La précipitation avec laquelle le Parlement européen entend se prononcer, à l'initiative des députés espagnols et avec l'encouragement de la Commission, sur la question extrêmement sensible du filet maillant dérivant, qui conditionne la vie de nombreuses communautés de pêcheurs européens, paraît tout à fait suspecte et irresponsable. La mise en avant de considérations écologiques infondées cache mal une volonté de monopole et d'exclusion.

L'adoption du rapport Fraga-Estevez mettrait en évidence une convergence entre le Parlement européen et la Commission au détriment des intérêts vitaux de l'ensemble des pêcheurs européens. Et cela, alors même que le Conseil des ministres de la pêche vient de reconnaître, hier, à une écrasante majorité, la nécessité de disposer d'études scientifiques complètes avant de se prononcer. Si le Parlement estimait qu'il n'a pas besoin, lui, d'études scientifiques pour se prononcer sur une question aussi délicate et dont les enjeux humains sont aussi considérables, il ne grandira pas sa crédibilité.

Les députés français du groupe Europe des nations ont déposé un amendement proposant de retenir une longueur de filets de 5 km. Cette disposition raisonnable permettra à nos communautés de pêcheurs de continuer à vivre dignement, c'est-à-dire du produit de leur pêche tout en assurant une gestion écologique de la ressource. Les pêcheurs ne demandent rien d'autre que de vivre de leur métier. Permettons-leur de le maintenir vivant.