URSS 1990: "deux hystériques exaltées, trois petites femmes..."
ITALIE 1972: "quatre hippies drogués qui veulent défendre la patrie..."
N'est-il n'est pas possible, à Moscou, d'éviter toutes les prochaines années de polémiques et en arriver de toutes façons à la reconnaissance du droit élémentaire à l'objection de conscience? C'est ce que nous nous demandons en lisant l'article publié dans la "Pravda" que nous reproduisons ici.
Un sabotage militaire sur le terrain
"La Pravda", 17 Novembre 1990
Mon fils aîné Pavel aussi, qui a eu 21 ans la semaine dernière, et qui, grâce à Dieu est revenu sain et sauf de l'Armée, ne voulait pas faire son service militaire. Il s'est même enfui du bureau de recrutement. L'année dernière, durant la période des fêtes de Novembre, je suis allé le trouver dans les Steppes du Kazankistan, et atterré par ce que j'avais vu, je fis la queue pour avoir un rendez-vous avec un général, qui, sans hésiter, ordonna de transférer mon Pavel plus près de notre maison.
Mon fils... refusa d'obéïr à cet ordre. Il me dit par téléphone de ne pas faire l'imbécile. Et que si la Patrie l'avait envoyé là-bas, il devait y rester.
J'ai été heureux. Pour mon fils. Et pour la Patrie.
Parlons sincèrement
Hier, me trouvant près du district militaire, je décidais fermement de rendre publiques mes faiblesses et la force de mon fils - c'est seulement ainsi qu'il est possible de garantir la sincérité maximum de l'histoire du piquet d'hier, qui a eu lieu près du bureau de recrutement de la capitale, organisé "par la section moscovite du Parti Radical Trasnsnational".
Le "communiqué de presse" sur l'évènement, évidemment, n'a pas été diffusé seulement par les quotidiens nationaux. Par un matin neigeux, je vis dans les environs, certains collègues de la presse étrangère et aussi quelques dizaines de jeunes bien placés et inflexibles des corps spéciaux du Ministère de l'Intérieur. Et enfin "les coupables de la fête": deux hystériques exaltées, trois petites femmes, qui ont déclaré ouvertement être venues ici pour crier contre de l'argent et une quinzaine de jeunes pantins, voilà tout le "piquet", dont on parlait dans "le communiqué de presse" décrit comme "commité des mères des militaires", "parti radical transnational", "conférence d'anarchico-syndicalistes", "club des Etudiants moscovites", et "même une série d'autres organisations sociales".
Du moment que que le piquet n'était pas autorisé, la police a arrêté certains "manifestants" et invité les autres à s'en aller.
Le spectacle n'a pas marché. Mais trève d'ironie! Les auteurs du piquet, comme le disait l'invitation par Fax aux journalistes, se sont réunis pour demander l'introduction immédiate d'un service civil alternatif et la cessation des violations de masse des droits humains dans l'armée.
Ces requêtes, on les entend toujours plus souvent. Mais, vraiment est-il possible de résoudre les problèmes de l'Armée, par des actions comme le piquet d'hier? Ou bien en se couchant par terre devant les roues des cars militaires ou encore en se tenant par la main et en bloquant la sortie du bureau de recrutement?
Il est nécessaire de faire subir à l'Armée des transformations. Et on en a parlé au cours de la rencontre entre le Président et les députés experts en problèmes militaires. Le Président Gorbatchev et les députés ont affirmé que ces problèmes brûlants demandent une solution rapide. Et ce sont justement les solutions qui sont nécessaires et non pas les destructions comme l'invoquent certains extrémistes.
C'est un devoir constitutionnel. Il existe des lois exprès. Et enfin il y a le bon sens qui dit que s'il y a l'anarchie, la destabilisation se reflète aussi dans l'armée, et à ce moment-là, la société est condamnée. Et les conséquences pour tout le monde sont vraiment imprévisibles. Et plaisanter avec ces choses-là est extrêmement dangereux.