- Je le répète, le progrès technique va amener une réduction du temps de travail. On peut la chiffrer d'une autre manière. Actuellement, un travailleur qui a la chance d'avoir un métier, un travail, tout au long de sa vie, y consacre 70 000 heures. Dans vingt ans, il n'y consacrera plus que 40 000 heures. Nous avons deux scénarios contrastés devant nous. Ou bien il n'y consacrera plus que 40 000 heures et le nombre des chômeurs ne variera pas parce qu'on n'aura pris aucune mesure. Ou bien, au contraire, nous arriverons à faire en sorte que cette diminution de la quantité de travail permette une répartition ouverte à ceux qui, actuellement, n'ont pas d'emploi. Voilà la question essentielle.

La plupart de mes interlocuteurs me répondent: nous n'avons pas à nous occuper de cela, c'est l'évolution spontanée de l'économie qui le fera. Je regrette de le dire, et là je reprends aussi ce qu'a dit M. Rocard, mais il faut créer un cadre intelligible de réflexion, sans violer en quoi que ce soit la liberté des agents économiques, pour faire en sorte que cette réduction du temps de travail permette de créer de nouveaux emplois. C'est possible, non pas à l'image d'un caporal dans l'armée, qui donne des instructions, mais en créant la prise de conscience nécessaire et en montrant que demain, si l'on ne consacre plus que 40 000 heures au travail, il faudra maîtriser son temps, trouver des occupations, retourner en formation, s'occuper de la vie associative, etc. Bref, c'est un autre mode de vie qu'il s'agit de mettre en place, non pas par le haut, mais en sensibilisant les citoyens à ce changement radical qui va se produire non seulement sur le plan économique mais dans la vie de chacun. Or, nos concitoye

ns n'y sont pas préparés.

(Applaudissements)