Monsieur le Président, mes chers collègues, l'intérêt de ce débat est évident. Voilà qu'une déclaration politique faite par un homme responsable, un parti, suscite des réactions chez nos concitoyens dans toute l'Europe. Il est possible qu'auparavant, de telles déclarations n'auraient fait réagir que les spécialistes. Cette évolution montre peut-être que nous sommes en train de passer de l'Europe des spécialistes à l'Europe des citoyens. C'est là, à mon sens, que réside l'intérêt du débat, puisque, d'ailleurs, ce thème est inscrit à l'ordre du jour de la séance.

Il est certain aussi que ce débat est fondamental, qu'il concernera la vie d'au moins 400 millions d'habitants dans les années à venir, et que le Parlement a avant tout pour rôle de proposer conjointement avec les États des solutions au renforcement de l'Union européenne, et, en tous cas, de contrôler ce renforcement. Le groupe ARE est persuadé que notre action doit avoir pour objectif prioritaire le renforcement des institutions européennes, mais il est tout autant persuadé que ce renforcement ne peut se faire qu'en présence d'un Parlement puissant. Il ne peut y avoir d'avancée européenne sans une démocratie européenne forte. Cela suppose que nos institutions politiques soient plus transparentes qu'actuellement. Pourquoi ne pas baptiser la Commission du nom de gouvernement, comme dans toute démocratie? Pourquoi ne pas doter notre Parlement des pouvoirs propres à un parlement démocratique? Voilà ce que nous pensons, voilà, à notre avis, les conditions qui doivent être réunies pour que l'intégration européenn

e aboutisse, auquel cas il sera possible de coopérer avec le monde extérieur. On ne peut, en l'état actuel des choses, mener une véritable politique extérieure vis-à-vis du Sud, vis-à-vis de l'Est, sans un tel renforcement de nos institutions européennes.

S'agissant du fond de la déclaration qui a donné lieu à ce débat, disons que toute création s'accompagne bien évidemment de déviations, de maladies infantiles. C'est comme cela que nous interprétons le dérapage survenu au sujet du texte de M. Schäuble, rapport qui, en soi, est d'ailleurs assez intéressant, puisqu'il vise une intégration européenne. Voilà ce que pense le groupe ARE. En tous les cas, l'essentiel est que ce débat ait eu lieu et l'Europe se renforce.