrement dit 19 de plus de ce qui était nécessaire), d'une Déclaration solennelle déjà adoptée par la Commission des Affaires Etrangères de la Chambre des Députés italienne. Il s'agit d'un document solennel qui selon Sergio Stanzani, secrétaire du Parti Radical transnational, promoteur de l'initiative "peut avoir une valeur historique pour la constitution de l'Union européenne, en vue du marché unique de 1992 et non pas comme conséquence de celui-ci." Approuvée au moyen d'un simple dépôt auprès de la Présidence du Parlement (ainsi que le prévoit la procédure lorsqu'il y a adhésion d'une majorité de parlementaires européens), la déclaration engage les plus hautes autorités de la Communauté à s'acquitter de deux réalisations: charger le Parlement européen qui sortira des urnes en 1989 de rédiger un nouveau Traité d'union européen
ne; en l'attente de cela, de constituer un organe dénommé "Etats Généraux européens" à convoquer en juillet 1989 (en même temps que les célébrations du bicentenaire de la Révolution Française) pour élire les présidents du Conseil européen et de la Commission européenne. Tant les parlementaires européens qui seront élus l'année prochaines que les membres des Parlements nationaux des 12 pays membres devront faire partie de ces Etats Généraux. "Souvent considéré comme superflu, marginal, apolitique, le Parlement fait aujourd'hui entendre sa voix de manière nette et inéquivoque" peut-on lire dans une note du Parti Radical. Pour sa part Mario Albertini a déclaré :"En ma qualité de président d'honneur de l'Union européenne fédéraliste, je lance un appel confiant et chaleureux aux candidats à la Présidence de la République française afin qu'ils soutiennent la Déclaration lors du prochain Conseil d'Europe de Hanovre." Le vote du Parlement européen devra en effet être reçu par cet organe. Mais que signifie concrèteme
nt un pareil événement? Les représentants de 300 millions de citoyens européens pourront se réunirent, dans un peu moins d'un an, en séance commune pour élire directement deux des trois plus hautes autorités de la CEE: le président du Conseil européen, qui assumerait également la charge de président du Conseil des Ministres de la Communauté, et qui resterait en fonction pendant trois ans (alors que l'actuel président de cet organe ne reste en fonction que pendant six mois); le président de la Commission européenne, qui jouirait de pouvoirs plus étendus parce qu'il serait élu directement par les parlementaires. Mais naturellement l'objectif principal est ailleurs: la rédaction d'un nouveau traité qui sanctionne, dans des délais très rapprochés, le passage à l'Union politique européenne, autrement dit à la constitution des Etats-Unis d'Europe. A l'exception de la résolution sur la faim dans le monde, c'est la première fois qu'un document est approuvé par le Parlement européen grâce à sa simple présentation ren
due possible par l'existence d'une majorité. Défini comme le "metteur en scène" de l'opération, Marco Pannella a déjà parlé avec le Président de la Commission Delors et pris contact avec l'Elysée pour solliciter l'adhésion de la présidence française. "C'est un gros succès, et ce également pour la politique étrangère italienne" affirment les radicaux.