Monsieur le Président, le groupe RDE se réjouit qu'un tel débat ait lieu devant notre Assemblée.
La Conférence du Caire, en dénonçant les discriminations et les violences perpétrées à l'encontre de femmes, a démontré que nous devons aborder avec tolérance, mais sans jamais renier nos valeurs de dignité humaine et de respect de l'autre, les problèmes de société engendrés par les questions de population et qui s'appellent: avortement, exclusion, pauvreté, immigration.
cette occasion, je voudrais exprimer trois regrets, formuler un souhait et présenter trois propositions.
Au titre des regrets, je pense qu'il est dommage que la Conférence du Caire se soit essentiellement penchée sur l'important problème de l'avortement, se substituant ainsi à celle qui sera exclusivement consacrée aux femmes en 1995 à Pékin. Je déplore aussi que la question de l'éducation, qui doit primer sur celle de la formation professionnelle, n'ait pas été mise en exergue plus clairement dans notre proposition de résolution commune. En outre, il eût été souhaitable d'insister sur les problèmes de santé publique, en soulignant notamment le rôle de la promotion, de l'information, de l'éducation en matière de santé dans le développement.
Je voudrais ensuite exprimer le souhait qu'à l'occasion de ce débat notre Assemblée puisse prendre conscience des déséquilibres internationaux préoccupants dus à l'effondrement démographique de l'Europe. L'Union européenne est en effet la zone de plus basse fécondité du monde, avec en moyenne un taux de fécondité de 1,5 enfant par femme. Les conséquences de cet affaiblissement sont de trois ordres: des conséquences politiques, qui vont engendrer de graves problèmes d'immigration; des conséquences économiques ensuite, car la dénatalité européenne entraîne un vieillissement de la population qui a des effets négatifs sur notre esprit d'entreprise, sur notre capacité d'investissement et donc sur le marché de l'emploi au moment où nous devrons aider les pays en voie de développement; des conséquences sociales, enfin, puisque ces mutations démographiques vont bouleverser les modes d'organisation de nos sociétés.
Alors que nos sociétés européennes devront se réorganiser pour prendre en compte le vieillissement de la population en réformant nos régimes de protection sociale, les sociétés des pays qui sont en phase de transition démographique seront, demain, confrontées au problème inverse de la prise en charge de l'avenir de leur jeunesse.
Ces déséquilibres et ces crises de société dus au problème démographique ne manqueront pas de provoquer turbulences et tensions sur le plan international. C'est pourquoi je souhaiterais faire à notre Assemblée trois propositions.
D'abord, appeler de mes voeux une présence plus importante et plus active de notre Institution, voix des peuples européens, au sein des conférences internationales, notamment lors des prochaines conférences de Copenhague et de Pékin.
Je voudrais ensuite suggérer l'intégration dans toutes nos décisions du fait familial, du réflexe familial. Il importe, en effet, qu'à l'instar de la protection de l'environnement, autre défi majeur du XXIe siècle, les conséquences d'ordre familial de toutes les politiques de la Communauté soient évaluées et prises en compte dès le stade de l'élaboration de nos propositions, afin de créer un environnement juridique, matériel, affectif, favorable à l'épanouissement des familles.
Enfin, je voudrais proposer à notre Institution, qu'outre les règlements et les directives sur lesquels nous sommes appelés à nous prononcer, nous puissions continuer à traiter comme aujourd'hui les grands problèmes de société à l'aube du XXIe siècle.