Wei Jingsheng a été condamné le 13 décembre à 14 ans de prison pour tentative de sédition. Aucun journaliste ni diplomate étranger n'avait été autorisé à pénétrer dans le tribunal pour un procès pourtant déclaré "public" par les autorités chinoises. Les deux avocats du dissident ont estimé que les preuves rassemblées par le tribunal n'étaient pas suffisantes pour établir sa culpabilité. Le procès, qui a duré 5 h 30, a dû être interrompu pendant une vingtaine de minutes en raison d'un problème médical de Wei, qui semblait pourtant avoir conservé un bon moral, bien qu'amaigri.
La plupart des preuves citées par l'accusation sont des lettres et des articles écrits par Wei Jingsheng lorsqu'il purgeait une peine de 15 ans de détention entre 1979 et 1993. Dans l'un des articles adressé à Deng Xiaoping, alors n. 1 du régime, Wei réclamait l'indépendance pour le Tibet.
Les juges ont accusé le dissident d'avoir profité de sa libération sur parole en septembre 1993 pour écrire des articles de "propagande réactionnaire", rédiger un projet d'aide aux familles des victimes du 4 juin 1989, date du massacre de TianAnmen, et d'avoir mis à profit sa libération sur parole pour rencontrer d'autres dissidents dont Wang Dan, l'ancien meneur des étudiants du printemps 89, actuellement détenu au secret. Wei a réfuté ces accusations en affirmant "Tout ce que j'ai fait, c'est pour aider les familles des victimes du 4 juin, avec un point de vue
humanitaire et non pas subversif.
Mes lettres et mes articles ont été écrits pour tenter de discuter avec le gouvernement des moyens de développer la démocratie en Chine. Toutes mes activités ont respecté la loi chinoise. Mes articles faxés à l'étranger l'ont été faits avec la permission du gouvernement. Ils ne peuvent pas servir de pièces à conviction pour le crime qu'on me reproche."
(Source: AFP) (Tibet Info 23 décembre 1995)