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Valo Martine, Le Monde - 9 ottobre 1994
Union européenne et régions.

LES REGIONS DEPLOIENT LEURS ANTENNES A BRUXELLES

par Martine Valo

SOMMAIRE: Chargés de recueillir l'information communautaire, les bureaux des collectivités locales ont subi beaucoup de critiques à leur ouverture, avant de "faire partie des meubles".

(Le Monde, Heures Locales, 9/10-10-1994)

Mais qu'est-ce qui fait courir les collectivités locales à Bruxelles ? » La question est plutôt de savoir comment on peut ne pas y être présent aujourd'hui , sourit Clotilde Nicole, représentante du conseil général de la Manche. Le 11 octobre, l'Ile-de-France inaugure ses locaux dans la capitale belge. La Haute-Normandie l'avait précédée au printemps. Dans trois mois, une délégation de la Basse-Normandie devrait s'associer au bureau de la Manche. Du côté des conseils régionaux français, seul manque désormais celui d'Auvergne. Son président, Valéry Giscard d'Estaing (UDF), estime ne pas avoir besoin d'un relais de cette sorte. Même la petite région du Limousin vient de prendre position, timidement pour l'instant, puisqu'elle a confié ses intérêts européens à un cabinet de consultants.

Il y a indubitablement un effet d'entraînement dans cette arrivée massive. Les collectivités territoriales françaises ne sont pas les seules à se précipiter. Les Länder allemands, les communautés autonomes espagnoles, sont déjà bien implantés et les régions italiennes (le Latium, le Mezzogiorno, l'Emilie-Romagne) arrivent. Avant même l'adhésion de leurs pays respectifs à l'Union européenne, les villes de Stockholm, Vienne, Salzbourg sont déjà là.

Pas de » lobbying mais du renseignement

Un ou une responsable, souvent jeune, une secrétaire, éventuellement un stagiaire, abrités dans des locaux modestes, le tout pour un budget compris entre un et deux millions de francs : tel est le portrait-robot de l'antenne régionale française à Bruxelles. Mission : avant tout recueillir à temps l'information communautaire, qui, apparemment, éprouve quelque difficulté à parvenir jusqu'aux administrations locales. » Nous faisons du renseignement , affirme sans sourciller Patrick Courtin, chargé de mission pour la Lorraine.

Accueilli dans l'immeuble de l'Assemblée des chambres françaises de commerce et d'industrie, au même titre que l'Alsace et l'Ile-de-France, Jean-Pierre Raffini est tout seul pour surveiller les dossiers de l'Association d'information communautaire de Haute-Normandie. Celle-ci regroupe le conseil régional, les conseils généraux de la Seine-Maritime et de l'Eure, les villes de Rouen, du Havre, de Dieppe et d'Evreux, plus, peut-être, à l'avenir, d'autres partenaires. » Mon travail a commencé sur les chapeaux de roue, témoigne M. Raffini. Le proramme Interreg, qui encourage Ia coopération transfrontalière, n'avait pas retenu la Haute-Normandie. Grâce à notre intervention, elle y figure désormais pour ses projets avec le Sussex et la Somme.

Pour autant, aucun chargé de mission ne surestime son action de lobbying. » C'est le rôle des élus, pas le nôtre ! , » c'est un fantasme, seuls les milieux professionnels en ont les moyens, notre métier est seulement technique , rétorquent-ils en choeur. Et chacun de citer les secteurs pour lesquels leur vigilance peut être payante, en fonction des caractéristiques des régions qui les emploient. Les uns suivent de près les directives sur l'environnement, qui intéressent au premier chef villes et départements; les autres les programmes thématiques de recherche-développement financés par la Commission de Bruxelles, auxquels les entreprises locales pourraient avoir accès; ou encore les fonds destinés à l'enseignement supérieur au nom des uwiversités situées sur leur territoire. De l'insertion des jeunes au tourisme rural, en passant par les mesures nouvelles sur la pêche, la formation, la culture, les projets d'échange d'expériences entre collectiiltés locales, les initiatives communautaires comme URBAN (1),

etc., leur champ est vaste.

Sélectionner et analyser l'information ne suffit pas à la rendre opérationnelle. L'ensemble des chargés de mission le soulignent - certains avec amertume : tout dépend de la façon dont elle est relayée dans les régions. Or celles-ci n'ont pas toutes une gestion efficace des affaires européennes. Du coup, la mobilisation des acteurs locaux constitue une des tâches, que certains citent en premier lieu, des antennes bruxeloises. Les chargés de mission français organisent, en outre, des rencontres avec les fonctionnaires de la Commission. Elles commencent aussi à prendre en charge l'assistance technique des élus de leurs collectivités locales qui siègent au Comité des régions. Enfin, la capitale belge est aussi un site de choix pour développer les relations internationales et promouvoir l'image des régions, voire les produits de leurs terroirs. Elles ne s'en privent pas.

Concurrents ? Sûrement pas; indispensables, peut-être pas non plus : les responsables des antennes régionales considèrent plutôt leur travail comme un »plus non négligeable - au regard duquel l'investissement peut sembler modeste - mais qui n'en est pas » rentable pour autant, à en croire un membre de la repésentation permanente française à Bruxelles, l'ambassade nationale auprès de l'Union européenne. » Les collectivités locales ne peuvent peser, ni sur la politique agricole commune, ni sur la répartition des fonds structurels, qui consomment l'essentiel du budget communautaire. Il reste à peine 10 % ou 15 % pour financer des programmes sur lesquels tout le monde se bat , résume ce sceptique.

Différences de moyens avec les autres pays

Pourtant, le rôle des représentants français est assez semblable à celui de leurs homologues allemands ou espagnols, mais leurs moyens diffèrent sensiblement. La délégation du Bade-Wurtemberg, par exemple, emploie une dizaine de personnes. Son directeur, Wolfang Dietz, confirme cette vocation essentielle: recueillir l'information. A ses yeux, le rôle de lobbyiste existe bel et bien, mais pas vis-à-vis de la Commission, comme certains l'imaginent. » Nous travaillons pour les ministres concernés de notre Land, afin qu'ils puissent influencer le gouvernement fédéral, avant que celui-ci ne siège au conseil des ministres européens, explique-t-il. Après, il n'est plus possible pour nous d'intervenir. Il suit aussi les dossiers présentés par les entreprises et les établissements d'enseignement supérieur du Bade-Wurtemberg, et s'applique, globalement, à leur » faire comprendre que la Commission n'est pas l'administration allemande, qu'elle fonctionne plutôt sur les modèles français ou italien .

» Les Espagnols, le pays de Galles ont développé d'importantes cellules économiques. En fait, chaque antenne reflète le statut constitutionnel des collectivités locales qu'elle représente , conclut sagement Wolfgang Dietz. Les Français n'ont donc aucun complexe à nourrir. D'ailleurs, les premiers d'entre eux sont arrivés en 1987, peu de temps après les pionniers du Land de Sarre. Mais, les conseils régionaux ayant des compétences limitées, il est naturel que leur représentation européenne soit modeste. Enfin, à en croire le directeur du Bade-Wurtemberg, le centralisme jacobin ne peut se traduire que par une bonne cohésion des différents acteurs français. Voire.Les premiers temps, la représentation française, redoutant la cacophonie, n'avait pas réservé un accueil des plus chaleureux aux têtes de pont des régions. Désormais, elle les réunit régulièrement pour compléter leurs informations. Les directions de la Commission les plus directement concernées - celle de la politique régionale et celle chargée de l'e

nvironnement - font de même.

L'ouverture d'antennes à Bruxelles avait suscité moult critiques. Soupçonnées de s'apparenter davantage à des salons mondains pour les élus régionaux qu'à des outils de travail, elles voyaient leur utilité souvent mise en cause. C'est encore le cas, de la part des hommes politiques opposés au traité de Maaitricht, confirme Maurice Dousset (UDF-PR), président du conseil régional du Centre, dont la délégation est installée à Bruxelles avec celle de Poitou-Charentes et celle de Castilla y Leon, l'une des communautés autonomes espagnoles. Malgré tout, » aujourd'hui, nous faisons partie des meubles , note, non sans satisfaction, Patrick Courtin.

Une patience sans limite

Avant de représenter la Lorraine, cet habitué des cénacles bruxellois s'est occupé pendant cinq ans du Grand Est, qui regroupait l'Alsace, la Bourgogne, Champagne-Ardenne, la Franche-Comté et la Lorraine. Depuis, l'Alsace a fait sécession, elle a ouvert son propre bureau, et le Grand Est attend un nouveau directeur depuis des mois. Son colocataire, l'association du Grand Sud (Aquitaine, Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon, Provence-Côte d'Azur et la Corse), installée dès 1987, se trouve actuellement dans la même situation. Comme si la formule » de masse ne correspondait plus aux besoins des régions, maintenant qu'elles savent mieux quels profits tirer de leur présence dans la capitale belge. Néanmoins, le duo Bretagne-Pays de la Loire tient bon. La façon dont les collectivités locales se présentent à Bruxelles, dans le quartier de la rue de la Loi, celui de la Commission, est significative de la situation politique qu'elles connaissent chez elles. Qu'un conseil régional - il est toujours le principal baill

eur - se soucie aussi des intérêts des départements et des villes de son territoire suppose une certaine paix politique locale. Tel est le cas de l'Alsace, par exemple. OEucuménique, elle associe aussi bien Strasbourg que les chambres d'agriculture.

A l'inverse, l'Ile-de-France n'a entraîné dans son sillage que les chambres de commerce et d'industrie de Paris et de Versailles. Le département des Bouches-du-Rhône est venu seul, il sera bientôt l'unique conseil général présent à Bruxelles, puisque la Manche doit se fondre dans l'antenne de la Basse-Normandie. La Picardie, qui souhaite se forger une réputation de » petite région qui se mobilise , selon sa représentante Emmanuelle Weiss, est entièrement prise en charge par le conseil régional. Mais elle officie avec son partenaire britannique, l'Essex.

Curieusement, cette multiplication d'interlocuteurs - et de sollicitations - ne semble pas gêner les spécialistes de la Commission. De l'avis général, leur patience semble sans limite. Conscients de leur image de technocrates retranchés dans leur tour d'ivoire, les fonctionnaires européens font preuve d'intérêt pour la façon dont leurs directives s'appliquent à la base. Ils se montrent, à leur tour, friands d'informations... émanant du terrain.

Martine VALO

(1) Cette initiative est destinée à soutenir des actions cohérentes face aux problèmes économiques, sociaux et d'environnement dans les zones urbaines en difficulté.

 
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