Monsieur le Président, mes chers collègues, l'esprit de cette réforme, c'est essentiellement que la résidence, à elle seule, crée le droit de vote. Or, il y a déjà 2 400 ans, Aristote, dans le chapitre 9 du Livre III de la politique, expliquait que ce qui fait la cité, ce n'est en aucun cas le territoire en commun. Ce n'est pas non plus le fait de faire des affaires ensemble ni non plus d'assurer la sécurité ensemble car une alliance militaire n'est pas une nation.

Le fondement de la nation ne réside pas dans le droit ou l'intérêt mutuel, mais dans philia, disait Aristote, c'est-à-dire la concorde dans le partage de valeurs communes. La cité est donc bien plus qu'une institution purement juridique. Le droit ne peut pas créer cette concorde politique, qui est le fondement de la cité et qui ne peut être établie artificiellement car elle relève du sentiment et de l'habitude plutôt que du calcul rationnel. Vouloir, par le droit, renverser l'ordre politique, est une grave erreur et cette tentative est d'ores et déjà condamnée à l'échec.