Le Président chinois, Jiang Zemin, entame le 23 juin une tournée eurasienne d'un mois, dans le cadre d'une forte offensive diplomatique tous azimuts visant à conforter le rang de grande puissance de la Chine sur la scène internationale.

Le numéro un chinois se rend successivement en Espagne, Norvège, Roumanie, Ouzbékistan, au Kyrghiztan et au Kazakhstan, et sera de retour à Pékin le 26 juillet. Il s'agira de la première visite de M. Jiang dans ces six pays. A Madrid, où il débutera le 24 juin ses activités officielles, M. Jiang sera reçu par le roi Juan Carlos et rencontrera le chef du nouveau gouvernement conservateur espagnol José Maria Aznar, alors que le ministre chinois des Affaires Etrangères, Qian Qichen, vérifiera de son côté avec son homologue Abel Matutes la volonté de continuité de la diplomatie de Madrid.

En Norvège, où il arrivera le 27 juin, M. Jiang rencontrera la reine et le premier ministre Mme Gro Harlem Brundtland. Le séjour sera marqué par la signature d'un document prévoyant la réouverture du consulat d'Oslo à Shanghai, fermé il y a 15 ans.

La question des droits de l'Homme, ainsi que celle des essais nucléaires chinois qui soulèvent pourtant de fortes critiques dans le pays scandinave, "ne seront pas évoquées pendant la visite. (Oslo avait suscité le mois dernier la colère de Pékin en donnant un visa au Dalai Lama).

En Roumanie, le 29 juillet, M. Jiang aura des discussions avec le président Ion Iliescu et le premier ministre Nicolae Vavariou. La Roumanie était le principal allié de la Chine en Europe de l'Est avant la chute du dictateur Nicolae Ceaecescu en 1989 et les deux pays entendent renouer cette bonne entente. Le parti Social-démocrate roumain d'Iliescu a été invité a une conférence du PCC en novembre 1995.

Le 2 juillet, M. Jiang quittera l'Europe vers l'Asie centrale, une région aux enjeux considérables pour la Chine. Après son passage en Ouzbékistan - où il abordera des questions de sécurité régionale avec le président Islam Karimov - M. Jiang pourra tester au Kyrghiztan et au Kazakhstan la solidité du traité de sécurité régional signé en avril dernier à Shanghai par ces deux derniers pays avec la Chine, la Russie, et le Tadjikistan.

La Chine estime que ce traité - qui prévoit la démilitarisation de la frontière longue de 8.000 km avec ses voisins ex-soviétiques - devrait lui faciliter la tâche de venir à bout du renouveau indépendentiste dans la province du Xinjiang, peuplée de fortes minorités d'ethnies non chinoises et de confession musulmane,

dont des Kazakhs et des Kyrghizs.

Cette longue absence de son pays du chef de l'Etat et du Parti communiste chinois débutera à peine un mois après son retour d'une tournée africaine de deux semaines, destinée à contrecarrer l'influence croissante de l'île de Taiwan. Cette offensive tous azimuts de la diplomatie chinoise a été marquée également par le voyage de Li Peng en France au mois d'avril et par ceux en Amérique Latine de hauts responsables chinois. Le déploiement semble avoir porté ses fruits sur tous les fronts, que ce soit pour resserrer l'étau autour de Taiwan comme pour reléguer en deuxième plan la question des droits de l'Homme. Il a permis également à la Chine d'asseoir son influence sur ses frontières et de dissuader les Etats-Unis de passer à l'acte chaque fois qu'ils ont menacé Pékin de sanctions commerciales.

Et ces réussites, obtenues sans concessions apparentes, seraient pleinement couronnées si la Chine était prochainement admise dans l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), selon les analystes.

(Source: AFP) (TIBET INFO 3 juillet 96)