La première grande centrale hydroélectrique du Tibet, dont la construction à proximité du lac Yamdrok avait déclenché une controverse avec la population locale, a été officiellementinaugurée le 25 juin, selon le gouvernement régional. La centrale, qui utilise l'eau du lac Yamdrok, l'un des quatre lacs sacrés du Tibet, a commencé à produire de l'électricité à destination de Lhassa, la capitale de la Région Autonome située à une centaine de km au nord. Quatre générateurs importés d'Autriche fourniront au total 100 000 kw, a déclaré au téléphone un responsable du Département de l'Industrie et de l'Energie du Tibet.
Le premier générateur est entré en service le 25 juin, après 72 heures d'essais, et les trois autres seront connectés "d'ici septembre".
En raison de la colonisation, le Tibet souffre d'une grave pénurie d'énergie et la centrale est l'un des grands projets initiés par Pékin pour doubler la production d'électricité d'ici l'an 2000.
Mais dès le départ, le projet, bien que nécessaire au développement de la région, avait suscité une vive controverse avec la population tibétaine, qui considère comme un sacrilège l'utilisation de l'eau du lac Yamdrok Tso, censé abriter des divinités bouddhistes.
En outre, les détracteurs du projet craignaient que ce lac "mort", encaissé à 4 500 m par de hautes montagnes, soit asséché en l'espace de quelques décennies par le pompage de la centrale.
Et comme si le projet était marqué par le mauvais sort, sa construction avait dû être interrompue pendant de longs mois à la suite d'un grave accident de chantier en 1995 qui auraitcausé la mort de plusieurs ouvriers.
Selon certaines informations circulant à Lhassa, le responsable des travaux serait en prison, après avoir été reconnu coupable d'avoir trafiqué sur la qualité des matériaux utilisés.
Afin d'apaiser les craintes de la population locale, les concepteurs de la centrale ont mis au point un système permettant de pomper pendant la nuit de l'eau du fleuve Tsangpo (Brahmapoutre) et de la déverser dans le lac, afin de le maintenir à niveau, a indiqué le responsable joint par téléphone à Lhassa.
NdlR C'est là l'une des grandes craintes de ce système : le lac Yamdrok a une eau très pure, alors que le Tsangpo est pollué et charrie des alluvions de nature différente de celles du lac, risquant ainsi de tuer toute vie du lac.
(Source : 36 15 Tibet Info/AFP 26 juin 97)