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Frachon Alain, Le Monde - 14 febbraio 1995
M. BALLADUR VEUT UNE EUROPE FORTE MAIS RESPECTUEUSE DE L'ETAT-NATION A LA FRANCAISE.

par Alain Frachon

SOMMAIRE: La monnaie unique devra être mise en place si possible dès 1997; il faudra que l'élargissement de l'Union n'entraîne pas sa dilution; le renforcement de la défense européenne commencera par la création d'une force humanitaire; le domaine social ne sera pas oublié. (Le Monde, 14-02-1995).

Edouard Balladur se défie des mots en » isme et des constructions intellectuelles par trop abstraites. Président de la République, il définirait une approche » pragmatique de ce qui devra, selon lui, être au coeur de la politique étrangère de la France : le développement de l'Union européenne. Cela implique trois objectifs prioritaires, qu'il détaille dans son projet: l'instauration d'une monnaie européenne; l'élargissement de l'Union et l'adaptation de ses institutions; le renforcement de la défense européenne.

Le premier ministre l'a déjà dit et le répète: il est attaché à un passage aussi rapide que possible à la troisième phase de l'Union économique et monétaire, l'instauration de la monnaie unique. Il entend le faire, si possible, dès 1997 (le traité de Maastricht prévoit une deuxième échéance: 1999). L'élargissement de l'Union aux pays d'Europe centrale et orientale lui paraît incontournable, avec, pour seules limites, celles qui semblent tirées de la géographie et de l'histoire: » Il paraît raisonnable de ne pas étendre l'élargissement de l'Union européenne, précise le programme de M. Balladur, à la Russie ou à l'Ukraine ou autres pays de la CEI . L'Union n'en devrait pas moins finir par compter une trentaine de pays, soit le double de ses membres actuels.

Elle n'aura de vraie personnalité sur la scène internationale, estime M. Balladur, que si elle se dote d'une défense commune, devant prendre corps au sein de l'Union de l'Europe occidentale (UEO). Il entend que l'Europe développe une doctrine et des moyens d'intervention communs aussi bien pour des interventions humanitaires que pour des opérations de maintien de la paix.

Ce triple objectif doit être poursuivi avec prudence, en ayant, tout à la fois, le souci que l'approfondissement de l'Union ne se fasse pas aux dépens de l'Etat-nation à la française et que son élargissement n'aboutisse pas à sa dilution. Edouard Balladur réaffirme toute l'importance qu'il accorde au couple franco-allemand, mais se méfie des constructions fédéralistes en vogue à Bonn. Il prend aussi ses distances par rapport à la conception britannique d'une Europe élargie mais » diluée , selon son programme, » dans une vaste zone de libre-échange . Il assure, au contraire, vouloir donner un » contenu social à cette Union en formation (en proposant, notamment, des objectifs communs de santé publique et la définition d'un statut européen du salariat).

"MOTEUR" DE L'ELARGISSEMENT

Entre ces deux écueils, il faudra naviguer en faisant preuve d'imagination. Le premier ministre reprend sa thèse d'une architecture européenne bâtie autour de trois cercles: celui du droit commun (ce que doivent obligatoirement faire en commun les membres de l'union); celui de la coopération privilégiée (ouvert à ceux qui, dans tel ou tel domaine, veulent aller plus loin sur la voie de l'intégration); enfin celui de la coopération élargie (il accueillera, par le biais d'accords de coopération, les Etats qui ne peuvent adhérer à l'Union). Il s'agit pour la France d'être l'un des "moteurs" de l'élargissement et de l'approfondissement de l'Union, car ce n'est, affirme M. Balladur, qu'en tant que membre d'une Europe forte qu'elle sera un acteur important sur la scène internationale - aussi bien dans ses zones d'influence traditionnelle, comme l'Afrique, qu'en assurant la promotion d'un sommet euro-asiatique.

L'exposé de ces quelques principes généraux de politique étrangère a le mérite de la clarté. C'est dans les détails que le programme Balladur paraît plus vague, qu'il s'agisse des sacrifices à consentir pour arriver à la monnaie unique dès 1997, de l'articulation défense européenne/ Alliance atlantique, des relations à entretenir avec une Russie de plus en plus imprévisible ou de l'ébullition islamiste au Sud. La seule évocation de la nécessité d'une Europe plus forte ne tient pas toujours lieu de réponse.

Alain Frachon

 
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