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Antony Bernard - 14 settembre 1994
MEP*MPE - Antony (NI).

- Monsieur le Président, pour avoir moi-même vu, hélas, beaucoup d'horreurs dans ce monde terrible, je comprends l'émotion de Sir Henry Plumb et de ceux qui l'ont accompagné. Mais, hélas, la sincérité ne conduit pas forcément à ne proposer que des solutions heureuses.

La proposition de résolution sur le Rwanda présentée par M. Kouchner est révélatrice de ce que j'appellerais le nouveau colonialisme humanitariste, le NCH, où se mèlent d'une manière que je crois malsaine la politique et l'humanitaire.

Nous sommes d'accord pour l'aide humanitaire, nous ne sommes pas insensibles au drame terrible du peuple rwandais, mais je crois que la politique qui est préconisée rapidement dans ce rapport est incertaine. Dans sa laborieuse élaboration en commission, l'on s'est, ce matin, en fin de compte, aperçu que l'on avait quelque peu oublié les Africains dans nos propositions de solutions. Alors on leur a fait, avec une condescendance tout à fait étonnante, je dois dire, une certaine place.

Bien plus, dans le texte qui vous est proposé, se bornant à évoquer un déchaînement de sectarisme, on ne trouve même pas le moyen de citer les Hutus et les Tutsis. Alors qu'à l'origine de la tragédie, il y a, vous le savez bien, et ça n'a jamais été dit aujourd'hui, l'impardonnable faute qui a consisté pour l'église catholique, notamment post-conciliaire, et pour la France, à soutenir les Hutus dans un revirement brutal, inspiré par le souci imprudent d'instaurer immédiatement la loi du nombre au dépens d'un fragile équilibre communautaire.

Quoiqu'il en soit, la situation est ce qu'elle est, répondra M. Kouchner, et nous ne pouvons qu'essayer de remédier au moins mal à la tragédie. Certes, mais comment ne pas voir que sous les préoccupations humanitaires pointent celles de l'idéologie de substitution aux précédentes utopies marxistes, à savoir celles du nouvel ordre mondial?

Et l'on en vient ainsi à l'irréalisme total de l'article 13 dont, d'ailleurs, les rédacteurs étaient bien conscients ce matin, mais, n'est-ce pas, peu importe que périsse l'univers pourvu que soient érigés les principes. On nous propose donc d'extrader les Rwandais, soupçonnés de crimes de guerre, pour les traduire devant un tribunal international, constitué à cet effet par l'ONU. M. le rapporteur nous a précisé qu'il pourrait d'ailleurs être le même que celui constitué pour la Bosnie. Mais les Rwandais que l'on peut soupçonner de crimes sont hélas nombreux. Ils sont très nombreux parmi les hommes survivants. Qui les désignera? Qui les extradera? Et où les détiendra-t-on?

On nous parle de crimes de guerre, mais n'y aurait-il pas eu au Rwanda, dans ce fantastique déferlement de haine, des crimes contre l'humanité? Comment se fait-il qu'on ne constate pas dans ce génocide des crimes contre l'humanité? Si l'on admet un tribunal pour le Rwanda, alors pourquoi m'a-t-on refusé ici, dix ans durant, l'idée d'un tribunal pour juger aussi les responsables d'autres génocides et d'autres horreurs? Je pense au Cambodge de Polpot, à son numéro 2, venu se faire opérer en France. Je pense à la Chine et aux responsables des trente millions de morts de la révolution culturelle, souvenez-vous, Monsieur Kouchner. Je pense au populicide thibétain. Je pense à M. Boudarel, l'assassin tranquillement protégé par M. Jospin, l'assassin en retraite dans l'université française, dans les camps duquel on mourait plus vite encore que dans les camps d'extermination du nazisme, selon le colonel Weinberger qui fut rescapé miraculeusement et d'Auschwitz et du camp Boudarel. Et quid de l'ancien organisateu

r de Shabra et Shatila, avec la complicité israélienne, devenu ensuite efficace agent syrien et aujourd'hui ministre respecté du gouvernement libanais? Enfin, quand on sait aujourd'hui, on ne le nie plus, que les Soviétiques ont expérimenté des bombes atomiques sur le peuple russe, et que les responsables de cette monstruosité, comme ceux de la nuit infinie des goulags, sont encore vivants, n'est-il pas temps que l'on juge aussi des crimes contre l'humanité plus cyniquement perpétrés que par la sauvagerie des assassins du Rwanda?

Pourquoi, je le demande, pourquoi de tels crimes doivent-ils être oubliés, leur histoire évacuée, la mémoire des victimes effacée? Ne serait-ce point parce que beaucoup qui, aujourd'hui, donnent impudemment des leçons de vertu humanitaire, ont été hier les compagnons cyniques de route, les propagandistes sans scrupules, les complices conscients du KGB et de la Stasi, les admirateurs de Mao, de Polpot, de Mengistu et de Ceaucescu? Hier encore, dans le journal Le Monde, à la Une, on pouvait lire un article de M. Escarpit, la vieille crapule stalinienne, stipendiée du régime d'Enver Hodja, le dictateur fou d'Albanie, Escarpit qui, sans cesse, nous a raconté, des années durant, que l'Albanie était un paradis.

Alors, s'il faut un tribunal pour le Rwanda, il va falloir sans cesse juger, juger, juger encore tous les criminels contre l'humanité du communisme, horizon indépassable de l'esclavagisme moderne.

 
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