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Gazzo Emanuele, Agence Europe - 1 ottobre 1994
HOMMAGE A EMANUELE GAZZO (19)

LES "AMOUREUX" DE L'EUROPE

de Emanuele Gazzo

(Agence Europe, Lundi/Mardi 8 et 9 novembre 1993)

L'Union européenne est née au milieu des moqueries banales des uns (le jour de la Toussaint, donc un jour férié, la veille du jour des Morts, bien funeste présage, etc.), l'incrédulité d'autres (on ne sait même pas comment l'appeler), l'arrogance d'autres encore (une construction dépassée par les événements). Les plus indulgents ont parlé de "naissance dans la confusion": il s'agit d'individus qui ne savent pas que lorsqu'un "nouveau-né" arrive, même dans la plus aseptique des cliniques ou dans le plus lucide des cerveaux, un moment d'émotion, donc de confusion, se produit, tout naturellement...

Avouons que ces réactions, inspirées en général non pas par une analyse critique objective, mais par le parti pris, le dépit, l'ennui, les calculs de boutiquiers, ont plutôt surpris. Doit-on juger un événement comme celui-ci uniquement sur la base de l'évaluation des bénéfices que certains peuvent en tirer ou des contraintes que l'un ou l'autre doit subir? Ou des règlements de compte entre les courants d'un même parti? Il est vrai qu'il faut "tordre le cou à l'éloquence" et cela aussi parce que les temps sont difficiles (interrogez votre mémoire "longue" et dites-nous quand les temps ont été faciles pour tous), mais il ne faut pas pour autant feindre d'ignorer que la Communauté a été "un puissant mouvement de fond à la mesure des époques de l'histoire" (Jean Monnet), et que cela est devenu encore plus vrai pour l'Union.

Certes, Jacques Delors l'a dit plus d'une fois: "Qui pourrait devenir amoureux d'un marché unique?". Au même titre, on se demande: "qui deviendrait amoureux d'une zone de libre-échange?". Donc, égalité partout? Pas précisément, parce que le marché unique n'est qu'un des moyens de ce "puissant mouvement de fond" qui implique l'existence d'un projet. Un projet qui, plus qu'un rêve, est une vision de l'avenir d'une société, de peuples qui ont choisi d'avancer ensemble vers un objectif commun.

Peut-on tomber amoureux d'un rêve, d'une vision de notre avenir ? Sans doute, on le peut. Et enfin, quelqu'un a dit ce que l'on devait dire, avec les mots qu'il fallait. Nous parlons de Bertrand Poirot-Delpech et de son article paru dans le "Monde" du 3 novembre sous le titre "Europe, mon amour". Avec les mots qu'il fallait parce que dès l'entrée dans le sujet, il s'exclame: "Il y en a assez du soupçon ricanant à quoi s'expose tout élan du coeur ! L'Europe croit se faire par la rationalité, et c'est d'affectif qu'elle manque". Comment l'affectif peut-il s'éveiller à l'égard de l'Europe par exemple, chez quelqu'un qui aime son pays ? "Le rétrécissement de la planète assigne nos tendresses de citoyen des frontières élargies", répond Poirot-Delpech tout en écartant tout "chauvinisme de remplacement dans l'envie d'Europe", car: "rien à faire, un instinct veut que, aux quatre coins de ce continent déchiqueté et secrètement uni, nous nous sentions chez nous plus qu'ailleurs. Sans parler du battement de coeur propr

e à toute retrouvailles. D'où la réponse à certaines craintes: "Le pré carré qui recommence ? L'esprit propriétaire ? Un peu, c'est vrai. Et il n'est pas loin, l'antique besoin de frontières où l'identité, de plus en plus artificielle, se fortifie de désigner le métèque... Méfions-nous du tour de parc: de l'esprit du clocher". La multiplicité des langues n'est-elle pas une barrière infranchissable qui nous divise? Poirot-Delpech répond vertement aux eurosceptiques qui, avec une joie mauvaise, nous disent: "même pas une langue en commun !" Et bien oui: "il n'y a pas à le déplorer, quand on voit que le partage d'une même langue n'a évité ni la guerre de Sécession, ni la guerre civile espagnole, ni le déchirement de l'ex-Yougoslavie. L'Europe parlait dix langues avant la fin du communisme, la voilà riche d'une vingtaine d'autres. C'est sa chance. Elle sera mosaïque polyglotte ou ne sera pas, sans pôle dominant, prête à reconnaître les apports extérieurs, comme la Rome impériale a assimilé la Grèce, machine à in

tégrer en douceur, sans l'aide d'Eglises, de partis ou d'armes...".

Etre capables de rêver. Souvenons-nous de ce que disait un autre grand "pragmatique", Paul-Henri Spaak, le lendemain de la signature des traités de Rome: "pour réussir, un homme politique doit savoir rêver". Aimer, n'est-ce pas d'abord rêver ?

 
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