Chers collègues, cette proposition de résolution n'est certes pas la première que notre Parlement examine, mais elle est fondamentale dans le cadre de la préparation du Sommet des chefs d'État et de gouvernement, qui aura lieu à Essen, en décembre 1994.
Les dirigeants de nos États membres doivent connaître notre position, ou plus exactement nos propositions. En effet, face au "mal vivre" de notre société, il nous faut des mesures concrètes. Nos douze pays ont développé des projets pilotes de lutte contre le racisme et la xénophobie. Je pense, notamment, à la Belgique, la France, l'Allemagne, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne où a vu le jour un projet d'école sans racisme en vertu duquel cette dernière doit proposer à ses élèves des cours d'initiation aux cultures étrangères et consacrer au moins une journée par an à la lutte contre le racisme.
J'ai également pris acte avec satisfaction des actions mises en place par l'Espagne. La Commission doit s'en inspirer, afin que l'Union européenne mette en oeuvre une politique commune et globale de non-discrimination, fondée sur le principe de l'égalité des droits. Nous demandons qu'un commissaire soit chargé de la mise en oeuvre de cette politique. Il ne suffit plus de condamner, il faut inciter les États membres à agir.
Comme l'a dit Jacques Delors, il faut nous donner les moyens de nos ambitions en pénalisant les auteurs d'actes racistes et xénophobes. La Commission doit, par une directive, pousser les États membres à prendre des mesures juridiques appropriées. Nous devrons éduquer les jeunes, les acteurs sociaux dans leur ensemble, la police - le sujet a été évoqué - et tous les citoyens, dans un esprit de tolérance, de respect de l'autre et d'égalité.
Nous sommes différents mais égaux. C'est le message que nous devrons transmettre. Tant que nous n'agirons pas de la sorte, les actes de provocation au racisme et à la xénophobie continueront. Témoin, "The bell curve", "la courbe en cloche", livre paru récemment aux États-Unis, qui, par un raccourci surprenant, affirme que l'intelligence se réduisant au QI et les sous-classes étant en majorité composées de Noirs, ces derniers sont, dès lors, bêtes, et ne méritent donc pas d'accéder aux collèges et universités. Attribuer des crédits à de tels programmes serait jeter de l'argent par les fenêtres.
Je souhaite, Monsieur le Président, mes chers collègues, que l'Union européenne donne une autre image de l'idéal européen et sa citoyenneté. Il nous affirmer nos convictions et rejeter l'extrême-droite en dénonçant sa banalisation.