La Chine a infligé le 24 avril un camouflet aux occidentaux qui
l'affrontaient devant la Commission des Droits de l'Homme, à Genève. Pékin a obtenu par 27 voix pour, 20 contre et 6 abstentions qu'une résolution, proposée par les pays occidentaux et critiquant les violations des libertés en Chine soit même discutée. La Chine a réussi à se soustraire à l'examen de la communauté internationale par un artifice de procédure instituant un vote préalable à la discussion de la résolution.
Pékin a ainsi clos victorieusement un an de campagne pour renverser une tendance qui lui devenait défavorable au sein de la Commission, un organe sans pouvoir contraignant mais dont la Chine refuse qu'il s'érige en juge de son comportement en matière des droits de l'homme. L'an passé, il s'en était fallu d'une voix, celle de la Russie, pour que la résolution soit adoptée et mette la Chine dans l'embarras sur des dossiers sensibles comme la répression des libertés religieuses au Tibet, l'emprisonnement des dissidents ou le recours massif à la peine de mort.
Pékin doit sa victoire à plusieurs facteurs. La composition de la
Commission lui était plus favorable cette année. La Chine a su également jouer des hésitations des Européens qui ont tenté presque jusqu'au bout d'obtenir par la négociation des concessions qui ne sont pas venues. Cet assouplissement, disent des diplomates et des militants des droits de l'homme, vient du sommet de Bangkok le mois dernier privilégiant le dialogue sur la confrontation.
Le résultat a été un projet de résolution extrêmement modéré, félicitant la Chine pour sa volonté de dialogue, ses réformes sociales et économiques et restant très vague dans ses critiques.
Parallèlement, la Chine a obtenu le soutien du tiers-monde grâce aux slogans qu'elle a martelé devant la Commission: celle-ci serait un "tribunal" où le Sud est mis en accusation par le Nord dans un nouvel affrontement remplaçant le conflit Est-Ouest.
Cet argument a trouvé un écho notamment d'Afrique, où Pékin entretient un clientélisme économique et politique. La Chine a également bénéficié de la solidarité asiatique en mettant en avant des "différences de culture" qui opposeraient l'Orient à l'Occident accusé de vouloir imposer ses valeurs au reste du monde. (Projet de résolution pages suivantes)
(Source: selon dépêche AFP) (TIBET INFO 25 AVRIL 1996)