CAMPAGNE D'INSCRIPTION AU PARTI RADICAL 2001 : LETTRE DU SECRETAIRE ET DU TRESORIER

Rome, Décembre 2000

Chère amie, cher ami,

C'est il y a une douzaine d'années d'ici, au cours des congrès de Bologne (1988) et de Budapest (1989) que le projet du Parti Radical Transnational a été défini dans ses grandes lignes. Depuis, nous sommes allés de l'avant, avec notre "habituelle" méthode empirique. En poursuivant, souvent dans la solitude, les batailles engagées alors: de l'institution du Tribunal International sur les crimes commis en ex Yougoslavie à celle de la Cour Pénale Internationale; de l'abolition universelle de la peine de mort à la campagne contre la prohibition, entre autres, des drogues; de la bataille pour la liberté du Tibet à celle pour la démocratie en Chine. Avec des succès et des défaites, avec aussi certains développements » théoriques importants, au premier rang desquels la condamnation du prohibitionnisme, défini comme un véritable crime contre l'humanité.

Pour ce projet, nous n'avons pas pu aboutir au moment statutaire par excellence: le Congrès des membres. Il n'a pas eu lieu; nous ne l'avons pas convoqué. Dans la situation qui continue d'être la nôtre, c'eût été une pure obligation formelle, et non une initiative pour la relance et le renforcement du parti. Au cours de l'année dernière, tout comme durant les années précédentes, la plupart d'entre nous ont poursuivi leur engagement sur le front italien, et en faveur d'objectifs tout aussi "radicaux". Toutefois, cette année, précisément, nous avons su résister et, parfois, remporter des succès, aussi extraordinaires qu'inattendus, sur le front transnational: tout d'abord à New York, au siège des Nations Unies, où -c'est là un précédent - nous avons réussi à mobiliser plusieurs grandes démocraties (en tête desquelles la France, les Etats-Unis et l'Allemagne) afin qu'elles rejettent la demande de suspension du statut du PRT auprès des Nations Unies que la Russie avait formulée sur la base des accusations diffam

antes dont vous avez eu connaissance: celles, terribles, » d'encourager le terrorisme international, le trafic de stupéfiants, la pédophilie . Pour ce succès, nous tenons en premier lieu à remercier, Marco Pannella et Emma Bonino, ainsi que nos compagnons qui, au quotidien, durant plus de cinq mois, ont fait face à New York, aux côtés de Marco Perduca, à cette offensive indigne menée contre la liberté d'opinion et d'expression et contre les principes d'un procès équitable.

Cette accusation, tout comme l'intérêt que peut avoir la Russie à nous expulser de l'ONU, est née il y a longtemps déjà et, cette année, elle a seulement trouvé un prétexte » séduisant : avoir permis au Président de la Commission des Affaires étrangères du Parlement tchétchène, Akhiad Idigov, de dénoncer devant la Commission Droits de l'homme de Genève, au nom du PRT, les violations extrêmement graves commises en Tchétchénie. D'ailleurs, c'est en Russie que, dès le début des années '90 (avant qu'Andrea Tamburi ne soit assassiné à Moscou), les radicaux se sont battus, en dépit de diverses pressions et tentatives d'intimidation, en faveur de la reconnaissance de l'objection de conscience, pour l'abolition de la peine de mort, pour la légalisation des drogues, contre la guerre en Tchétchénie. En outre, l'accusation de la Russie apparaissait dans un contexte où Emma Bonino était candidate au poste de Haut Commissaire aux réfugiés de l'ONU, tandis qu'Antonio Russo continuait à recueillir des preuves des crimes

commis en Tchétchénie. Et nous sommes convaincus que, tant que nous maintiendrons notre » ingérence , dans les affaires » intérieures de la Russie, les bureaucrates de Moscou continueront à manifester de l' » intérêt pour les radicaux. Les attaques, les accusations, les mensonges, tout cela reprendra.

Certains progrès ont été accomplis sur d'autres fronts, tel celui de la ratification du statut de la Cour Pénale Internationale, grâce surtout à l'engagement de » No Peace Without Justice [Pas de paix sans justice]. Cependant, l'objectif des 60 ratifications demeure encore lointain (à ce jour, 23 pays seulement y ont procédé). Sur le terrain de la lutte pour l'abolition de la peine de mort, avec » Hands off Cain [Que personne ne touche à Caïn], une nouvelle offensive se prépare, afin d'amener l'Assemblée générale de l'ONU à adopter en 2001 une résolution qui instaure un moratoire universel. En ce qui concerne le Tibet, ces derniers jours précisément, nous essayerons de comprendre comment lancer au niveau européen une campagne en faveur de la création, d'ici trois ans, d'un » statut d'autonomie complète pour le Tibet ou d'une reconnaissance internationale du Gouvernement tibétain en exil , en essayant de mettre en ouvre la Résolution du PE votée en juillet dernier. Avec Wei Jingsheng, nous tenterons d

e comprendre comment on peut dépasser la politique inefficace de » dialogue critique sur les droits de l'homme que l'Union européenne est en train d'instaurer à l'égard de la République populaire de Chine : comment, en d'autres termes, établir une politique orientée vers la consolidation de l'Etat de Droit et de la démocratie dans toute l'Asie, en distinguant, en termes de politique économique, diplomatique et commerciale menée par l'UE, d'une part les pays qui - comme l'Inde - poursuivent avec ténacité cette voie et d'autre part ceux qui - comme la Chine - poursuivent, eux, la voie de la modernisation sans droits ni libertés, la voie de la reconversion (et du maintien) du totalitarisme communiste dans sa version nationaliste, policière et technobureaucratique.

D'autres » fronts sont en train d'émerger. La campagne lancée par Maurizio Turco et Emma Bonino contre les mutilations sexuelles féminines a connu un premier succès important, à Bruxelles, avec l'organisation de la Conférence internationale »Stop Female Genital Mutilations , à laquelle ont participé de nombreux Africains et Européens. Le prochain rendez-vous est fixé au 8 mars, avec l'organisation d'une » journée mondiale contre les mutilations sexuelles . En ce qui concerne la Tchétchénie, grâce à la Conférence organisée fin novembre à Rome par Emma Bonino et grâce à Radio Radicale, les Italiens ont pu entendre des témoignages nouveaux, détaillés et directs au sujet de ce qui s'est passé et de ce qui se passe encore chaque jour en Tchétchénie. Sur le front du fédéralisme européen, un processus de réflexion a enfin été mis en route - ainsi qu'une mobilisation, dans le contexte des élections » on-line - dans le cadre de l'élection au suffrage universel du Président de la Commission européenne; pour une c

ritique » fédéraliste de l'actuel modèle politique et institutionnel de l'Europe ; pour la défense du rôle de la Commission exécutive, qui tend de plus en plus à être marginalisée et à devenir l'otage des logiques et des décisions » intergouvernementales .

Cette année, certains compagnons nous ont quittés. Adelaide Aglietta en juin, Mario Tarantino en août et Antonio Russo il y a quelques semaines. C'étaient trois personnalités différentes, mais semblables dans leur manière de représenter avec passion et intégrité nos idées, nos projets, cette forme originale et militante de la meilleure identité politique radicale. .

En 2001, nous devrons être forts en puisant dans leur force; cette force dont ils ont fait preuve et qu'ils ont su nous transmettre. Force, intelligence et engagement, c'est aussi ce dont nous avons besoin pour définir un parcours qui sera en même temps un retour à la normalité statutaire et une relance du projet du Parti Transnational, en poursuivant également une magnifique expérience en cours, celle des élections » on-line en vue de l'élargissement du Comité de Coordination des radicaux italiens.

Voilà tout ce que nous pouvons vous dire et vous souhaiter aujourd'hui. Avec l'espoir que vous décidiez de nous et de vous faire confiance, en vous inscrivant au Parti Radical Transnational de 2001.

Bien cordialement et avec nos meilleurs voeux pour 2001.

Olivier Dupuis Danilo Quinto

Secrétaire Trésorier

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