Monsieur le Président, je m'associe tout à fait à la déclaration de M. Bertinotti et à la question de Mme Castellina, et je tiens à souligner que ce problème de concentration n'est pas spécifique à l'Italie. Nous, Français, avons le groupe de M. Hersant que l'on préférerait omniprésent dans cette enceinte plutôt que dans les conseils d'administration de très nombreux médias, mais sans doute y trouve-t-il un plus grand pouvoir. Et que dire de l'évolution, à l'Est, qui permet une quasi mainmise des capitaux occidentaux sur les médias?
Pour toutes ces raisons, le Parlement devrait exiger de la Commission qu'elle s'engage très rapidement à présenter une directive visant à lutter contre la concentration des médias et, partant, à sauvegarder et renforcer le pluralisme.
Nous n'acceptons pas la nouvelle consultation des milieux intéressés envisagée par la Commission, qui fait ainsi passer les intérêts privés avant l'intérêt général que, nous, parlementaires, nous représentons. Nous ne doutons pas, en effet, que les grands groupes privés seront capables de multiplier les programmes dans le cadre de la société de l'information, mais il s'agira de programmes uniformes, superficiels, aboutissant selon les termes de l'écrivain Bernard Noël à la "castration mentale". Il faut donc une réglementation solide, à défaut de laquelle le développement du marché intérieur portera atteinte au pluralisme et, à terme, à la démocratie.
Nous ne pouvons pas davantage accepter le refus qu'opposent certains professionnels à l'élaboration d'un code de conduite des médias et à la création d'un comité européen indépendant. Nous sommes encore plus indignés par l'attitude de la Commission qui entérine ce refus au nom de la subsidiarité, alors qu'au mépris de ce même principe, elle n'hésite pas à remettre en cause les services publics. Les groupes privés de communication auraient-ils une influence telle sur la Commission qu'elle se livre, pour les satisfaire, à des manoeuvres dilatoires face à l'exigence d'une réglementation?
Les autoroutes de l'information servent aujourd'hui de prétexte à une libéralisation sauvage, comme l'illustre le rapport Bangemann, et la référence à la nécessité d'une réglementation n'empêche pas une adhésion aveugle aux lois du marché. Nous avons besoin, au contraire, de règles précises limitant le nombre de parts pour une personne et de supports distincts, et nous devons tenir compte des relations de parenté et de dépendance vis-à-vis d'un fournisseur de programmes sans négliger le critère de l'audience.
C'est ainsi que nous réduirons le risque d'une mise en cause du pluralisme et renforcerons la liberté de choix et la démocratie.