Rigzin Choenyi est née vers 1975 dans un petit village tibétain, Tchoutcheu, situé à 35 km de Lhassa. Se sentant très attirée par l'enseignement de Bouddha, elle choisit de rejoindre le monastère de Chungseb afin d'y mener une vie religieuse et y étudier. En 1987 (ou 88 ?) les autorités chinoises donnent l'ordre de remplacer les cours de bouddhisme par des cours de communisme. Rigzin Choenyi, profondément choquée et peinée, découvre ainsila situation politique de son pays et plus particulièrement l'oppression chinoise dans les monastères tibétains. En 1988 (ou 89 ?), fermement déterminée à défendre la liberté religieuse de son pays, elle se rend en compagnie d'une trentaine de nonnes et de moines à une manifestation pacifique dans les rues de Lhassa, revendiquant la liberté au Tibet. Elle revient saine et sauve à son couvent mais la direction l'expulse. Elle passe ensuit
quelques mois auprès d'amis et de sa famille dans le Kongpo. Toujours douloureusement révoltée par l'oppression chinoise au Tibet qui la prive de ses études de textes bouddhiques, elle revient à Lhassa pour participer à une autre manifestation pacifique. Elle s'y fait arrêter en même temps que 6 autres nonnes, et est incarcérée provisoirement dans la prison de Gutsa où elle subit des interrogatoires sous la torture : suspendue au plafond par les poignets ligotés, battue avec des ceinturons,
des crosses d'armes, des cordes et des matraques électriques, brûlée par des cigarettes, ... Après un simulacre de procès, elle écope de 7 années de détention et est envoyée à Drapchi. Là, en plus des conditions difficiles, elle continue à subir régulièrement la torture, surtout lorsqu'elle est surprise à prier ou à aider ses compagnes de cellule torturées. Le plus douloureux fut pour elle d'assister à la souffrance de ses camarades et plus particulièrement d'en voir mourir certaines suite aux mauvais traitements. En mars 1992, afin de célébrer le Nouvel An tibétain et de commémorer le soulèvement de Lhassa (1959), les détenus politiques de sa section décident de revêtir des habits civils pour protester. Tous les "manifestants" sont sévèrement chatiés, torturés...
Rigzin Choenyi est sauvagement battue. Les gardes lui brisent une jambe dont elle souffre encore, cet été 1997, et la fait boiter. Comme beaucoup d'autres prisonniers, elle est contrainte à des "dons" de sang à outrance, et fut hospitalisée durant un mois suite à l'un de ces "dons". Libérée en septembre 1995 après 6 ans de détention à Drapchi, et très attachée à ses études religieuses, elle choisit l'exil, ne pouvant rejoindre
aucun monastère au Tibet. Rigzin est une jeune femme très simple et plutôt timide. Son regard profond révèle le souvenir douloureux de ce à quoi elle a assisté dans les geôles chinoises. Son visage reflète une très grande peine à laquelle il est bien
difficile de rester indifférent. Elle parle rarement d'elle, mais raconte volontiers les larmes aux yeux les souffrances de ses amies, mortes sous la torture.
(Source: 36 15 Tibet Info)