DECLARATION DU PRESIDENT DE L'UEF SUR L'ELECTION EUROPEENNE
par Francesco Rossolillo Bruxelles
Le Débat Fédéraliste VII N.2, 1994
Malgré la diversité des développements de politique intérieure en cours dans les pays de l'Union, qui ont rendu plus difficile la lecture des résultats de l'élection du 9-12 juin derniers, trois données importantes ressortent d'une première analyse du scrutin:
1) Dans le nouveau Parlement les forces qui se sont déclarées en faveur du Traité de Maastricht disposent d'une solide majorité. Ce fait renforcera la capacité d'action du Parlement, compte tenu des nouveaux pouvoirs que le traité lui attribue, en particulier de celui de décider du destin de la nouvelle Commission par son vote de confiance.
2) Cette affirmation des partis pro-européens a été nette aussi en Allemagne et en France, c'est-à-dire dans les deux pays auxquels incombe, au sein du Conseil, la responsabilité de faire avancer le processus d'unification monétaire et de démocratisation des institutions, parallèlement à la réalisation de l'élargissement de l'Union. En même temps il ne faut pas sous-estimer le fait que les travallistes se sont affirmés en Grande-Bretagne en soutenant l'adoption du protocole sur la politique sociale joint au Traité de Maastricht.
3) Parmi les forces politiques pro-européennes, celles qui ont su se présenter aux électeurs avec des positions franchement favorables à l'union politique et monétaire ont gagné, tandis que celles qui ont choisi une attitudes ambigüe ont perdu des voix au profit des tendances clairement nationalistes et anti-européennes.
Ces facteurs positifs sont à leur tour indubitablement renforcés par les résultats du référendum en Autriche, qui ont démontré, entre autre, que l'état d'esprit de l'opinion publique par rapport à l'Europe peut évoluer rapidement dans un sens positif pourvu qu'elle soit correctement informée par la classe politique et les media.
Au cours de la prochaine législature, avec les échéances de la Conférence intergouvernementale de 1996 et de l'Union monétaire, le Parlement Européen aura une opportunité décisive pour faire valoir le pouvoir constituant qu'il détient en tant que représentant du peuple européen.
Mais pour que le Parlement puisse exploiter cette opportunité, il faut que les forces politiques démocratiques dans tous les Etats de l'Union, en reconnaissant la priorité absolue de la lutte pour l'unification européenne, le soutiennent vigoureusement, sous peine de laisser le champ libre aux forces national-populistes qui, tout en étant minoritaires pour l'instant, se manifestent partout en Europe. Cela signifierait sonner le glas du rêve européen et faire resurgir les spectres d'une passé tragique qu'on croyait à jamais révolu.