Radicali.it - sito ufficiale di Radicali Italiani
Notizie Radicali, il giornale telematico di Radicali Italiani
cerca [dal 1999]


i testi dal 1955 al 1998

  RSS
gio 03 ott. 2024
[ cerca in archivio ] ARCHIVIO STORICO RADICALE
Archivio federalismo
Gherardi Sophie, Le Monde - 4 febbraio 1995
COMMENT DEVENIR LETTON EN LETTONIE

De Sophie Gherardi

SOMMAIRE: Dernière des trois républiques baltes, la Lettonie vient d'adhérer au Conseil de l'Europe en même temps qu'entrait en vigueur une loi sur la citoyenneté qui concerne près d'un tiers de la population, essentiellement d'origine russe. (Le Monde, samedi 4 février 1995)

La Lettonie a ouvert, depuis le 1· février, les registres de naturalisation pour les 700.000 "non-citoyens" - russophones pour la plupart - qui résident sur son territoire. Votée le 22 juillet 1994, la loi sur la citoyenneté est précisément entrée en application le lendemain de la décision de l'assemblée du Conseil de l'Europe faisant de la petite République balte son 34· membre (Le Monde du 2 février).

Sept cent mille personnes, cela représente un gros quart des habitants de la Lettonie. "Imaginez la France naturalisant 15 millions de personnes", hasarde l'historien letton Aivars Stranga. Mais, trois ans après l'indépendance proclamée le 21 aout 1991, il fallait bien proposer un statut aux russophones, à la fois pour normaliser les rapports avec la Russie et pour voir s'ouvrir les portes des institutions d'Europe occidentale qui ont fait de la politique envers les minorités un préalable à toute adhésion. Les Lettons ont pris leur temps pour mettre au point une loi sur la nationalité - "de consensus", assurent-ils -, bons derniers derrière la Lituanie et l'Estonie.

"Etre voisins de l'imprévisible Russie nous impose d'être prudents ... et tolérants", explique Valdis Birkavs, premier ministre au moment de la loi et aujourd'hui ministre des affaires étrangères, de passage à Paris pour un colloque sur les pays baltes organisé par l'IFRI (Institut français des relations internationales) et deux instituts de recherche suédois et danois.

L'histoire a déposé en Lettonie des populations bien différentes, qui n'ont pas toujours cohabité facilement. Il y a un million et demi de citoyens lettons, dont presque un tiers sont des Russes installés de longue date (la Lettonie a été rattachée à l'Empire russe en 1721, s'en est émancipée après la première guerre mondiale, pour être à nouveau annexée par Staline en 1940). 50.000 personnes ont la nationalité russe. Viennent ensuite ces "non-citoyens" qui avaient la nationalité soviétique et sont restés "suspendus en l'air" après la disparition de l'URSS. "Ces gens ont perdu toute identité, il faut absolument les impliquer, dit Vladis Birkavs. Ils ont tous de ces trajectoires typiquement soviétiques - nés en Russie, déportés au Kazakhstan, passés en Ukraine, installés en Lettonie, mariés à une femme ouzbèke -, ils ne savent plus où sont leurs racines".

La situation des russophones est inconfortable. Alors qu'ils avaient accueilli plutot favorablement l'indépendance, ils ont dû attendre longtemps une clarification de leur statut. Pour obtenir la nationalité, il faut justifier de dix ans de résidence et avoir des connaissances écrites et orales de la langue lettonne. Quel sera le degré de sévérité de ces examens ? Le ministre avoue ne pas le savoir. Il ne s'attend pas à une ruée des "non-citoyens" pour acquérir la nationalité - "le processus prendra dix ans" - mais pense que la plupart y viendront. "Ils voient que la Lettonie se développe, est calme, a des perspectives d'adhésion à l'Union européenne." Si l'on comprend bien, l'"aide au retour" prévue pour les personnes qui souhaiteraient se réinstaller en Russie ne risque pas de mettre en danger l'équilibre budgétaire.

 
Argomenti correlati:
Russia
Unione europea
nazionalità
stampa questo documento invia questa pagina per mail