SOMMAIRE: Dans une interview à Ring, hebdomadaire hongrois d'information, Olivier Dupuis, membre du Conseil fédéral du Parti radical retourne sur l'argument de l'Union européenne et de l'adhésion de la Hongrie à la Communauté européenne. Il met en garde notamment contre les risques que comporte et comporterait une vision seulement ou principalement économique de l'intégration européenne. (Ring, 5 septembre 1990)
Propos recueillis par Eva Olah
Eva Olah: Vous pensez, si je ne me trompe, que l'argument économique ne peut, seul, convaincre la Communauté de la nécessité de s'ouvrir à l'Europe Centrale en général, à la Hongrie en particulier.
Olivier Dupuis: A la limite je dirais qu'il peut meme etre contreproductif. Je ne crois pas - comme certains se plaisent à le laisser entendre - que la Hongrie puisse entrer par la petite porte en Europe. Il n'y a pas de voie autrichienne à l'entrée de la Hongrie dans la C.E., pas plus qu'il n'en y ait d'ailleurs, aussi paradoxal que cela puisse sembler, à l'entrée de l'Autriche. N'en déplaise à un Chancellier Vranitzky qui pourrait, du reste, etre rapidement amené à adopter comme slogan "l'adhésion de l'Autriche à la C.E. en meme temps ou immédiatement après celle de la Hongrie".
E.O.: L'optique du gouvernement de ne pas opter pour un statut de neutralité vous semble donc juste ?
O.D.: Disons que je n'ai jamais cru que Monsieur Antall puisse choisir une autre voie ...
E.O.: Mais tout cela n'est-il pas une vue de l'esprit à un moment ou toute la vie politique hongroise est déterminée par la situation de l'économie ?
O.D.: La question européenne (et donc hongroise), la vraie, n'est pas économique, ou en tout cas pas d'abord économique. Elle est politique. La question est de savoir quel projet concevoir et mettre en oeuvre en Europe et à partir de l'Europe ? Et pas seulement dans une optique défensive, autrement dit pas seulement pour neutraliser de vieux démons nationalistes et des situations sociales potentiellement explosives ... Mais bien dans une optique offensive, créatrice, capable d'organiser et de réorganiser les nouveaux et les anciens droits des citoyens. Un projet se fondant sur la convivance créatrice des différentes majorités et minorités. Un projet capable de reconcevoir et de garantir, en ces temps de communication de masse, le droit à l'information, le droit de connaitre pour délibérer et pour choisir, sans lequel aucune démocratie n'est possible. Le projet d'une société non-autarcique, ouverte sur le monde, capable de s'ingérer partout ou ne sont pas respectés les droits fondamentaux, et avant tout le pr
emier d'entre eux, le droit à la vie. Un modèle de démocratie fondé sur un nouvel humanisme, un humanisme écologique, respectueux de la vie de la planète.
E.O.: Concrètement, que faire ?
O.D.: Faire en sorte que l'objectif des Etats Unis d'Europe et de l'appartenance de la Hongrie à la Communauté européenne ne reste celui, seulement, d'un premier ministre ou d'un gouvernement que l'on regarderait avec un mélange d'espoir et d'ironie... mais qu'il soit repris, amplifié, enrichi dans tous les secteurs de la société. Ainsi, par exemple, on pourrait imaginer que le Parlement institue en son sein une commission "Europe" ou "adhésion à la Communauté". Une commission chargée non seulement de participer à la préparation du dossier d'adhésion mais aussi d'encourager l'adaptation de la nouvelle législation hongroise aux règles et aux normes européennes ...
E.O.: Et le Parti radical dans tout cela ?
O.D.: Nous sommes comme vous savez un parti transnational mais aussi comme on le sait moins un parti transparti, un parti ou des gens de différentes appartenances partisanes peuvent se retrouver et lutter ensemble pour conquérir un objectif déterminé. Nous ne sommes donc pas un parti concurrent mais en quelque sorte un parti "valeur ajoutée". Mais ce parti ne pourra vivre que si cela est vraiment compris. En d autres mots, si, de plus en plus nombreux, des militants, des membres des futures conseils comunaux, des parlementaires des différents partis, hongrois, tchèques, yougoslaves, roumains, francais, allemands, italiens ... s'inscrivent AUSSI au Parti radical et constituent ainsi un lobby démocratique pour les Etats-Unis d Europe...
Q.: Ou peuvent s'adresser les candidats ?
R.: Ils sont les bienvenus, à Tanács krt. 11/I - 1075 Budapest. S'inscrire coute 730 florins l'an, s'informer est bien sur gratuit.