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Gazzo Emanuele, Agence Europe - 1 ottobre 1994
HOMMAGE A EMANUELE GAZZO (22)

LA GRANDE-BRETAGNE ET L'INTEGRATION EUROPEENNE: INCOMPATIBILITE?

de Emanuele Gazzo

(Agence Europe, Jeudi 10 mars 1994)

Dans ses mémoires ("Combats inachevés"), Paul-Henri Spaak, en évoquant les débats qui avaient lieu à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe au sujet de ce qu'on appelait à l'époque "le plan Schuman", c'est-à-dire le projet de traité instituant la Communauté européenne du Charbon et de l'Acier, écrit que ces débats »firent apparaître des divergences fondamentales que l'on n'avait pas soupçonnées jusque-là et que l'on espérait surmonter par d'inutiles compromis... Beaucoup commencèrent à réaliser qu'il serait impossible de faire l'europe avec les Britanniques . Jean Monnet, qui s'était rendu personnellement à Londres pour y plaider la cause européenne, et qui avait reçu une réponse totalement négative du gouvernement (travailliste) de l'époque, aboutissait à la même conclusion, mais avec une nuance importante. Avec les Britanniques, disait-il, inutile de discuter: il faut les mettre face au fait accompli, démontrer que ce que nous faisons fonctionne: ils viendront avec nous. Un scénario analogue se d

éroula lors de la préparation des Traités de Rome. Déjà à la Conférence de Messine en 1955, les Six membres de la CECA adressèrent aux Britanniques l'invitation à participer aux négociations qui devaient se dérouler à Bruxelles (Val Duchesse) sous la direction de ... Paul-Henri Spaak. En fait, Londres dépêcha à Bruxelles un observateur qui fut très rapidement rappelé: le gouvernement, réellement inquiet de voir les Six "dériver" vers le "supranational", ayant essayé, en vain, dans le cadre de celle qui s'appelait encore OECE, de faire renoncer les Six à leur projet, en leur proposant la création d'une large zone de libre-échange, prit l'initiative d'organiser celle qui fut appelée "l'Europe des Sept", à savoir l'Association européenne de libre-échange". Or, moins d'un an après la mise en marche de l'AELE, la Grande-Bretagne, suivie par certains de ses partenaires, demandait à négocier son adhésion à la Communauté!

Ce changement de cap ne s'explique pas uniquement par le retour des Conservateurs (qualifiés depuis lors "le parti de l'Europe") au pouvoir: ils avaient tout simplement constaté que: (a) malgré tout, la Communauté "ça marchait"; (b) sur le plan du fonctionnement institutionnel, "cela aurait pu marcher" à la condition d'"être dedans". Le choix fondamental non pas de la totalité mais, apparemment, d'une majorité des Britanniques, portait et porte toujours sur un type d'organisation où le facteur "intergouvernemental" serait prépondérant. Ceux qui ont accepté, malgré leur hostilité de principe, de faire partie d'une Communauté qui se développe à l'enseigne de l'"intégration" tant détestée, l'ont fait dans la conviction qu'étant à l'intérieur, ils auraient pu infléchir, modérer, voir renverser la tendance dominante vers une intégration plus poussée et étendue progressivement au domaine monétaire et surtout politique. Pendant dix ans, Mme Thatcher a combattu avec opiniâtreté dans cette bataille. Mais elle a dû pr

ogressivement céder du terrain: notamment en acceptant, un "sommet" après l'autre, l'Acte unique et la mise en marche de l'Union économique et monétaire et de l'Union politique. Elle a été remplacée par M. Major, mais celui-ci, tout en essayant de ménager ses euro-sceptiques, a su gagner la bataille pour l'élargissement, conçu par Londres surtout comme la recherche d'alliés en vue d'instaurer un nouvel équilibre d'intérêts (Nord versus Sud) et de finalités, favorable à ses thèses, celles exposées dans le fameux article de l'"Economist" (attribué à la plume de Sarah Hogg).

La querelle sur la minorité de blocage, dont on a réalisé seulement maintenant combien elle est importante, a son origine dans cette volonté de passer (tout doucement si possible ...) des mécanismes de décision "intégrationnistes" à celui du "consensus" (Londres a été énormément aidée en cela par la politique gaulliste voulant imposer le "veto" ...). Le Royaume-Uni veut être sûr de pouvoir bloquer toute initiative ou décision qui pourrait bénéficier aux "intégrationnistes" et plus généralement aux pays du Sud (trop dépensiers ...). Il devient tout à fait compréhensible que ces derniers prétendent disposer de la même arme pour ... dissuader leurs partenaires de l'employer à leur tour. C'est ainsi que, sans le dire, on tue l'Europe.

 
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