Par Lorien HOLLAND
PEKIN, 16 sept (AFP) - Pékin a catégoriquement refusé mardi de rouvrir le dossier du massacre de la place Tiananmen en 1989, et de se montrer plus clément vis-à-vis des personnes emprisonnées pour délit d'opinion.
Cette fin de non-recevoir à toute libéralisation du régime a été formulée par le ministre de la Justice Xiao Yang, qui a réaffirmé la validité du verdict sur les manifestations pro-démocratiques de la place Tiananmen, officiellement qualifiées d'"événements contre-révolutionnaires".
M. Xiao a également déclaré que les dissidents emprisonnés s'étaient rendus coupables de graves violations de la loi, et que les maladies invoquées par certains d'entre eux pour demander une libération conditionnelle n'étaient que des mensonges.
"Le Parti a déjà rendu son jugement depuis longtemps (au sujet de Tiananmen) et il n'y aura pas de modification", a dit Xiao Yang, lors d'une conférence de presse en marge du XVème Congrès du Parti Communiste Chinois à Pékin.
Des centaines de Chinois ont péri la nuit du 3 au 4 juin 1989, lors de l'entrée de l'armée à Pékin pour mettre un terme à presque deux mois de manifestations pro-démocratiques qui avaient fait vaciller le régime.
Les familles des victimes, ainsi que les dissidents et de nombreux intellectuels libéraux, attendent en vain, depuis huit ans, que le gouvernement réhabilite le mouvement.
Les déclarations du ministre semblent réduire à néant les derniers espoirs de voir cette question à l'ordre du jour du XVème Congrès, et a fortiori celle d'une libéralisation du régime.
Ces dernières semaines, un certain nombre d'intellectuels et des membres du PCC avait prôné une relance des réformes politiques, incluant l'organisation d'élections libres, pour accompagner les réformes économiques. Mais selon Xiao Yang, "le plus important, c'est d'adhérer à la direction du Parti communiste".
Les déclarations du ministre semblent réduire à néant les derniers espoirs de voir cette question à l'ordre du jour du XVème Congrès, et a fortiori celle d'une libéralisation du régime.
Ces dernières semaines, un certain nombre d'intellectuels et des membres du PCC avait prôné une relance des réformes politiques, incluant l'organisation d'élections libres, pour accompagner les réformes économiques.
Mais selon Xiao Yang, "le plus important, c'est d'adhérer à la direction du Parti communiste".
"Nous devons adhérer et améliorer notre système, sans jamais copier le modèle occidental", a-t-il insisté.
Bien que les libertés d'expression et de manifestation soient garanties par la constitution, le Parti accuse de "tentatives de sédition" ceux qui osent se servir de ces droits pour exprimer des voix divergentes.
En accord avec cette vieille habitude, M. Xiao a justifié l'incarcération des deux dissidents les plus célèbres, Wei Jingsheng et Wan Dan, accusés de tentative de renversement du gouvernement.
Le ministre les a même accusés de faire semblant d'être malades, pour obtenir une libération conditionnelles pour raisons médicales.
"La famille de Wei Jingsheng affirme qu'il n'est pas en bonne santé, pour émouvoir l'opinion publique et obtenir une libération conditionnelles pour raisons médicales", a déclaré le ministre.
"Quant à Wang Dan, il est en assez bonne santé. Il n'a que quelques problèmes de gorge, et aucune maladie grave. Il n'est pas en conséquence qualifié pour obtenir une libération conditionnelle", a affirmé le ministre.
Le département d'Etat américain et le Parlement européen ont fait état de leur préoccupation en juin dernier, à la suite de rapports selon lesquels M. Wei, âgé de 47 ans, a été passé à tabac par ses co-détenus dans une prison à l'est de Pékin.
Wei Jingsheng a été condamné en 1995 à 14 ans de prison, après avoir passé presque 15 ans derrière les barreaux, en raison de sa participation au Mur de la démocratie à la fin des années 70.
Son frère, Wei Xiaotao, s'est étonné des propos du ministre.
"Je ne sais pas sur quoi il se base pour affirmer que Wei Jingsheng n'est pas malade", a-t-il dit.
"Le ministère de la Justice devrait être au courant de son état de santé", a-t-il ajouté, soulignant qu'"en entrant en prison, Wei Jingsheng a subi un examen médical au cours duquel on lui a diagnostiqué des problèmes cardiaques et une pleurésie".
La famille de Wang Dan a également réagi aux déclarations du ministre.
"Wang Dan a subi plusiers examens médicaux. On lui a diagnostiqué une pharyngite et des vertiges très forts" a dit la mère du dissident, Mme Wang Lingyun.
"L'état de Wang Dan ne peut que s'aggraver, avec la sécheresse et les grands froids qui commencent dans la région où il est interné", a ajouté la mère du dissident, qui lui a rendu visite pour la dernière fois le 13 septembre, dans la prison du Liaoning (nord-est).
Wang Dan, 27 ans, un des principaux leaders étudiants du mouvement démocratique de 1989, a écopé l'an dernier d'une peine de 11 ans de prison, pour "crimes contre-révolutionnaires".
(AFTL - 16/09/97)