Monsieur le Président, voilà lancé le débat institutionnel sur l'Europe. On se croirait retourné quelques années en arrière. Nous avons eu droit, ce matin, à toute la logorrhée: l'Europe des nations, l'Europe fédérale, l'Europe décentralisée, flexibilisée, etc.. Permettez-moi, pour le débat de ce matin, de prendre le problème par le petit bout de la lorgnette.
Mon pays, le Luxembourg, est à l'extrême opposé de l'Allemagne. C'est le plus petit pays de l'Union européenne. L'Allemagne est le plus grand. Le Luxembourg est un pays très proche de l'Allemagne, parfois trop proche au cours de son Histoire. Tout ce qui se fait et se dit en Allemagne nous intéresse de très près. Mon pays a donc un intérêt vital à ce que l'Allemagne soit intégrée dans une Europe bien structurée et vouée aux objectifs de paix et de démocratie. En ce sens, nous sommes d'accord avec quelques-uns des objectifs qui sont exposés dans le document de la CDU-CSU et les Luxembourgeois que nous sommes, sont prêts à pousser à la roue pour faire cette Europe. Mais notre petit pays a aussi une identité propre, il a sa souveraineté et ses habitants y sont d'autant plus attachés que cette souveraineté s'est construite historiquement en grande partie contre l'Allemagne.
Ces quelques indications permettent de montrer l'étendue du problème auquel nous serons confrontés en 1996. Certes, il faut mieux structurer l'Europe, mais aussi permettre aux identités de chaque pays de s'épanouir.
Pourquoi les socialistes ne sont-ils pas d'accord avec la vision fondamentale de la CDU-CSU? Parce qu'ils sont convaincus que le premier atout de la nouvelle Europe sera de développer la solidarité, la cohésion de tous nos pays, au lieu de les diviser en plusieurs catégories. C'est là un idéal social et économique, avant d'être politique et institutionnel. C'est un idéal politique, qui permettra d'éviter la domination des uns sur les autres et qui sera le partenariat des pays de toutes tailles de la Communauté européenne.