Monsieur le Président, je consacrerai cette brève intervention à un seul sujet, qui est un véritable tabou et l'objet d'une véritable censure dans un certain nombre de pays: c'est la planification familiale naturelle. Il est certain qu'au Caire ce thème n'a pas eu la place qu'il aurait méritée. Or, je serais curieuse de savoir qui, dans cette Assemblée, est véritablement au courant - puisque nous sommes dans une époque scientifique - des avancées considérables sur le plan scientifique que ces méthodes de régulation naturelle ont connues depuis vingt ans.
Est-il normal, quand nous parlons de l'autodétermination des femmes, valeur sur laquelle nous avons, les uns et les autres, insisté, quand nous parlons de paternité, de maternité responsable, est-il normal que continue d'exister cette censure sur une possibilité très réelle qui s'offre aux femmes, non seulement sur le plan théorique, mais sur celui des méthodes qui sont expérimentées depuis un certain nombre d'années, tant dans nos pays dévéloppés que - surtout - dans les pays en voie de développement, avec un grand succès et pour le bénéfice de la santé des femmes. Je me réfère à l'Organisation mondiale de la santé qui est une autorité en la matière et qui a reconnu ces dernières années, notamment au mois de septembre de l'année dernière, lors d'un congrès à Manchester, l'article du Medical Journal du 22 septembre en fait foi, la fiabilité, l'efficacité de la planification familiale naturelle.
Or, malheureusement, dans l'esprit de beaucoup de femmes, de beaucoup de couples, par ignorance, dans l'esprit de beaucoup de médecins, là aussi par ignorance, et dans l'esprit de beaucoup de responsables publics, ces méthodes naturelles en sont restées à un stade qui n'existe absolument plus et auquel les partisans de cette planification familiale naturelle ne font plus référence. Alors, de grâce: puisque nous sommes dans une époque scientifique, tenons compte de l'information dans ce domaine.
D'autre part, nous sommes tous sensibles au thème de l'écologie, et c'est un progrès. Mais faudra-t-il que nous respections la nature dans son ensemble et, en dernier, que nous accordions l'importance, pourtant primordiale, à l'écologie humaine. Si l'écologie est le souci, le respect de la préservation du milieu vital naturel, pour chacun d'entre nous, pour chaque membre de l'espèce humaine, le premier milieu naturel à respecter ne serait-il pas le corps féminin, le corps maternel?
Alors, dans la prolongation des travaux du Parlement précédent, qui, dans sa résolution du 11 mars, dans le point H, qui est excellent et à la lecture duquel je vous renvoie, car je n'ai malheureusement pas le temps de vous relire en entier, il était dit précisément que désormais, dans la notion de planning familial, il fallait faire toute sa place à la planification familiale naturelle. Et je pense que nous pouvons compter sur un engagement, lors du budget - pourquoi pas de cette année, et en tous cas, bien sûr, de l'année prochaine - pour que des crédits suffisants soient accordés à l'information des femmes, pour qu'elles aient vraiment l'accès à une décision libre en matière de procréation et de responsabilité familiale.
Il est facile de déclarer des grands principes humanistes. Nous sommes tous capables de le faire. Il faut aussi qu'il y ait des engagements, y compris des engagements financiers, permettant l'exercice réel de cette liberté des femmes, face au choix d'une méthode de planification familiale.