Le 1Oème Panchen Lama, longtemps considéré comme collaborateur de Pékin, avait dès 1962 (il avait alors 24 ans) accusé la Chine de mener des arrestations massives et des exécutions politiques, dans un rapport secret où il affirmait être l'objet des critiques féroces de la part du régime.
Dans ce rapport, cité par le TIN, le Panchen Lama, alors âgé de 24 ans, avait accusé Pékin d'affamer les Tibétains et exprimait les craintes d'une police chinoise qui avait pour directive d'éliminer la religion et la race tibétaine.
Le Panchen Lama avait envoyé ce rapport de 120 pages connu comme "la pétition des 70.000 caractères" au Premier ministre chinois d'alors Chou Enlai le 18 mai 1962. Certaines mesures, reprenant les suggestions du rapport, avaient été prises, mais la reprise de la lutte des classes annoncée le mois d'août suivant par Mao Tsé Toung en avait entraîné la suppression.
Le Panchen Lama avait alors été appelé à Pékin où il avait passé 14 des 15 années suivantes en prison ou en résidence surveillée.
L'évocation de l'écrasement du soulèvement tibétain contre Pékin en 1959, est l'un des points majeurs de ce rapport hautement critique. Le Dalaï Lama avait pris le chemin de l'exil après ces représailles.
"Dans chaque zone, 10.000 (Tibétains) ou plus ont été arrêtés. Bons ou mauvais, innocents ou coupables, tous ont été arrêtés contrairement à n'importe quel système légal existant n'importe où dans le monde". La majorité des hommes étant en prison, le travail devait être fait par les femmes, les vieillards et les enfants.
Le document accuse Pékin d'avoir mené une politique de punition collective au cours de laquelle des Tibétains ont été exécutés parce qu'ils avaient des parents impliqués dans le soulèvement.
Le rapport estime également que le Tibet a probablement été la pire région touchée par la famine qui a ravagé la Chine pendant 3 ans après la désastreuse politique des communes populaires lancée par Mao avec le Grand bond en avant en 1958.
Selon des rapports chinois, la famine avait fait environ 15 millions de morts, mais des experts occidentaux ont estimé que le bilan s'est élevé de 30 à 40 millions de morts (Au Qinghaï cela représentait 45 % de la population, selon le Panchen Lama, éradiquant des familles entières).
Avec les cuisines communales imposées, la ration quotidienne était limitée à 180 grammes de grains par jour.
Quant à la religion, le Panchen Lama affirmait dans ce rapport que déjà, sur les 2.500 monastères de ce qui est aujourd'hui la "Région Autonome du Tibet" (Kham et Amdo exclus), seuls 70 subsistaient, et 93 % des moines et nonnes avaient déjà été expulsés des monastères 4 ans avant la Révolution Culturelle, qui est pourtant généralement considérée comme responsable des destructions de monastères.
En 1980, Hu Yaobang tenta d'apporter de nombreuses réformes bénéfiques au Tibet, mais il fut démis de ses fonctions en 1987. (Source: AFP et TIN - 5 oct 96) (Tibet Info 6 octobre 96)