La Chine a mis en garde les bouddhistes tibétains contre "des pratiques non conformes au socialisme", agitant la menace d'un renforcement de la répression dans les temples tibétains, trop perméables selon elle à la prêche "séparatiste" du Dalaï-Lama.

Selon le Quotidien du Tibet reçu le 13 novembre à Pékin, la vie religieuse dans la Région autonome doit être l'objet d'une "réforme en profondeur", afin d'assurer une reprise en main dans des zones ayant échappE ces dernières années au contrôle du Parti communiste.

"C'est le bouddhisme qui doit se conformer au socialisme, et non pas le socialisme au bouddhisme", a proclamé l'éditorial signé, soulignant que les bonzes et les religieuses "doivent accepter consciencieusement" la direction du gouvernement et du Parti.

"Cela ne signifie pas qu'ils doivent abandonner leurs croyances, mais qu'ils doivent soutenir le socialisme et le Parti, réformant les pratiques non conformes au socialisme".

Cette sévère mise en garde a été considérée par les observateurs comme l'annonce d'une répression accrue dans les temples, déjà visés par une campagne d'"éducation patriotique" déclenchée il y a quelques mois.

Rappelant la formule de Karl Marx selon laquelle la religion est "l'opium du peuple", l'auteur de l'article publie des chiffres qui se veulent autant de pièces à conviction.

Début 1996, le nombre de temples recensés sur le Toit du monde atteignait 1.787, soit "plus que celui des villes grandes et moyennes", et le nombre de bonzes atteignait 46.000, soit "plus que le nombre de lycéens". La construction de temples et l'entretien de ses occupants demandent des ressources toujours plus importantes, au détriment de celles requises dans d'autres domaines, comme l'éducation, assure le journal officiel, qui va jusqu'à accuser quelques temples d'avoir soutiré de l'argent aux populations les plus pauvres. "Si on est arrivé à cet état de faits, c'est bien à cause du relâchement du contrôle de l'administration sur les affaires religieuses, et à cause des erreurs commises ces dernières années".

Ce "relâchement" a facilité "l'infiltration du bouddhisme tibétain dans tous les domaines de la vie économique et sociale de la Région, ainsi que son interférence avec la politique", dénonce l'auteur. Cette évolution "n'est favorable ni aux intérêts de la Chine ni à ceux de la modernisation du Tibet", insiste-t-il.

Selon le journal, les autorités doivent mettre fin à la "confusion idéologique" créée par "la clique" du Dalaï-Lama. "Certains temples sont directement ou indirectement contrôlés par la clique du Dalaï, et sont devenus des QG des forces Etrangères favorables à la séparation du Tibet du reste de la Chine", proclame l'Editorial, identifiant les moines comme la "colonne vertébrale" des forces séparatistes. "Nous devons définir une stratégie pour protéger les intérêts suprêmes de l'Etat, identifiant et critiquant les séparatistes, quels qu'ils soient et où qu'ils se trouvent". (Source: AFP 13 novembre 96) (Tibet Info - 17 novembre 1996)