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Agora' Agora - 28 marzo 1991
NE JETEZ PAS LUCY EN PRISON !

Manifeste antiprohibitioniste

de Anna Tothfalusi

Magyar Narancs, 7 mars 1991

Quoi? Legaliser la drogue? Je dois dire que j'ai entendu des blagues meilleures. Je m'imagine achetant des Malboro, un chocolat et deux paquets de drogue, ou le policier de quartier m'indiquant aimablement le magasin le plus proche ou je puisse m'acheter ma dose quotidienne. L'atmosphère du "Fekete Lyuk" (*) aurait déjà quelque chose de l'air frais des Alpes. Ce se serait merveilleux, nous nous balancerions au gré des yeux-caleideoscopiques dans centaines de bateaux glissant parmi les fleurs de celophane jaune et vert, sous un ciel-confiture d'orange. Imagine toi cette assemblée parlamentaire ou des hommes-balancoires aux cravates-miroirs se sourient sans cesse. A non, merci, moi je ne veux pas de ca.

C'est à peu près de cette manière que c'est déroulée ma première rencontre avec l'idée selon laquelle le seul intrument efficace de la lutte contre la drogue réside dans sa réglementation. C'est aussi la raison pour laquelle je ne suis pas de tout étonnée quand on recoit avec la meme méfiance ce que, en tant qu'antiprohibitionniste convaincue, j'explique maintenant à tous et chacun. Je ne peux pas oublier ce reportage ou un médecin de Szeged n'osait divulger le lieu ou l'on prévoyait de construire un centre de désintoxication pour drogués voulant en finir avec la drogue pour ne pas répéter une expérience précédente ou, dès la divulgation du lieu d'implantation, les habitants du village en question ont menacé d'incendier le batiment.

Aujourd'hui malgre l'interdiction on peut dire que la drogue est libre. Qui veut peut se l'acheter à New York comme à Madrid, à Londres comme à Milan, et - désormais - à Moscou comme à Budapest. Dans la rue, dans les discothèques, dans les bars, les parcs, à la sortie des écoles. En dehors de tout controle de l'Etat sur sa qualité, sur son prix, sur les modalités de sa distribution. Aujourd'hui, grace à la production et au trafic de la drogue et grace à l'énorme quantité d'argent qu'ils retirent de ce business, les mafias internationales sont en mesure de conditionner la vie politique de pays du tiers-monde tout entiers, de corrompre des administrations publiques, des policiers, des juges, des entrepreneurs, des financiers, des politiciens et beaucoup d'autres encore.

Tels sont quelques-uns des résultats de la politique prohibitionniste, de la guerre à la drogue promue par les Etats-Unis d'Amérique avec la complicité active de la plupart des Etats Occidentaux. Une stratégie perdante, à tous les points de vue. Cette stratégie de la répression crée la délinquance, remplit les prisons, paralyse la justice, la police, contraind les paysans à abandonner leurs cultures traditionnelles pour d'autres cultures, cent, mille fois plus rentables. Au nom de cette guerre on réduit les libertés civiles, on computérise les citoyens, on viole les domiciles privés ...

Ce phénomène qui était jusqu'il y a peu, c'est vrai, un phénomène essentiellement "occidental", ne l'est malheureusement plus. L'ouverture progressive à l'économie de marché, et par conséquent à l'économie mondiale, de la Hongrie et des autres pays d'Europe Centrale et Orientale, signifie aussi ouverture à la drogue. On parle, et la diversité de ces chiffres est un autre indice du désaroi ou de la non-préparation générale face au phénomène de la drogue, de 10.000, de 20.000, de 50.000 consommateurs rien qu'en Hongrie, et non compris les consommateurs des drogues légales (alcool, médicaments,...).

Le marché existe donc déjà. Et l'on peut, malheureusement, affirmer sans courir le moindre risque de se tromper, que nous sommes seulement au début d'un processus, que le marché de la drogue croitra de facon exponentielle au cours des prochains mois et des prochaines années.

Les raisons de cette inévitable croissance exponentielle ? La transformation des économies planifiées avec tout ce que cela comporte en termes de restructuration, de rationalisation: augmentation du chomage et du sous-emploi, diminution drastique du pouvoir d'achat et du niveau de vie de larges catégories de la population, concurrence sur le marché de l'emploi et par conséquent aussi multiplication des emplois en dessous du niveau de qualification. L'apparition, en d'autres termes, d'une armée de personnes (on parle de 20 à 40 % de la population) potentiellement très vulnérable à l'usage de produits stupéfiants.

Cette nouvelle situation économique et sociale à laquelle sont confrontées la Hongrie, la Tchécoslovaquie, l'Urss et les autres pays d'Europe Centrale et Orientale, n'est pas neuve pour tout le monde. Et, moins que pour n'importe qui d'autres, pour les mafias internationales de la drogue. Depuis des années déjà celles-ci ont tiré profit de ces situations de crise et ont élaboré à leurs propos de véritables stratégies de marketing. C'est ce que démontrent avec par trop d'évidence de multiples études sociologiques sur les zones industrielles en déclin des Etats-Unis et d'Europe Occidentale.

Mais la tragédie n'est pas inévitable... Ce scénario tragique n'est inéluctable que si les gouvernements des pays industrialisés, de l'Ouest et désormais de l'Est, s'obstinent dans la voie sans issue de la prohibition, celle qui, comme nous l'avons vu, laisse les mains libres, toujours plus libres, aux grandes mafias internationales.

La stratégie alternative, antiprohibitioniste rend possible l'encadrement du phénomène, permet de le ramener sous le stict controle de l'Etat, de la justice, des lois. Comme dans les Etats-Unis des années trente, il faut soustraire le marché de la drogue (comme alors celui de l'alcool) des mains des trafiquants en faisant adopter au niveau supranational, des lois qui réglementent la production, la distribution et l'usage de la drogue. Et nous parlons bien entendu des drogues dures, cocaine, amphétamines, héroine, ... Des autres, des drogues dites légères, de la marijuana, du hashish par exemple, il ne vaut meme pas la peine de parler. Elles sont moins dangereuses que le tabac et l'alcool.

Parallèlement, la fin de la prohibition permettrait de dégager les sommes immenses consacrées aujourd'hui à cette guerre à la drogue aussi inefficace que dispendieuse et de les consacrer à la prévention, à l'information-dissuasion sur les risques que comporte la consommation de drogue, à l'assistance et aux soins des drogués.

(*) Fekete Lyuk, un des premiers cafés alternatifs de Budapest

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