La répression chinoise au Tibet a augmenté de façon impressionnante. Plus de 230 Tibétains ont été emprisonnés en 1995 pour des motifs politiques, selon un rapport non officiel publié le 26/03.

L'étude, réalisée conjointement par l'organisation privée Human Rights Watch-Asia et le Tibet Information Network a rassemblé les preuves d'un important changement intervenu dans la politique chinoise en juillet 1994, entraînant un contrôle plus sévère au Tibet Selon le document, au moins 600 prisonniers politiques sont détenus dans les geôles chinoises du Tibet. En août 1995, 274 personnes étaient ainsi emprisonnées pour des motifs politiques à la prison de Lhassa, un chiffre qui a triplé en cinq ans. "C'est la première fois depuis 1990 (avec les premiers rapports d'observateurs étrangers) que l'on recense autant de prisonniers politiques dans les prisons chinoises du Tibet".

"Les autorités chinoises ont renforcé la sécurité intérieure sur le territoire tibétain... Elles ont intensifié l'éducation politique dans les écoles, augmenté la rhétorique anti-occidentale et emprisonné de plus en plus de personnes", dénonce le document.

En juillet 1994, le troisième Forum national chinois pour le travail sur le Tibet s'était réuni à Pékin et avait approuvé dans une large majorité cinq mesures répressives concernant le Tibet, selon des responsables qui déclarent avoir assisté au Forum et ont requis l'anonymat.

Ces mesures prévoient la réduction des activités religieuses ainsi qu'un renforcement de la surveillance des monastères, l'identification de responsables locaux soupçonnés d'héberger des sympathisants nationalistes, ou encore le lancement d'une campagne "inhabituellement agressive" contre le chef en exil de la communauté tibétaine, le Dalai Lama.

D'autres mesures ont été adoptées lors de ce Forum pour intensifier l'éducation patriotique à l'école, et favoriser un développement économique rapide avec l'installation au Tibet de nouveaux Chinois. L'étude de 83 pages et intitulée "Couper la tête du serpent: le renforcement du contrôle sur le Tibet en 1994-95", dénonce également les tentatives chinoises de contrôle des flux d'information, rapportant 3 cas de touristes victimes de fouilles

au corps à l'aéroport de Lhassa en 1995. "Ces fouilles n'ont pas été faites au hasard. Tous les touristes concernés parlaient tibétain ou étaient en étroite relation avec des Tibétains".

Le document fait aussi une large part à la controverse sur la réincarnation du 10ème Panchen Lama, 2ème figure du boudhisme tibétain. Pékin avait refusé le "prétendant" désigné par le Dalai Lama en mai 95, faisant sa propre sélection, arrêtant 2 lamas et 52 moines accusés d'avoir aidé le Dalaï Lama et attaquant verbalement ce dernier.

La répression chinoise au Tibet "apparaît en partie facilitée par l'abandon des pressions sur la Chine en matière de droits de l'homme de la part de la communauté internationale et en particulier des Etats-Unis", affirme le rapport. (Source: AFP, WTNN, TIN) (TIBET INFO 6 AVRIL)