par Olivier Dupuis et Sandro Ottoni
Dans le numéro précédent nous étions restés, en ce qui concerne cette chronique, à la fin du Conseil Fédéral du PR, qui s'est tenu à Zagreb fin-octobre, début-novembre. Malheureusement, d'une part l'acharnement du régime et de l'armée putschiste de Belgrade et de l'autre la "neutralité" scandaleuse de la Communauté européenne et de l'Occident nous obligent à continuer cette "chronique de la honte européenne".
Nous le ferons, comme précédemment, en reprenant des passages des interventions des exposants radicaux, faites en différents lieux, prenant aussi en considération les initiatives prises par les radicaux, un peu partout en Europe.
INTERVENTION RADICALE AU SENAT DU PARLEMENT ITALIEN
5 novembre. Le parlementaire Strik Lievers, membre du PR, intervient au Sénat:
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"L'Europe est à l'épreuve. Elle doit, car elle le peut, arrêter maintenant, tout de suite, l'agression, décrétant des sanctions immédiates et dures contre la Serbie si celle-ci ne cessera pas immédiatement l'offensive militaire, et annonçant que les sanctions resteront en vigueur tant que les troupes serbes ne se seront pas retirées de tous les territoires conquis. Autrement, de trêve en trêve violée impunément, l'Europe se confirmera complice coupable du putsch militaire serbe qui vise à préconstituer, par la guerre, le fait accompli de nouvelles frontières (...)".
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MANIFESTATIONS RADICALES DANS DIFFERENTES CAPITALES EUROPEENNES
Entre le 8 et le 15 novembre, les radicaux manifestent dans différentes capitales européennes. Voici les objectifs de leurs manifestations:
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1) reconnaissance immédiate des Républiques de Slovénie et de Croatie, contre le comportement aveugle et lâche de la Communauté Européenne et en particulier de l'Italie, qui d'une part reconnaissent désormais le droit à l'indépendance des Républiques de l'ex-Yougoslavie, mais qui de l'autre, retardant la reconnaissance elle-même ou posant la condition d'une improbable "cessation des hostilités", autorisent de fait l'armée putschiste à poursuivre son oeuvre de mort et de destruction et à compléter l'annexion militaire d'une partie du territoire croate;
2) dénonciation de la politique d'"équidistance" du gouvernement italien et de la Communauté Européenne, qui placent les agressés et les agresseurs sur un même plan, décrétant aussi des sanctions contre la Croatie, qui est victime d'une agression féroce de la part d'une armée fédérale manoeuvrée par des généraux putschistes et alliée de la politique autoritaire et expansionniste de Milosevic;
3) reconnaissance du Parlement et du Gouvernement du Kossovo comme représentants légitimes du peuple du Kossovo;
4) intervention immédiate pour sauver de la destruction les territoires et les villes de la République de Croatie, en particulier Dubrovnik et Vukovar.
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ROME: L'AMBASSADEUR DES PUTSCHISTES DOIT S'EN ALLER
Tel est le texte de la banderole, exposée par les radicaux le 8 novembre à Rome devant l'ambassade yougoslave au cours d'une manifestation qui a fait sortir de leurs gonds les diplomates ex-yougoslaves. Dans une note l'ambassade faisait remarquer par la suite que le représentant diplomatique et les autres institutions n'ont pas été fondées par un parti et que ce ne fut pas le "parti" qui décida des rapports d'amitié entre la Yougoslavie et l'Italie.
L'ambassade accusait en outre les radicaux d'inciter à la haine nationale et d'instiguer un peuple contre l'autre en Yougoslavie, au lieu de s'engager pour apaiser la crise.
MOSCOU: SUR LA PLACE ROUGE POUR LA RECONNAISSANCE
A Moscou les radicaux étaient une trentaine à manifester sur la Place Rouge devant le Mausolée de Lenin et les Palais de Gorbatchev et d'Eltsin, pour la reconnaissance immédiate de la Slovénie et de la Croatie et pour la fin de la guerre. Aux milliers de moscovites et de touristes présents, les slogans et les symboles radicaux ont rappelé le désastre ex-yougoslave mais aussi la possibilité de manifester sur la Place Rouge. A l'initiative ont aussi pris part Antonio Stango, Marino Busdachin et Alexander Kalinin du Conseil Fédéral du PR.
BUDAPEST - CADEAU POUR L'AMBASSADEUR: UN BILLET ALLER-SIMPLE POUR BELGRADE
80 personnes s'étaient données rendez-vous le même jour devant l'ambassade ex-yougoslave. Au cours de la manifestation, une délégation remettait à un employé de l'ambassade une somme d'argent équivalent au prix d'un billet aller-simple Budapest-Belgrade pour l'ambassadeur-imposteur de Serbie.
De nombreux journalistes étaient présents, aussi bien de la presse écrite que de la radio. Mais l'absence de la télévision a été remarquée...et les radicaux y ont répondu par un communiqué:
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"(...) Niant à ceux qui voient dans les événements de l'ex-Yougoslavie une guerre d'agression - à tous les effets - du régime fascio-communiste putschiste serbe contre les républiques qui ont opté librement et démocratiquement pour leur indépendance, la Télévision hongroise prouve combien la Hongrie s'intègre rapidement dans l'Europe. Mais dans quelle Europe? L'Europe de la honte, l'Europe des Chamberlain et des Daladier, aujourd'hui Europe des Mitterrand, des Craxi, Gonzales, De Michelis et Dumas. Bravo".
LES RADICAUX SONT RECUS AU SIEGE DU GOUVERNEMENT
Le 15 novembre, à Prague, tandis qu'une trentaine de radicaux manifestaient devant le siège du gouvernement, une délégation était reçue par le vice-premier ministre, Joseph Miklosko. Au cours de l'entretien, le radical Richard Stockar illustrait les contenus de l'initiative qui avait lieu simultanément dans de nombreuses autres villes européennes, et remettait à Miklosko la Motion approuvée aux termes des travaux de la seconde session du Conseil Fédéral du PR à Zagreb, tandis que le député national tchèque Vladimir Zeman, membre du PR, remettait une lettre personnelle de sa part aux membres du gouvernement. De son côté le député fédéral Istvan Batta, lui aussi membre du PR, rappelait le très haut nombre de victimes - de la guerre d'agression en cours - qui sont de souche hongroise ou slovaque, et affirmait qu'il serait "fier si notre gouvernement était le premier à reconnaître l'existence de ces nouveaux états". L'entretien terminé, le vice-premier ministre déclarait: "Mon opinion est que la Tchécoslovaquie
devrait reconnaître l'indépendance de la Croatie et de la Slovénie, même si la Tchécoslovaquie ne peut accomplir seule un tel choix et qu'elle ne peut être la première à le faire".
ORDRE DU JOUR AU SENAT ITALIEN
Sur le front institutionnel, une vingtaine de sénateurs italiens, à l'initiative du radical Strik Lievers, présentaient le 16 novembre un texte d'ordre du jour par lequel on demandait la reconnaissance de la Croatie et de la Slovénie, la convocation immédiate du Conseil de Sécurité de l'ONU, l'envoi des casques bleus dans les régions disputées, l'embargo et le boycottage économique total de la Serbie. L'ordre du jour, après un dur débat qui a vu naître des contrastes aussi bien au sein des oppositions que de la majorité, a été retiré suite à l'engagement du Ministre Cirino Pomicino de le mettre sous discussion au plus tôt.
LA CHUTE DE VUKOVAR
Apprenant la nouvelle de la chute de Vukovar, dans la soirée du 17 novembre, Marco Pannella relâchait la déclaration suivante:
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Devant la nouvelle pas seulement emblématique de la chute de Vukovar et le comportement honteux de l'Europe et des soi-disants démocrates, nous décidons avec d'autres camarades du Conseil Fédéral de joindre aussi à toutes les actions institutionnelles, parlementaires et politiques, une initiative de grève de la faim dans certains pays européens pour vaincre ce comportement et la tumeur pseudo-serbe, en réalité raciste, militariste et totalitaire.
Nous communiquerons dans les prochains jours les modalités et les objectifs ponctuels de cette initiative non-violente, qui pour certains d'entre nous commence au moment même où arrive la nouvelle très prévisible de la fin de la résistance héroïque des femmes et des hommes de Vukovar face à la violence fasciste de l'armée héritière des armés fascistes, nazies et staliniennes.
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TELEGRAMME DU PARTI RADICAL AU PRESIDENT TUDJMAN, AU PREMIER MINISTRE GREGURIC, AU VICE-PREMIER MINISTRE TOMAC
De différentes villes, à la nouvelle de la chute de Vukovar, le 17 novembre, les radicaux communiquaient leur ultérieure solidarité avec les plus hautes autorités croates:
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Messieurs,
Au moment où nous apprenons à la Radio Hongroise la chute de Vukovar, nous, membres du Parti radical, habitant en Hongrie, tenons à vous remercier de la résistance démocratique et européenne du peuple croate.
Des parlementaires et des militants de notre parti, de différents pays européens, ont annoncé dès à présent de nouvelles initiatives politiques et parlementaires, dont une grève de la faim qui commencera dans les prochaines heures.
Nous vous prions de croire, Messieurs, dans ces heures particulièrement tragiques, à notre solidarité active.
LA MINORITE HONGROISE, UN ALIBI FACILE POUR TOUTES LES FORCES POLITIQUES HONGROISES ?
Face à l'attitude toujours plus européenne, c'est à dire toujours plus "équidistante" des forces politiques hongroises, le 18 novembre le PR diffusait de Budapest la déclaration suivante:
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"(...) Toujours plus inquiètes de la situation de la minorité hongroise de Voïvodie, l'ensemble des forces politiques hongroises est en train de perdre la capacité de comprendre la situation de l'ex-Yougoslavie et par conséquent de s'en occuper effectivement.
C'est ainsi par exemple que le silence règne sur l'imposition de la part du dictateur Milosevic de la présence des minorités serbes de Croatie à la Haye et la négation réitérée de la présence non seulement des minorités de Serbie (musulmans du Sajak par exemple) à cette même conférence mais aussi des délégations du Kossovo et de Voïvodie, sans parler des violations systématiques des droits de l'homme et de ceux des minorités dans ces régions (...)".
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MADRID: LES RADICAUX LANCENT UN APPEL D'INTELLECTUELS
Toujours le 18 novembre, cette fois à Madrid, le membre du Conseil Fédéral du PR, Joaquim Arce Mateos présentait au Ministère des Affaires Etrangères un manifeste inspiré à la motion du PR, signé par une dizaine d'intellectuels espagnols renommés, parmi lesquels José Luis Aranguren, Fernando Savater, Luis Antonio Villena, Antonio Escohotado, Victoria Sendon, José Luis Sampedro, Vicente Molina Foix, Juan A. Gimbernat ... Dans ce document on demandait aussi, entre autre, un changement radical de position de l'Espagne dans la communauté Européenne et dans d'autres organismes internationaux en ce qui concerne l'ex-Yougoslavie.
L'APPEL DU PARTI RADICAL
Toujours ces jours-là, le PR diffusait à tous ses inscrits un appel-invitation:
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LE PARTI RADICAL INVITE TOUS SES MILITANTS, TOUS LES NON-VIOLENTS, TOUS LES DEMOCRATES COHERENTS, A SE MOBILISER POUR UNE GRANDE CAMPAGNE D'INFORMATION, DE SOLIDARITE, DE DENONCIATION DE LA REALITE DE LA POLITIQUE POURSUIVIE PAR LA COMMUNAUTE EUROPEENNE, PAR SES PRINCIPALES CHANCELLERIES, PAR LES ETATS DE DEMOCRATIE REELLE, A L'EGARD DE LA GUERRE VISANT A IMPOSER UN "NOUVEL ORDRE" AUTORITAIRE, CHAUVINISTE, SUBSTANTIELLEMENT FASCISTE, AUX POPULATIONS EX-YOUGOSLAVES.
LE PARTI RADICAL DENONCE LE DANGER TERRIBLE QUE CETTE ATTITUDE SOIT DESTINEE, ET SOIT AUSSI CAPABLE D'ENCOURAGER EN URSS ET DANS D'AUTRES PAYS LE MEME MODELE DE SOLUTION DES CRISES POSTCOMMUNISTES ET DES CRISES QUI LES TENAILLENT DE LA PART DES PAYS DE "DEMOCRATIE REELLE" OUTRE QUE PAR LES HERITIERS COMMUNISTES OU FASCISTES DES VIEUX "DESORDRES" ETABLIS DANS LE MONDE ET DANS CES REGIONS EN PARTICULIER.
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LE PRESIDENT DU CONSEIL ITALIEN, ANDREOTTI, RECOIT LES RADICAUX
Le 22 novembre, une délégation du PR, formée du Premier Secrétaire, Sergio Stanzani, du Président du Parti, Emma Bonino, de Roberto Cicciomessere, député du Groupe Fédéraliste Européen de la Chambre et de Lorenzo Strik Lievers, Président du Groupe Fédéraliste Européen Ecologiste du Sénat, a été reçue hier dans le début de l'après-midi par le Président du Conseil, Giulio Andreotti. La déclaration du Premier Secrétaire du PR, Stanzani:
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"Nous sommes allés exprimer au Président Andreotti notre angoisse et notre inquiétude pour l'inertie consentante montrée jusqu'à présent par la Communauté européenne à l'égard de la guerre d'agression atroce qui se déroule au coeur de l'Europe (...). Nous avons réaffirmé la requête d'une reconnaissance immédiate de la Croatie et de la Slovénie, prémisse nécessaire pour conquérir la paix et le droit dans la région; et nous avons aussi posé le problème de la nécessité d'initiatives visant à préserver les droits de toutes populations de l'ex-Yougoslavie, en commençant par celles du Kossovo (...). L'autre question que nous avons posé avec urgence au Président du Conseil est celle du retrait de l'ambassadeur italien à Belgrade, ou tout au moins d'un déclassement de la représentation diplomatique. S'il est vrai, comme il vrai, que la Fédération yougoslave n'existe plus, et que l'Autorité en place à Belgrade est un pouvoir putschiste et coupable d'agression, il est inquiétant et équivoque de garder avec lui des rel
ations diplomatiques normales, d'autant plus quand on ne les entretient pas avec les victimes de l'agression légitimées par le vote démocratique".
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ZAGREB: LES RADICAUX RENCONTRENT LE VICE-PREMIER TOMAC
Le 26 novembre, à Zagreb, Zdravko Tomac, vice-président du Gouvernement, recevait le conseiller fédéral radical, Sandro Ottoni, présent à Zagreb pour soutenir les initiatives radicales en Croatie et en Europe. Aux informations reçues sur les initiatives radicales, sur la grève de la faim de Marco Pannella, sur les manifestations qui s'étaient déroulées à Rome et dans d'autres capitales, sur celles qui se préparaient à Maastricht et à Strasbourg, sur les initiatives lancées par les radicaux Franca Berger et Emilio Vesce, à la Province de Trento et à la Région Veneto, le vice-premier Ministre exprimait sa reconnaissance et regrettait de ne pas avoir la possibilité matérielle d'instituer une commission gouvernementale spéciale pour collaborer aux initiatives radicales. Il rappelait l'immense effort humain et matériel que la Croatie est contrainte à subir, avec 150.000 hommes valides au front et 40 % de son économie détruite (entres autres, beaucoup de députés sont en guerre, parmi eux aussi Ivo Jelic, Ivan Babi
c et Miroslav Pavin, inscrits au PR).
GREVE DE LA FAIM DU DEPUTE D'OSIJEK, JOSIP VALINCIC
En adhérant, le 26 novembre, à la grève de la faim pour la reconnaissance immédiate de la Croatie et de la Slovénie, avec des députés italiens, tchécoslovaques, russes, Josip Valincic déclarait:
"(...) Je pense que comme député au Parlement croate, mais aussi comme simple citoyen qui a soif de liberté et de démocratie, avec des milliers de citoyens de bonne volonté, je pourrais me joindre, par ma modeste association, à une lutte de masse non-violente pour l'affranchissement des peuples du totalitarisme et du militarisme, du nationalisme et de toutes ces oppressions sociales qui sont infligées aujourd'hui au monde (...)".
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DESORMAIS VINGT DEPUTES DU SABOR CROATE SONT AUSSI INSCRITS AU PR
Début décembre, lors de la convocation du Parlement croate, engagé dans l'approbation de la nouvelle loi sur les minorités, 16 députés cueillaient l'occasion de leur convocation à Zagreb pour s'inscrire au Parti radical.
Parmi eux sont à signaler: l'ex-président de la Yougoslavie, Stjepan Mesic, et le président du Parti socialiste, Zeljko Mazar.
CONVOCATION DES MANIFESTATIONS DE MAASTRICHT ET STRASBOURG
Les radicaux organisent différentes manifestations à l'occasion de la convocation du Conseil européen à Maastricht et de la session du PE à Strasbourg. Ci-après le texte par lequel on invitait à participer aux manifestations:
"La tragédie yougoslave qui se consomme au coeur de l'Europe met en cause les responsabilités primaires et inévitables de l'Europe toute entière et de la Communauté européenne, vers lesquelles se sont tournées et se tournent en vain les peuples de l'ex-Yougoslavie.
Le fait que La Communauté européenne se soit longtemps retranchée de façon têtue contre toute évidence, en défense de l'unité fédérale, a de fait encouragé et légitimé l'extrémisme et l'agression de l'armée serbe.
La non-reconnaissance internationale des Républiques qui ont proclamé démocratiquement leur indépendance, en premier lieu de la part de la Communauté européenne et de ses Etats membres, a empêché que soit sanctionné, formellement aussi, le caractère international du conflit et que soit donc requise l'intervention, due dans un tel cas, du Conseil de Sécurité des Nations Unies.
L'inertie de la Communauté européenne, faite de tolérance complice et de myopie face à l'abîme qu'elle prépare pour tous, rappelle l'inertie funeste des démocraties européennes des années trente face aux agressions nazies et fascistes, et propose une répétition générale, en Yougoslavie, de ce qui de putschiste et autoritaire peut arriver en Union Soviétique.
Nous manifesterons donc à Maastricht et à Strasbourg:
1) pour dénoncer le comportement aveugle et lâche de la Communauté Européenne;
2) pour dénoncer la politique d'"équidistance" de la Communauté Européenne, qui place les agressés et les agresseurs sur un même plan;
3) pour demander la reconnaissance immédiate de la Croatie et de la Slovénie;
4) pour demander la reconnaissance du Parlement et du Gouvernement du Kossovo et l'admission à la Conférence de la Haye du représentant légitime du Kossovo;
5) pour demander le retrait de Belgrade des ambassadeurs auprès de l'ex-Yougoslavie".
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DES CENTAINES DE RADICAUX ET DE CITOYENS CROATES MANIFESTENT A MAASTRICHT ET A STRASBOURG. LES DEPUTES CROATES JOSIP VALINCIC ET VJEKOSLAV STUDEN, INSCRITS AU PR, PARTICIPENT AUX MANIFESTATIONS.
Près de trois cent radicaux et citoyens croates venant en majorité d'Italie ont participé dans la matinée du 9 décembre à Maastricht (Hollande) à une manifestation non-violente organisée par le PR. Avec des écriteaux et des banderoles qui demandaient la reconnaissance immédiate de la Croatie et de la Slovénie, les radicaux ont attendu l'arrivée des Chefs d'Etats de la Communauté, pour dénoncer leur responsabilité dans la continuation de la crise yougoslave.
Le jour suivant, les manifestants se sont rendus à Strasbourg où ils ont tenu une réunion au Parlement Européen. Les députés croates Studen et Valincic ont rencontré entre-temps quelques représentants du Parlement, de différents groupes, pour leur illustrer la situation de guerre.
Dans la soirée, les manifestants se sont rendus avec des flambeaux dans le centre ville pour souligner, une fois de plus, l'incapacité et l'absence de pouvoirs décisionnels du Parlement européen.
PANNELLA ANNONCE QU'IL REVETIRA L'UNIFORME CROATE POUR UN SERVICE NON-ARME DE "PREMIERE LIGNE"
Par une lettre ouverte aux directeurs de la presse écrite et des radio-télévisions italiennes, en tant que président du Conseil Fédéral du Parti radical et en tant que député européen, de Strasbourg où il a tenu une conférence de presse avec Adam Demaqui, personnalité prestigieuse du Kossovo, (auquel le PE vient de remettre le Prix Sakharov) Pannella annonce que de la grève de la faim et des activités en cours il passera à la décision de se rendre dans la ville assiégée d'Osijek, avant Noël.
Dans cette lettre, Pannella met au défi n'importe quel journaliste de soutenir que les initiatives menées par le PR en ce qui concerne l'ex-Yougoslavie ainsi que les inscriptions prestigieuses de ministres et de députés croates, du Kossovo et d'autres républiques de l'ex-Yougoslavie, ne représentent pas des "nouvelles" à tous les effets. Et il ajoute:
(...) Si nous étions des violents et si nous acceptions de pratiquer des formes violentes, "exaspérées" de manifestation et de lutte, nous aurions certainement joui du privilège de grande publicité, de réprobation mais d'information, et même de débat pour nos mauvaises actions. Au contraire, même nos actions institutionnelles, parlementaires, ont été ponctuellement ignorées en tout lieu (...)".
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EUROPE: CONTINUITE DANS L'IRRESPONSABILITE
Marco Pannella, commentant les choix du Conseil des Ministres de la Communauté, déclarait le 16 décembre à Radio Radicale:
"par ce genre de décisions, on a poursuivi une action irresponsable aussi bien au niveau diplomatique que politique. Il est évident qu'à présent l'armée putschiste essayera d'occuper, d'ici au moment où la reconnaissance sera effective, le maximum de territoire, de mettre à feu et à sang le maximum de villes, donc de tuer le maximum de personnes".
"Un préavis de ce genre est absolument incohérent, comme ont été incohérentes toutes les annonces de trêve et d'armistice. Il fallait faire exactement le contraire: la reconnaissance devait être effectuée "par surprise" depuis huit mois déjà, en l'accompagnant d'un pacte d'assistance réciproque entre les Etats reconnus et ceux qui les reconnaissaient".
"On peut avoir encore une fois l'impression que nous sommes présomptueux, quand nous disons que le pouvoir italien et que le pouvoir européen, est totalement fou et obtus. Mais nous nous sommes souvent trouvés, au cours de ce siècle, devant la folie du pouvoir et des pouvoirs, justement parce que la réalité de la démocratie a été très peu vécue dans nos sociétés et dans nos états, sauf peut-être dans les états anglo-saxons. Je crois qu'aujourd'hui ce soit sur les conditions très fragiles du développement du Parti radical que l'on puisse proposer à nouveau un espoir quelconque d'amélioration de la situation et de passage de la folie mortelle à la sagesse, peut-être même dramatique mais vitale".
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APPEL DE PLUS DE CENT DEPUTES ITALIENS
Au 22 décembre, plus de cent membres de la Chambre des Députés Italienne avaient signé un appel au gouvernement pour la reconnaissance immédiate des Républiques de Croatie et de Slovénie, le retrait des ambassadeurs de Belgrade et l'engagement à ne pas reconnaître la République serbe si elle ne fournira pas de garanties pour les minorités.
Le 26 décembre, Pannella annonçait dans une conférence de presse "l'action directe non-violente du PR sur le front de la démocratie, de la paix, de la liberté, avec les défenseurs croates d'Osijek" à laquelle prendront part avec lui: Roberto Cicciomessere, Lorenzo Strik Lievers, Alessandro Tessari, Lucio Berté, Sandro Ottoni, Olivier Dupuis et Renato Fiorelli.
PANNELLA ET D'AUTRES EXPOSANTS RADICAUX ARRIVENT A ZAGREB TANDIS QUE LE PRESIDENT DU PR, EMMA BONINO, RENCONTRE DIFFERENTS EXPOSANTS DE L'OPPOSITION A BELGRADE
Tandis que le groupe de radicaux arrivait à Zagreb, Emma Bonino, président du PR, rencontrait à Belgrade différents représentants des oppositions et en particulier Dragoslav Micunic, député et président du Parti démocrate, Nebosha Popov, président de l'Alliance pour les initiatives démocratiques en Yougoslavie, Gabriela Tanic, journaliste du quotidien d'opposition à la guerre et à Milosevic, Republika, Stojan Sterovic (ex-inscrit au PR), président du Center for anti-war action et journaliste du "Vreme" (autre journal d'opposition à la guerre et à Milosevic), Vesna Pesic, sociologue, membre elle aussi du mouvement anti-guerre. Les entretiens ont eu lieu tandis qu'était en cours la tentative d'organiser une veille de paix avant le Noël orthodoxe (6 janvier). Habituellement appelés "traîtres"..., ils essayent avec mille difficultés d'organiser cette opposition à une guerre, qu'eux-mêmes considèrent d'agression. Dimanche 29, une de leurs manifestations qui regroupait quelques milliers de personnes à Belgrade ser
a "extraordinairement" retransmise à la TV pendant quelques secondes.
LES RADICAUX SONT RECUS PAR LE GOUVERNEMENT CROATE
Les radicaux sont reçus par le ministre croate des Affaires étrangères Separovic, par le vice-premier ministre Tomac. Dimanche matin le groupe au complet est reçu au Commandement Suprême des forces armées par le Chef d'Etat-Major, Général Tus, duquel ils reçoivent de nombreuses informations sur la situation militaire ainsi que le plein soutien actif à leur initiative.
OSIJEK
Dans l'après-midi du 30 décembre, les militants radicaux arrivent à Osijek, la ville croate assiégée depuis des mois et dans laquelle il y a eu jusqu'à présent 3500 blessés et 650 morts, la moitié desquels parmi les civils.
Après avoir rencontré les autorités civiles et militaires de la ville, auxquelles ils ont illustré le sens de l'action qu'ils ont l'intention de mener sur le front de guerre avec les armes de la non-violence, les radicaux tiennent une conférence de presse, certains avec un uniforme (Pannella, Dupuis), certains sans (Cicciomessere, Tessari, Strik-Lievers, Ottoni, Berté, Fiorelli). Expliquant pourquoi il portait l'uniforme, Marco Pannella déclarait:
"Matériellement et symboliquement, politiquement et civilement, je revêt l'uniforme de l'armée croate parce que du bon usage de cet uniforme passe aujourd'hui la lutte pour le droit à la vie et pour la vie du droit, de nous tous, de nous serbes, de nous albanais, de nous macédoniens, de nous italiens, allemands, ou français, de nous russes ou anglais, de nous européens, des habitants du monde.
Sans compter l'idéal et l'espoir de démocratie et de paix. Je suis reconnaissant et fraternellement fier de ce qui est à toute évidence un acte de confiance et une volonté de nous honorer et de m'honorer, pour ce que le Parti radical de la non-violence transnational et transparti représente et essaye de construire dans notre époque et dans notre société.
Si nous serons suffisamment forts, de ces heures et de ces initiatives un système de "brigades de la non-violence" commencera à se constituer, comme embryon de la force du droit international pour la tutelle des droits de l'individu et des peuples du monde.
En tant que représentant du peuple européen, du Parlement européen, nous sommes ici, avec mes amis élus démocratiquement ou militants du Parti radical, contre le fait que se propose à nouveau l'Europe de la honte qui rendit possible dans les années trente, avec son cynisme et ses gouvernants pseudo-démocrates, alors comme aujourd'hui, l'affirmation du fascisme, du nationalisme, du communisme, les guerres, les massacres.
Pour cet uniforme que je porte aujourd'hui j'ai le devoir de témoigner du fait que nous sommes croates, européens, même militaires.
Je le fais en souhaitant tout d'abord aux femmes et aux hommes serbes de toutes les républiques et où qu'ils habitent ainsi qu'à tous ceux qui leur sont chers, une année de démocratie, de paix, de tolérance, de bonheur, de bonne santé.
Nous répondons avec amour et avec espoir à l'agression de ceux qui les veulent agresseurs, opprimés, assassins; des tranchées dans lesquelles nous passerons la nuit et les jours qui viendront, nous luttons et lutterons, pour eux aussi, en tant que frères et soeurs, malgré le supplice que l'on nous inflige et dont ils sont quasiment les instruments obligés.
Nous dénonçons, enfin, la honte d'une Organisation des Nations unies qui instigue les serbes à tirer, déclarant qu'elle n'interviendra que quand la paix sera de fait réalisée en grande partie.
Les non-violents, les antimilitaristes, les fédéralistes démocrates, les européens, les internationalistes, les gens de bonne volonté du parti radical, transnational et transparti, écologiste, revendiquent l'honneur, la douleur, la joie d'être sur ce front pour une libre Croatie , une libre Serbie, un libre Kossovo, une libre Macédoine et une libre Bosnie-Herzégovine, une libre Europe. Là où il y a liberté et démocratie, il y aura paix et tolérance, justice et fraternité.
Merci de tout coeur aux nombreux citoyens croates qui en ce moment même sont en train de s'inscrire pour donner force au Parti radical. Nous en avons un besoin immense.
Qu'en 1992 leurs meilleurs espoirs vivent pour tous les hommes de cette terre, et de la terre, et l'amour s'ils auront su le semer et le cultiver".
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Dans l'après-midi, Marco Pannella, en tant que député européen, rencontrait les observateurs de la Communauté européenne, présents actuellement à Osijek.
NOUVEL-AN AU FRONT
Dans la nuit du Nouvel-An, les parlementaires Marco Pannella, Roberto Cicciomessere, Alessandro Tessari, Lorenzo Strik-Lievers, les membres du Conseil Fédéral du PR, Olivier Dupuis, Lucio Berté et Josip Pinezic, se plaçaient sans armes aux côtés des forces de défense croates en trois points du front. Certains d'entre eux étaient aussi présents auprès des positions de la brigade internationale, dont le commandant, Edoardo, est un inscrit PR. Renato Fiorelli, adjoint communal à Gorizia, infirmier, prêtait service auprès des structures militaires de santé de l'hôpital d'Osijek, un des objectifs jusqu'à présent les plus frappés par les artilleries serbes.
LES RENCONTRES ET L'ACTION DES RADICAUX EN SLAVONIE CONTINUENT
Entre le 1 et le 2 janvier, les radicaux Pannella et Dupuis se rendent à Nova Gradiska, une autre ville du front victime de violents bombardements de la part de l'armée putschiste de Belgrade. Ils sont reçus par les inscrits au Parti radical, les députés Ivan Babic et Vjekoslav Zugaj, inscrits au Parti radical, par Zdravko Sokic, le maire, et Miroslav Kupic, président du Comité de crise, qui annoncent leur désir de s'inscrire au PR.
Le lendemain matin, ils sont reçus par le Commandant de la Garde Nationale et par un autre député de la région de Nova Gradiska, le sculpteur Miroslav Zupancic, lui aussi inscrit au PR. Le quatrième et dernier député de la région de Nova Gradiska Alojz Dubiel, lui aussi inscrit au PR, n'étant pas présent car engagé sur le front. Avec Babic et Zugaj, ils visitent quelques unités de la ligne du front, en particulier un village serbe, où ils peuvent constater que plus de la moitié de la population est restée.
De retour à Osijek, avec Vladimir Kusik, inscrit radical d'Osijek depuis désormais trois ans, ils tiennent une conférence de presse dans laquelle ils annoncent quelques-unes des initiatives prises, parmi lesquelles un rassemblement de signatures sur un appel pour l'internationalisation d'Osijek (le premier signataire étant Kramaric, maire de la ville), l'organisation de présences "à tour de rôle" de parlementaires et de personnalités de différents pays à Osijek et dans les autres villes les plus touchées de la Croatie.
De 3 h du matin à 3 h de l'après-midi, ils assistent à un fort bombardement (le plus intense d'après de nombreux habitants d'Osijek) du centre ville, durant lequel un édifice à quelques dizaines de mètres de leur hôtel est touché par une bombe incendiaire de l'armée fédérale.
CONFERENCE DE PRESSE
A Zagreb, Pannella, Ottoni, Dupuis et Pinezic, tiennent une conférence de presse avec le vice-premier ministre et inscrit radical Tomac, devant de nombreux journalistes croates et internationaux, dans laquelle ils font le point de la situation. Voici le texte communiqué à la presse:
"Hier soir, à 18 heures - comme dans les trêves précédentes - on a continué la destruction systématique de la réalité économique, productive, culturelle, artistique de la Croatie. A assassiner avec des bombardements terroristes des femmes et des hommes sans défense. Cyrus Vance ment, en sachant de mentir.
Nous assistons, comme dans les années trente, à un faux affrontement entre imbéciles et corrompus d'une part, fous et criminels de l'autre. Afin que l'histoire ne se répète pas jusqu'au bout, afin que ce ne soient pas avant tout les peuples inermes ou trompés qui payent, il est nécessaire de se mobiliser tant qu'il est encore temps.
Les moralistes en poste ne suffisent pas. Kouchner est lui-même ministre d'une politique anti-démocratique et d'Europe des Années Trente.
Il ne s'agit pas d'éloigner les enfants, pour mieux permettre aux agresseurs de tuer les parents, se donnant ainsi une bonne conscience à bon marché. Il s'agit au cas où d'amener aussi ses propres enfants parmi ceux qui sont agressés, contre les oppresseurs. Et de se démettre de ses fonctions de ministre de Munich.
La même chose vaut pour ce genre de "pacifistes", toujours équidistants entre fascisme et antifascisme, qui ont été complices des agresseurs tout au long du siècle, et qui ont fini eux aussi par en être les victimes.
Nous comprenons la politique responsable, courageuse et prudente du Président Tudjman. Mais nous sommes en condition de dire clairement que les troupes de l'ONU seraient envoyées ici au service de la realpolitik du complexe militaire, financier-industriel, et non pas au service du droit et des droits. En complicité avec la politique raciste, de chantage, fasciste et paléo-bolchevique de Milosevic et de ses associés.
Il faut reconnaître immédiatement, sans conditions, les Républiques démocratiques qui se sont proclamées démocratiquement indépendantes de la politique et du pouvoir de Belgrade.
Il faut garantir tout de suite par des pactes d'assistance réciproque, même sur le plan bilatéral, les Républiques ainsi reconnues, de la guerre qui leur a été imposée par une armée putschiste et hors-la-loi.
Il faut refuser une reconnaissance quelconque de la République de Serbie, quelle que soit la façon dont elle s'appelle ou se caractérise, tant qu'elle n'adopte pas elle aussi les lois que Zagreb a approuvé en défense des minorités et des droits du citoyen.
Il faut reconnaître le plein droit à l'autodétermination du peuple du Kossovo, non pas en respect d'un principe démagogique abstrait et irresponsable, mais en considération de la situation historique et politique concrète qui s'est déterminée. La République du Kossovo devra elle aussi adopter les lois en défense des minorités.
Il faut soutenir la lutte de libération démocratique du peuple serbe, opprimé et contraint à la guerre par un régime personnifié par le démagogue raciste et nationaliste Milosevic et par une armée dont les chefs doivent être condamnés sur le plan pénal, international, politique.
Il faut internationaliser immédiatement le conflit sur le plan politique par une armée de jumelages de la part de villes européennes avec celles croates - en premier lieu celles placées en première ligne sur le front de l'agression - avec l'interdiction de l'espace aérien croate aux avions "serbes"; avec le financement international immédiat des lois que Zagreb a adopté pour les minorités et qui sont extrêmement coûteuses; avec la création progressive de "brigades de la non-violence et du droit" en service non-violent et non-armé, de la part de démocrates européens sur tous les fronts.
Il faut abattre démocratiquement le régime actuel de Belgrade, avec les armes du droit, de la tolérance, mais aussi de la rigueur et de l'intransigeance contre les violents, les agresseurs, les oppresseurs, les racistes, les antidémocrates.
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Pour conclure, (provisoirement, malheureusement) cette chronique de la honte européenne, nous ajoutons un commentaire de Darko Djuretek publié sur le quotidien de Zagreb "Vecernji List" après la dernière Conférence de presse.
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SANS POILS SUR LA LANGUE
La présence de Pannella sur le front d'Osijek ne peut pas être comparé aux nombreuses visites des tas de curieux européens et mondiaux, qui veulent se convaincre qu'en cette fin de siècle la guerre est présente en Europe aussi. Il n'est pas rare que ces mêmes curieux auxquels la Croatie s'ouvre généreusement, ces intellectuels mondiaux, revêtent la peau de l'humanisme, quand ils retournent dans leurs maisons chaudes de Paris ou ailleurs, racontent cette guerre avec stupeur. Mais rien n'en suit, étant donné que ces hommes politiques et intellectuels de salon s'en prennent à l'une et à l'autre partie en guerre. Pour ces représentants de la conscience européenne il n'y a pas de coupable pour les noces de sang provoquées par la Serbie en territoire croate. Tous sont coupables.
Grâce à cela l'opinion publique européenne est particulièrement confuse et de cela dépend la lenteur des aides et des soutiens à la Croatie.
Marco Pannella, qui était à Osijek pour soutenir la Croatie, mais aussi pour intervenir contre les crimes serbes et contre le silence honteux de quelques puissants de la terre, a revêtu l'uniforme croate et s'est rendu sans armes là où l'on tire et là où l'on meurt. Marco Pannella est un autre type d'homme. Il ne se plaint pas à vide des horreurs de la guerre, de façon à faire grandir aux yeux de ses collègues et des belles dames son prestige politique par son engagement humaniste.
Il y a longtemps que Pannella ne se tait pas. Une grande partie de son énergie et de son activité a été consacrée à une action concrète et une aide substantielle aux requêtes croates. Sa grande renommée politique, d'homme politique européen atypique (loin des ambiguïtés, des doubles jeux, quelqu'un qui dit ce qu'il pense et qui le fait) a été engagée jusqu'au dernier instant pour éveiller les consciences assoupies des européens et pour aider tout de suite et effectivement la Croatie.
Avant-hier, à Zagreb, Pannella a aussi dit: "...il faut aider le peuple serbe à se libérer démocratiquement du régime...". Sans poils sur la langue, Pannella a dit que la politique européenne porte les enseignes de l'autruche et de l'hypocrisie, dénonçant la corruption et la stupidité d'un grand nombre d'hommes politiques européens. Il n'a pas oublié non plus les généraux serbes qu'il a appelés criminels.
Certains diront que ce vocabulaire est typique du radical Pannella. Mais il n'est pas difficile de conclure qu'en beaucoup de choses il a vraiment raison.
Pannella n'est pas le seul grand ami sincère de la Croatie, mais il s'agit sans aucun doute de quelqu'un qui dit à haute voix ce que les autres pensent. Il est une conscience pure et saine du monde.
Il est hors de doute qu'il restera encore politiquement "vivace" et que son engagement en faveur de la paix, du droit et des justes causes, sera encore fort jusqu'à la libération décisive de la Croatie.
Pannella et ceux qui pensent comme lui ont compris que la Croatie n'a rien à cacher, qu'elle a la conscience propre et que pour cette raison elle mérite de l'aide.