PEKIN, 16 sept (AFP) - Le ministre de la Justice, Xiao Yang, a accusé mardi les deux plus célèbres dissidents chinois, Wei Jingsheng et Wang Dan, de simuler des états de maladie afin d'être libérés sur parole pour des raisons médicales.

Ces allégations ont été aussitôt rejetées par les familles des MM. Wei et Wang, qui ont demandé au ministre de s'en tenir aux diagnostics delivrés par les autorités de la prison.

"La famille de Wei Jingsheng affirme qu'il n'est pas en bonne santé, dans le but de toucher l'opinion publique et d'obtenir une libération sur parole pour des raisons médicales", a déclaré le ministre à la presse.

"Pour obtenir une libération sur parole pour des raisons médicales, il faut cependant répondre à des critères strictes. Si Wei Jingsheng y répondait, il pourrait (...), comme tout autre prisonnier, obtenir cette opportunité", a ajouté M. Xiao.

"Quant à Wang Dan, il est en assez bonne santé. Il n'a que quelques problèmes de gorge, et aucune maladie grave. Il n'est pas en conséquence qualifié pour obtenir une libération sur parole", a affirmé le ministre.

Mme Wang Lingyun, la mère de Wan Dan, a aussitôt rejeté ces déclarations.

"Wang Dan a subi plusiers examanes médicaux. On lui a diagnostiqué une pharyngite et des vertiges très forts" a déclaré Mme Wang au téléphone.

"L'état de Wang Dan ne peut que s'aggraver, avec la sécheresse et les grands froids qui commencent dans la région où il est interné", a ajouté la mère du dissident, qui lui a rendu visite pour la dernière fois le 13 septembre, dans la prison de Liaoning (nord-est).

Wei Xiaotao, le frère de Wei Jingsheng, s'est montré de son côté étonné des propos du ministre. "Je ne sais pas sur quoi il peut se baser pour affirmer que Wei Jingsheng n'est pas malade", a-t-il dit.

"Le ministère de la Justice devrait être au courant de son état de santé", a-t-il ajouté, soulignant qu'"en entrant en prison, Wei Jingsheng a subi un examen médical au cours duquel on lui a diagnostiqué des problèmes cardiaques et une pleurésie".

Wei Jingsheng, âgé de 47 ans, appelé "le père du mouvement démocratique chinois", a été condamné en 1995 à 14 ans de prison. Il avait déjà passé presque 15 ans derrière les barreaux, en raison de sa participation au Mur de la démocratie à la fin des années 70.

Wang Dan, 27 ans, un des principaux leaders étudiants du mouvement démocratiques reprimé dans le sang place Tiananmen, en 1989, a de son côté écopé l'an dernier d'une peine de 11 ans de prison, pour "crimes contre-révolutionnaires.

(AFTL - 16/09/97)