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Van Den Broek, Agence Europe - 22 ottobre 1994
Van Den Broek sur la PESC.

VAN DEN BROEK S'EXPRIME SUR L'AVENIR DE LA PESC

SOMMAIRE: Orientations et suggestions de M. Van Den Broek sur la mise en oeuvre et le fonctionnement de la politique étrangère et de sécurité commune et sur les relations avec l'UEO et l'Otan.

(Agence Europe, 'Les textes de la semaine', 22-10-1994)

Le commissaire européen responsable des relations politiques extérieures et de la PESC a déclaré:

"La politique étrangère et de sécurité commune de l'Union européenne est, dans une certaine mesure, une expression mal appropriée. En effet, il s'agit moins d'une politique, au sens d'une manière spécifique de conduire une action, que d'un processus. C'est un moyen de consacrer toutes les ressources de l'Union à l'accomplissement de certains objectifs politiques (..) Au niveau des objectifs, tout cela est parfait mais comment aller plus loin que les déclarations communes et agir réellement ensemble pour résoudre certains problèmes internationaux. Depuis l'entrée en vigueur du traité de Maastricht, un certain nombre d'actions communes ont été entreprises dans le cadre de la politique étrangère et de sécurité commune (..) Tout ceci a été utile mais nous sommes toujours très loin du type d'action décisive nécessaire pour prévenir les conflits, gérer des crises lorsqu'elles éclatent ou résoudre des différends qui menacent la paix et la stabilité internationale.

Si l'Europe, comme d'autres membres de la Communauté internationale, n'a pas réussi à agir de façon décisive en Bosnie ou au Rwanda, c'est en partie une question de volonté politique mais également en partie dû au fait que notre sens des intérêts communs européens est encore insuffisamment développé et ait fait que nous n'avons pas encore appris comment prendre rapidement des décisions ensemble et comment les mettre en oeuvre. La capacité d'action de l'Union, en cas de menace de crise, ne peut dépendre de l'appréciation d'une question spécifique par son Etat membre le plus réticent. Il faut trouver des façons et des moyens de simplifier le processus de décision en matière de politique étrangère et de sécurité commune tout en étant réaliste quant aux prérogatives des Etats membres. Je peux comprendre, par exemple, qu'un Etat membre ne souhaite pas envoyer de troupes pour une opération particulière, mais il ne faudrait pas qu'il empêche d'autres Etats membres qui le souhaitent d'entreprendre une action et, en

l'absence de ses propres forces militaires, il devrait faire preuve de sa solidarité autrement (...)

L'Union n'est pas non plus encore parvenue à un accord sur les aspects militaires de la sécurité et de la défense. Les chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres de l'OTAN ont reconnu, au cours de leur réunion en janvier dernier à Bruxelles, que "l'émergence d'une identité européenne de sécurité et de défense consolidera le pilier européen de l'Alliance tout en renforçant le lien transatlantique, et elle permettra aux alliés européens d'assumer une responsabilité plus grande pour leur sécurité et leur défense communes". La reconnaissance par le Sommet de l'OTAN que les forces européennes mises à la disposition de l'OTAN peuvent être utilisées pour répondre aux besoins européens, qu'elles sont "séparables mais non séparées", a constitué une étape importante de la constitution par l'Europe d'une capacité d'action dans des situations où ses intérêts particuliers sont en jeu.

Pour tirer parti des possibilités qu'offre celle nouvelle situation, l'Europe doit décider jusqu'où elle veut aller dans la transformation de l'Union de l'Europe occidentale en un pilier européen de l'Alliance et comment rendre l'UEO opérationnelle. L'Eurocorps qui est en train de se constituer avec la participation de troupes françaises, allemandes, espagnoles, luxembourgeoises et belges, ainsi qu'avec d'autres expériences de coopération militaire entre des pays européens, se transformera en une force d'intervention européenne future. Une nouvelle relation doit s'établir entre l'OTAN, l'UEO et l'Union européenne et la question des garanties de sécurité pour les pays de l'Europe centrale et orientale doit être résolue. S'ils deviennent membres à part entière de l'UEO du fait de leur adhésion à l'Union, il n'y aurait guère d'intérêt pour eux à rester en dehors de l'OTAN puisque sa logistique et ses autres moyens peuvent désormais être utilisés par l'UEO.

Cet ensemble complexe de questions soulevées par la mise en oeuvre du traité de Maastricht et de la perspective d'élargissements ultérieurs sera examiné par la Conférence intergouvernementale que les membres de l'Union organiseront en 1996. Celle conférence devra définir ce que doit être une

nouvelle constitution pour que l'élan de l'intégration soit maintenu et que l'influence politique de l'Europe dans le monde soit à la hauteur de sa puissance économique.

Allocution prononcée le 18 octobre devant "Sources d'Europe", à Paris la Défense.

 
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