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Krimm Roland, Journal de Genève - 4 ottobre 1994
Europe: Union économique et monétaire (1)

LES DOUZE SE PREPARENT DISCRETEMENT

A LA MONNAIE UNIQUE

par Roland Krimm

SOMMAIRE: Dopés par une reprise annonciatrice de jours meilleurs pour les finances publiques, les Douze veulent à nouveau croire en la monnaie unique. Etats des lieux et prespectives.

(Journal de Genève, 4-10-1994)

Une hirondelle ne fait pas le printemps, c'est bien connu. Les signes avant-coureurs de la reprise qui s'amorce n'en ont pas moins restauré la crédibilité du projet de monnaie unique.

De quoi donner des ailes aux Douze qui se remettent à croire à un possible passage à la troisième phase de l'Union économique et monétaire (UEM) en 1997 déjà.

Bref rappel: le Traité de Maastricht prévoit deux échéances pour la fixation irrévocable des taux de change. La première est fixée au 31 décembre 1996, soit dans un peu plus de deux ans... Le grand saut vers la monnaie unique est envisagé à cette date si une majorité qualifiée d'Etats (7 dans une Europe à Douze, 9 dans une Europe à Seize) remplit les critères de convergence retenus par le Traité *. Second rendez-vous, si l'échéance de 1997 n'est pas respectée: les pays répondant aux normes de Maastricht passent automatiquement à la monnaie unique le 1er janvier 1999, quel que soit leur nombre.

De l'avis de la plupart des experts, le second scénario paraît le plus probable. Seuls deux pays remplissent en effet aujourd'hui les critères de convergence: l'Irlande et le Luxembourg. Mais la conjoncture s'améliorant, ils pourraient être plus nombreux l'an prochain déjà. Une perspective qui fait dire prudemment au commissaire européen aux Finances que la moitié des Etats membres de l'Union européenne satisferont »peut-être aux conditions pour la monnaie unique dès 1996-1997.

Henning Christophersen a de bonnes raisons d'être optimiste. D'une part parce que les Douze n'ont pas abusé de la marge de manoeuvre qu'ils se sont donné en élargissant de 2,5 à 15% les bandes de fluctuation du mécanisme de change du SME à la suite de la crise monétaire de l'été 1993. Ils se sont au contraire attachés à maintenir le plus étroitement possible la parité entre leurs devises. Ensuite parce que la croissance en Europe sera meilleure que prévu: le PIB augmentera de 2% cette année, prédit Bruxelles, et même de 2,3%, si l'on en croit les dernières projections du FMI.

Si cette tendance se confirme, plusieurs pays pourraient donc rejoindre l'Irlande et le Luxembourg dans la catégorie des »bons élèves , d'ici un an ou deux. La relance économique étant susceptible d'apporter de nouvelles recettes fiscales et de

réduire les charges telles que le chômage, ils pourraient satisfaire à terme aux deux critères de convergence les plus difficiles à respecter, ceux sur les déficits publics.

L'Allemagne devrait faire partie des »happy few dès cette année. Son déficit budgétaire tombera à 2,8% du PIB. La France, les Pays-Bas, le Danemark, la Belgique et deux des quatre candidats à l'adhésion, l'Autriche et la Norvège, pourraient en faire de même, mais d'ici un an ou deux seulement. Les autres - Grande-Bretagne, Italie, Espagne, Portugal, Grèce, Suède et Finlande -, auront en revanche besoin de plus de temps.

L'endettement reste incontrôlé

Reste que si les dépenses publiques sont sous contrôle, l'endettement, lui, est loin de l'être. Ainsi en Allemagne où, en raison de la consolidation du déficit de la Treuhandanstalt et du coût de la réunification, la dette publique va encore s'accroître pour atteindre 62% du PIB en 1995. Les perspectives sont meilleures en France. Son endettement est aujourd'hui déjà bien inférieur aux critères de Maastricht. Mais il devrait tout de même s'élever à 37,7% du PIB en 1995 et à 39,5% en 1996.

Le cas de la Belgique est plus désespéré. Sa dette publique grimpera cette année à 137,9%, soit plus du double de la norme de référence de Maastricht! Certes, le gouvernement s'est promis de ramener ce taux à 133,4% d'ici à 1996. Mais à ce rythme, il faudra des dizaines et des dizaines d'années au petit royaume pour remplir les conditions d'admission au club de la monnaie unique.

Les moyennes européennes n'incitent pas plus à l'euphorie. Elles sont actuellement de 70% pour l'endettement et de 6% pour le déficit. Pour autant, les Douze ne se laissent pas abattre. Dopés par la reprise qui pointe, ils se sont jurés de jouer la rigueur budgétaire. Et comme pour prouver leur détermination aux marchés financiers qui les tiennent à l'oeil, ils n'ont pas hésité, il y a dix jours, à faire leur mea culpa en montrant publiquement du doigt les dix mauvais élèves de la classe.

Conformément aux dispositions relatives à la deuxième phase de l'UEM inaugurée le 1er janvier dernier avec la mise en place à Francfort de l'Institut monétaire européen, embryon de la future Banque centrale européenne -, les »moutons noirs se verront adresser sous peu des »recommandations les invitant à corriger le tir. L'exercice de discipline collective prévu par Maastricht a donc bel et bien commencé, même si aucune sanction n'est encore prévue à ce stade pour rappeler à l'ordre les mauvais gestionnaires.

L'opération a dès lors une valeur essentiellement symbolique. Néanmoins, sa portée ne doit pas être sous-estimée. Un haut fonctionnaire européen le confirme: »Les Etats membres signalent ainsi qu'ils prennent les critères de Maastricht au sérieux et qu'ils acceptent de se soumettre à un contrôle auquel ils ne peuvent plus échapper, comme par le passé, par des formules alambiquées. C'est déjà presque une ingérence dans les affaires intérieures. Et de prédire que »certains vont passer des moments difficiles .

C'est que, si aujourd'hui, la pression sur les cancres est encore toute relative, les choses pourraient sérieusement se gâter d'ici deux ans ou, au plus tard, la fin du siècle. Les sanctions auxquelles s'exposera un pays seront alors lourdes de conséquences: elles équivaudront ni plus ni moins à une non-participation à l'union monétaire. Le ministre belge des Finances, Philippe Maystadt, ne s'y est pas trompé. »Ce serait une sanction terrible pour notre pays, affirmait-il il y a quelques jours, d'être condamné à commercer dans une monnaie différente que celle utilisée par nos principaux partenaires commerciaux, l'Allemagne, la France, les Pays-Bas et le Luxembourg.

Roland KRIMM

* Les 5 critères de convergence de Maastricht

- inflation: ne pas dépasser de plus de 1,5% le taux des trois meilleurs pays de l'Union

- déficit budgétaire: doit rester en deçà de 3% du PIB

- dette publique: ne pas excéder plus de 60% du PIB, sauf si la tendance montre une diminution régulière vers cet objectif

- monnaie: ne pas s'être écartée depuis deux ans de son taux pivot (+/-2,5%) au sein du SME

- taux d'intérêt à long terme: ne pas dépasser de plus de 2% celui des trois meilleurs pays de l'Union

 
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