Monsieur le commissaire, mes chers collègues, en tant que rapporteur chargé du dossier de la restructuration sidérurgique européenne, je tiens ce soir à protester, avec vigueur, contre la manière dont la Commission a traité le Parlement et son rapporteur dans cette affaire.
Aucune consultation, aucune information, aucune considération! Les élus européens viennent, une nouvelle fois, d'apprendre par la presse, ce qu'ils auraient dû apprendre directement des commissaires. J'ajoute que l'absence de MM. Bangemann et van Miert prouve une nouvelle fois qu'ils rencontrent plus facilement la presse que les représentants élus des peuples européens.
(Applaudissements)
Pour ce qui est du fond, je tiens à rappeler que je n'ai jamais été un partisan de mesures brutales, de coupes sévères et de licenciements massifs. Élu du nord de la France, je sais trop bien que, derrière l'expression "suppression d'effectifs", il y a des travailleurs, il y a des hommes cassés et désespérés. Je sais trop bien que, derrière le mot "chômage", il y a des chômeurs, des hommes et des femmes. Mais pour autant, je n'accepte ni la forme, ni le fond des décisions annoncées.
En ce qui me concerne, je poserai trois questions à la Commission. La Commission a-t-elle, oui ou non, et de manière définitive, décidé d'arrêter un plan qu'elle confirmait pourtant encore le 28 septembre 1994, il y a moins d'un mois? Que signifie, en clair, l'arrêt des mesures de stabilisation des marchés dès le mois prochain, le 31 décembre 1994? Comment peut-on décider, dans le plan, je cite: "de mesures externes visant à faire face aux importations déloyales provenant de certains pays tiers". Et ensuite, parce que ce plan est abrogé, décider d'ouvrir de fait nos frontières à ces mêmes importations? Ces importations qualifiées de déloyales auraient-elles disparu comme par enchantement?
Chers collègues, je le dis avec force, ce n'est pas ainsi que l'Europe se dotera d'une stratégie industrielle, non seulement pour défendre ce qu'elle a, mais aussi pour se développer face à la concurrence. Ce n'est pas ainsi qu'on créera des emplois durables. Sur un dossier aussi stratégique, Monsieur le Commissaire, les décisions brutales annoncées sont, soit une capitulation honteuse devant certains États et certains industriels, soit une dérisoire manoeuvre d'intimidation, soit le résultat d'un changement inattendu et inexplicable de cap sur le fond du dossier lui-même. Dans tous les cas, Monsieur le Commissaire, ce n'est pas acceptable et en tant que député européen, je proteste.
(Applaudissements)