- Madame, l'expérience historique montre que le taux de croissance des sociétés industrielles européennes sur une longue période n'a été que de 2 %. Souvent, on se réfère à la période des années dorées, juste après la guerre, où, par un effet de rattrapage, les économies européennes ont pu croître de l'ordre de 4 à 6 %, selon les années. 2 % par an, cela veut dire qu'on multiplie la production par 7 en 100 ans. C'est donc important. On annonce des taux de croissance de 2,5 % pour cette année et peut-être un peu plus de 3 % pour l'an prochain. Au niveau de 3 %, il est possible de créer 1 % d'emplois en plus. Mais cela ne suffira pas. D'ailleurs, je ne suis pas certain que, mesurée comme elle l'est actuellement, la croissance puisse être de 3 % sur dix ans. Tout à l'heure, j'ai fait une remarque de prudence sur la longueur du cycle. Donc, j'en tire la conclusion qu'il faut, en dehors de cela, avoir une politique pour l'emploi. La croissance seule ne suffit pas. Ni d'ailleurs le fonctionnement du mar
ché. Il faut une politique pour l'emploi à partir des axes que j'ai indiqués.
En ce qui concerne certains pays, dont le niveau de développement est inférieur à la moyenne communautaire, il faut souligner l'importance des politiques structurelles, notamment des fonds structurels et des fonds de cohésion. Je pense qu'avec l'aide de ces politiques, les pays pourront mieux bénéficier du rattrapage et donc faire baisser la courbe du chômage. Mais rien de durable ne pourra être fait si les conditions que j'ai indiquées tout à l'heure ne sont pas remplies. Il s'agit de mobiliser nos populations, de susciter les prises de conscience des opinions publiques, et notamment d'instaurer la solidarité entre ceux qui ont un emploi et ceux qui n'en ont pas. Ce qui ne fut pas le cas, il faut le dire, ces dix dernières années.