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Gazzo Emanuele, Agence Europe - 1 ottobre 1994
HOMMAGE A EMANUELE GAZZO (16)

SPINELLI. LA FORCE DE LA VISION

de Emanuele Gazzo

(Agence Europe, Lundi/Mardi 19 et 20 septembre 1988)

Une lecture attentive de la lettre qu'Altiero Spinelli adressait le 30 juillet 1952 (donc, il y a 36 ans) à Paul-Henri Spaak, dont le texte inédit a été publié, permet de saisir certains parmi les facteurs essentiels qui ont été à la base de la pensée et de l'action de ce pionnier de l'Europe. Il est utile de le souligner parce qu'ils fournissent la clé pour comprendre le rôle que Spinelli et quelques autres homme "de vision" ont joué pendant une des périodes les plus obscures de l'histoire de notre Continent, lorsque l'Europe sortait déchirée et affaiblie de la deuxième guerre mondiale. C'est une occasion aussi pour réfléchir à la stratégie qui doit relancer le processus d'unification politique de l'Europe.

Le premier de ces facteurs porte sur la méthode de l'action. Spinelli, comme d'ailleurs Monnet (dont il avait écrit: "il sera certainement un des bâtisseurs de l'Etat Européen"), après avoir défini, sur la base d'une analyse lucide de la situation, l'objectif de l'action, estime que celle-ci pourra être entreprise par "une poignée d'homme" en mesure de pousser les responsables politiques à prendre des décisions allant dans la bonne direction. Un exemple de cette méthode est d'ailleurs l'action que Spinelli déploya personnellement pour convaincre De Gasperi à obtenir l'application par anticipation de l'art. 38 du Traité de la CED, et convoquer ainsi l'Assemblée ad hoc, avec rôle constituant, qui adopta en mars 1953 le projet de Statut de la Communauté politique.

Malheureusement, il devint bientôt clair à l'époque que la France n'aurait pas ratifié le traité CED (qu'elle avait cependant signé) et le processus déclenché par l'adoption du Statut fut bloqué. L'une des raisons de l'échec fut cependant aussi l'insuffisante mobilisation populaire en faveur du projet. Spinelli l'avait prévu et c'est pourquoi dans sa lettre, il écrit: "il faut se préparer à la conquête de l'opinion publique et aux élections européennes". Spinelli avait toujours pensé que, sans l'appui le plus large de l'opinion, le résultat des pressions politiques, et des réalités objectives, n'aurait été que partiel.

Le deuxième facteur qui caractérise l'approche spinellienne est la lucidité avec laquelle il juge les hommes et les institutions. Dans sa lettre, largement consacrée à la recherche des moyens pour mobiliser l'opinion, il constate froidement qu'aucune des organisations européennes existantes ne pouvait jouer le rôle de force populaire d'impulsion. C'est pourquoi, il proposait de créer une "Ligue pour la Fédération Européenne" dont il précisait les tâches. Son jugement est particulièrement sévère à l'égard de ce "Mouvement Européen" qui pourtant avait été à l'origine du Congrès de La Haye de 1948. Le M.E., écrit Spinelli, "englobe dans ses organes directeurs des groupes qui sont contraires à cette action" (pour la Fédération). En outre, "la formule du Conseil National est stérile ... il est caractéristique que ces Conseils ne peuvent vivre qu'avec des subsides des gouvernements". Jusqu'à quel point les choses ont-elles changé depuis? On peut se poser la question, après avoir lu ce qu'Alexandre Marc a écrit ("L

'Europe en formation" Printemps 1988) sous le titre: "La Haye: quarante ans après", en rappelant que si le premier Congrès de La Haye "était né d'une inspiration, d'une idée, d'une initiative fédéraliste", à La Haye N·3 (le 40ème anniversaire organisé par le Mouvement Européen) aucune voix fédéraliste ne s'était fait entendre en plénière et que l'intervention prévue de M. Marc lui-même, symbole de la continuité fédéraliste, fut simplement annulée...

Un troisième facteur mérite d'être souligné: tout en ne se faisant guère d'illusions, Altiero Spinelli n'a jamais renoncé à l'action et n'a jamais baissé les bras. Dans un passage de ses mémoires (encore inédits), il énumère, sans se plaindre, ses défaites. Il conclut cependant: "La possibilité d'une défaite doit toujours être acceptée avec objectivité au début de toute aventure créatrice. Il faut comprendre que la valeur d'une idée, beaucoup plus que par son succès final, se prouve par sa capacité de renaître de ses défaites". Des progrès irréversibles ont été accomplis entre-temps, mais le combat doit se poursuivre face à "l'absence de courage et de vision, qui caractérise depuis longtemps la classe politique européenne", pour employer les termes par lesquels s'est exprimé l'ancien chancelier Helmut Schmidt lors de la "Rencontre Euro 92" qui s'est tenue à Paris en début d'année."

 
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