De septembre à octobre 1996, 308 Tibétaines ont été stérilisées en 22 jours dans le seul district de Takar (district de Chushur, dépendant de la ville de Lhassa). Nyima Dolma, agée de 27 ans, originaire de Takar, est décédée à la suite d'une stérilisation. Elle était en excellente santé avant l'opération. D'autres femmes ainsi mutilées souffrent de graves troubles et doivent assurer elles mêmes les dépenses médicales nécessaires à leur traitement. Les témoins de ces faits, arrivés récemment en Inde, rapportent qu'un véritable commando médico-administratif est intervenu, obligeant toutes les femmes ayant eu plus de trois grossesses, à être stérilisées sur le champ. Selon d'autres témoins, une initiative identique a touché, en juin 1996, la région de Nyangral, dans la banlieue de Lhassa. De surcroît, tous les couples désirant avoir un enfant devaient se soumettre à un tirage au sort : les femmes déjà enceintes de plusieurs moisqui ne gagnaient pas à cette sinistre "loterie" étaient forcées d'avorter. Un couple ayant "gagné" deux fois était exclu à vie. Tout enfant né illégalement est exclu de toute forme d'éducation et deprotection sociale, et ses parents sont soumis à une amende de 500 yuans (équivalant à un mois de salaire élevé). Conscients du caractère inhumain de ces traitements, les autorités chinoises, afin d'en masquer l'importance, ont adressé à tous les services officiels une note leur enjoignant de bannir les termes "d'avortement chimique", "d'avortement chirurgical" et de "stérilisation", et de parler désormais de "centres de planning familial" ou d'interventions en "centres opératoires". Selon le Centre Tibétain pour les Droits de l'Homme et la Démocratie,l'ensemble de ces mesures peut être considéré comme une violation directe de l'article 16 de la Convention des Nations-Unies sur l'élimination de toute forme de discrimination contre les femmes, dont la Chine est signataire, qui protège le droit de toutes les femmes
"à décider librement du nombre de leurs enfants et du moment de leur naissance".
(Source : 36 15 Tibet Info/Centre Tibétain pour les Droits de l'Homme et la Démocratie.)
Traduction : C.S.P.T. (Lettre du Tibet n. 42, juillet 97)