Monsieur le Président, je soutiendrai la résolution commune sur les résultats de la Conférence mondiale du Caire. Je le ferai car il est essentiel que notre Parlement fasse entendre sa voix, non seulement au sein de cette enceinte, mais également sur la scène internationale.

Il faut en effet, hélas, déplorer la marginalisation de la présence européenne, tant dans la phase préparatoire qu'au sein du débat de la Conférence sur la population et le développement, même si le Conseil affirme le contraire.

Reconnaissons cependant que la Conférence du Caire a innové en choisissant de poser le problème de la croissance démographique de la planète par le biais de la situation des femmes. En effet, ce sont elles qui, négligées, quand elles ne sont pas maltraitées, portent le plus lourd fardeau de la surpopulation. L'idée selon laquelle on se souciait enfin de la santé des femmes était neuve et prometteuse, mais elle s'est heurtée à de fortes résistances, au nom de la religion et des traditions.

C'est pourquoi j'ai déposé, avec deux autres collègues de mon groupe, deux amendements. Le premier a trait à l'avortement, qui ne doit pas être reconnu comme un moyen de planning familial. L'interruption volontaire de grossesse doit être reconnue comme un problème de santé publique. L'éducation familiale doit être améliorée afin d'éviter les grossesses non désirées.

Dans le cadre de mon second amendement, je déplore que la question de l'avortement, telle que la posent le Vatican et les ultras de l'Islam, ait réussi à détourner le débat, en négligeant les questions du développement et de la surpopulation, n'en déplaise à M. Casini.

J'ai bien peur que le chemin soit encore long pour faire admettre que la volonté de réduire la croissance démographique n'est pas en porte-à-faux avec l'émancipation des femmes. J'ose espérer cependant que la Conférence internationale des Nations unies sur les femmes, prévue à Pékin en octobre 1995, aboutisse à l'indépendance économique des femmes.