Des organisations tibétaines en exil ont condamné la Chine jeudi pour avoir présidé à la désignation d'un candidat rival à la réincarnation du Panchen Lama, le second hiérarque religieux tibétain, et ont exprimé leur soutien au choix du Dalaï Lama. Dans une déclaration rendue publique à New Delhi, le Congrès de la jeunesse tibétaine a accusé les autorités chinoises de vouloir imposer au peuple tibétain un "faux" Panchen Lama et a qualifié de "farce" le rituel qui a abouti à sa désignation.
Un jeune garcon tibétain de six ans, Gyaincain Norbu, a été désigné mercredi comme étant la réincarnation du 10eme Panchen Lama, au cours d'une cérémonie à Lhassa, capitale du Tibet, en présence de hauts responsables chinois. Six mois plus tot, le Dalaï Lama, chef spirituel des Tibétains avait annoncé avoir reconnu un autre jeune garcon, Ghedun Choekyi Nyima, comme étant la réincarnation du dernier Panchen Lama, décédé en 1989. Le Dalaï Lama a aussitot réagi à la désignation d'un second Panchen Lama, accusant Pékin de politiser une question purement religieuse, dans une déclaration publiée le 29 novembre à Dharamsala, la ville indienne ou il vit en exil.
"La recherche et la reconnaissance de la réincarnation du Panchen Lama sont une affaire purement religieuse", a souligné le prix Nobel de la paix, ajoutant qu'il avait reconnu la réincarnation du Panchen Lama et que cette désignation ne pouvait être changée.
"Il est regrettable que le gouvernement chinois ait choisi de politiser cette question et de désigner un Panchen Lama rival", a ajouté le chef spirituel tibétain. Il a appelé la communauté internationale ainsi que les organisations humanitaires à "contribuer à assurer la sécurité et la liberté du jeune Panchen Lama", qui, selon des informations de sources tibétaines, serait détenu à Pékin. De son coté, le Congrès de la jeunesse tibétaine a fait valoir qu'il n'y avait "au Tibet qu'un seul Panchen Lama, celui désigné par le Dalaï Lama et a dénoncé "l'opération politique" menée par Pékin.
De nombreux observateurs soulignent que la désignation d'un second Panchen Lama risque de diviser la communauté tibétaine. M. Jampal Chosang, secrétaire du bureau tibétain qui représente les intérêts du Dalaï Lama à New Delhi, a cependant affirmé que "personne au sein de la communauté tibétaine n'accepterait le candidat de Pékin". Le Panchen Lama avait été le plus important dignitaire religieux tibétain à demeurer en Chine après que le Dalaï Lama se fut réfugié en Inde à la suite de l'échec du soulevement tibétain contre les troupes chinoises en 1959. Quelque 100.000 Tibétains vivent en exil en Inde.
(Source: AFP) (TIBET INFO 2 décembre 95)