Palden Gyatso, un moine tibétain de 65 ans, emprisonné durant 33 ans au Tibet par l'armée chinoise, a témoigné le 30 oct. à Marseille des conditions de vie particulièrement difficiles et dégradantes de ses compatriotes détenus dans leur propre pays.

"Je ne suis ni un martyr, ni un héros" a tenu à souligner Palden Gyatso, "ce que j'ai vécu, des milliers et des milliers de tibétains l'ont également vécu, et des milliers parmi eux en sont morts ou se sont même suicidés", a-t-il précisé. "Je ne peux pas entrer dans des détails, certains trop humiliants" a-t-il ajouté d'une voix tranquille. Le moine a évoqué, lors d'une conférence publique, les cellules où il n'y avait ni eau, ni nourriture et où de nombreux détenus ont dû, comme lui, manger leurs chaussures pour ne pas mourir de faim. Dans ces cellules de pierre nue, qui

ne comportaient aucune toilettes, les prisonniers s'entassaient à même le sol.

Détenu de 1959 à 1992, avec un seul "repas" par jour, un bol de potage insipide, Palden Gyatso a raconté, ému jusqu'aux larmes, comment des détenus mourants de faim et de soif l'avaient supplié pour obtenir un insecte, un rat, ou même un os à ronger, avant de mourir. Le moine avait même été jusqu'à donner un peu de sa salive à des prisonniers mourant de soif.

Ajoutant que son corps était là pour témoigner des tortures subies, le moine tibétain a encore expliqué qu'il avait été utilisé pour tirer une charrue, durant plus de neuf heures par jour, afin de labourer un sol particulièrement ingrat. Avec d'autres, il avait été affecté à un travail dans des serres emplies d'insecticides ou de pesticides. Soudoyant ses geôliers lors de sa libération, il leur avait acheté plusieurs instruments

de torture qu'il a présentés lors de sa conférence: deux paires de menottes de pouce et des matraques électriques.

(Source: AFP) (TIBET INFO 20 novembre)