La Chine redoute que la première visite historique du Dalai Lama à Taiwan n'aboutisse "à un pacte entre le diable et le démon" que représentent pour Pékin le président taiwanais Lee Teng- hui et le leader spirituel tibétain, accusés de vouloir diviser la patrie. "Le symbole est lourd de signification pour les Chinois, qui craignent avant tout que les autorités taiwanaises ne profitent de l'occasion pour modifier le statu quo sur le Tibet auquel ont toujours adhéré Pékin et Taipeh", a estimé un diplomate. "Les positions au sujet de la question tibétaine sont en train d'évolue r à Taiwan, sous la pression notamment despartisans de l'indépendance de l'île". "Le président Lee Teng-hui, que Pékin considère comme sa bête noire, pourrait être tenté de faire un coup médiatique en recevant le Dalai Lama, autre ennemi juré des Chinois, et faire à cette occasion des promesses généreuses sur l'autonomie du Tibet afin de se donner une image de progressiste", a-t-il estimé. Des députés du parti d'opposition indépendant
iste DPP (Parti progressiste démocratique) font pression à Taiwan pour que le Dalai Lama soit reçu comme un invité d'Etat et soit autorisé à s'exprimer devant le Parlement. M. Lee a dit mardi à des députés du DPP qu'il rencontrerait le Dalai Lama, mais le bureau de la présidence s'est refusé à tout commentaire afin de ne pas irriter Pékin. Le frère du chef spirituel tibétain, Gyalo Thondup, tente d'apaiser les esprits en affirmant que cette visite, organisée à l'invitation de l'Association bouddhiste, est surtout destinée à "promouvoir les échanges religieux (avec Taiwan)". Il a déclaré à son arrivée à Taipeh qu'il avait fait "un rapport détaillé" aux autorités de Pékin sur cette visite et que le gouvernement chinois avait réagi "plutôt bien", malgré quelques critiques. Le quotidien China Daily a cependant décoché le 19 mars ses premières flêches en direction du Dalai Lama et de M. Lee, accusés de "mener un même combat destiné à diviser la Chine". Selon les diplomates, la Chine craint que toute promesse des
autorités taiwanaises sur une autonomie élargie au Tibet suscite des revendications dans l'autre régio n sensible du Xinjiang (nord-ouest), en proie à une campagne terroriste menée par des séparatistes musulmans. (Source: Tibet Info/AFP 20 mars 97)