Monsieur le Président, j'ai envie de dire une chose au groupe CDU/CSU: bravo! Vraiment, bravo pour cette provocation! L'Europe n'est plus ce qu'elle était. Il faut se secouer et il faut y réfléchir. Elle a aussi révélé quelque chose de toujours intéressant quand on est socialiste et qu'on voit les autres: les contradictions du gouvernement allemand. A ce propos, la non-intervention du président du Conseil et le non-dit du président du Conseil sont tout à fait révélateurs. Cette provocation a encore révélé le grand écart auquel doit se livrer le PPE entre, d'une part, les fédéralistes, qui avaient critiqué ceux qui avaient voté pour l'élargissement avant l'approfondissement - d'ailleurs, le front des fédéralistes est en train de s'effriter - et, d'autre part, le groupe conservateur et John Major, qui défendent l'Europe en fonction de ce qui les arrange, prenant ce qui arrange, rejettant ce qui n'arrange pas. On voit d'ailleurs aussi s'agrandir le groupe de ceux qui disent, à propos de l'Europe à plusieurs
vitesses: "moi j'y ai toujours pensé, depuis longtemps, et c'est quelque chose de formidable".
Mais je dirai que le plaisir de voir ces contradictions et ces grands écarts est de courte durée, parce que nous avons d'autres défis. Ce dont on a peu parlé ici, c'est du mépris dans leqeul M. Major tient ce Parlement. Je crois que ça, il faut le souligner et qu'il faut relever le défi. Nous ne représentons pas à ses yeux la légitimité démocratique européenne. C'est vrai que les parlements nationaux sont importants, qu'ils ont aussi leur légitimité dans cette Europe. Mais nous voulons une Europe démocratique et nous voulons que le Parlement Européen ait plus de pouvoir, même si John Major pense qu'il utilise mal. Personnellement, je ne suis pas contre l'Europe à deux vitesses. Je pense qu'il est important, en tant que Parlement, d'avoir une position commune à cet égard et que les conditions que nous avons posées dans cette résolution sont essentielles.
J'en relèverai quatre dont la première, finalement, n'apparaît pas très clairement dans notre résolution. Je crois très franchement qu'il faut changer le mode de décision pour le modification des traités. Il faut remplacer l'unanimité par la majorité qualifiée et, à mon avis, la règle de l'unanimité par la modification des traités favorise l'Europe à la carte, voire la mauvaise Europe, l'Europe à plusieurs vitesses.
Deuxièmement, il faut un cadre clair, j'ose même dire un cadre constitutionnel clair, un cadre qui fixe des objectifs et qui engendre plus de démocratie.
Troisièmement, il faut vraiment accroître la solidarité au niveau européen.Je trouve d'ailleurs que c'est une des faiblesses du document allemand de ne pas offrir assez de garanties au sujet de la solidarité indispensable entre les différents pays. Finalement, c'est cela que nous voulons: que tout le monde atteigne plus ou moins le même niveau, certes en préservant nos différences culturelles, en préservant nos différences, même économiques, mais en essayant que tous atteignent un bon niveau de vie et de sécurité sociale.
Quatrièmement, nous devons confirmer notre engagement en faveur d'une union politique. Nous savons que le défi européen est important. Cette union politique est la clé pour la paix, pour la sécurité et c'est un objectif que nous partageons tous.